Emilio Imbriglio, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton
Le président de RCGT au Québec avait des critères bien précis quand il a choisi son coach : il fallait trouver un gestionnaire de haut calibre dans le secteur des services professionnels, avec qui les échanges seraient bénéfiques, une personne qui connaissait très bien toutes les régions du Québec et qui aurait des aptitudes politiques exceptionnelles. Trois noms sont apparus sur la courte liste de candidats potentiels d’Emilio Imbriglio, qui a eu la chance de voir le premier accepter.
Que son coach ne soit pas formé et accrédité en coaching n’avait aucune importance pour M. Imbriglio : il voulait d’abord quelqu’un qui soit meilleur que lui dans des sphères très précises. Le dirigeant de la firme comptable rencontre son coach toutes les six semaines, pendant des séances de deux heures, un homme qu’il décrit comme une sommité au Québec.
« J’ai cherché quelqu’un de très différent de moi pour avoir d’autres points de vue. Je ne voulais pas qu’il pense comme moi », dit l’ancien professeur, qui se réjouit d’avoir le luxe de mesurer sa vision à une personne indépendante de son organisation et dont l’objectif est de lui venir en aide.
« À un stade de notre carrière, on oublie que ça peut être pertinent d’avoir une oreille non biaisée qui a à cœur notre bien-être, reconnaît M. Imbriglio. Je n’aurais pas choisi un coach sans obligation, mais c’est une des grandes et belles décisions de ma vie. »
Chez RCGT, les pdg des 130 divisions mondiales sont fortement invités à suivre une formation intensive de sept jours, l’Oxford Leadership Program, à Londres. Dans l’année qui suit, des objectifs personnels et professionnels doivent être relevés et il faut choisir une personne capable d’aider à leur atteinte.
« Une fois, il m’a dit : j’ai fait toutes les erreurs et j’en ai payé le prix fort. Je vais m’assurer que tu ne les fasses pas. Maintenant, c’est à moi d’être à l’écoute et de vouloir évoluer. Quand je le rencontre, il a des phrases tellement puissantes que je les écris dans un calepin pour ne pas les oublier. »
« Il m’a amené à tester les approches humaines, à adopter une attitude d’écoute. Ça m’a beaucoup aidé. Je suis entouré de génies dans mon équipe. L’approche ne doit pas être autoritaire ; ce qu’ils ont à dire est très important. »
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Philippe R. Bertrand, vice-président d’Équation Humaine
Quand on a connu du succès et que, tout à coup, les revers s’accumulent, il vaut mieux aller chercher de l’aide que de s’enfoncer. Philippe R. Bertrand a choisi deux coachs pour remettre de l’ordre dans sa vie.
En 2008, il vendait à Vortex son entreprise de services Web Spin Communication. Il aurait pu alors bien vivre sans travailler pendant quelques années. Mais il a cherché de nouveaux horizons et il a investi dans d’autres entreprises.
« J’ai tout perdu parce que je suis allé dans des domaines que je ne connaissais pas. Je me demandais comment j’allais me réinventer, moi qui avais été habitué au succès. À cela se sont ajoutées des difficultés de couple et une séparation », se souvient l’entrepreneur de 38 ans, aujourd’hui l’heureux papa d’une famille reconstituée de six enfants.
Un coach de vie l’a aidé à tracer la ligne entre la sphère personnelle et la sphère professionnelle, ce qui a fait évoluer positivement sa vie familiale. Puis, un coach d’affaires avec qui il s’entretient chaque semaine l’aide à rester centré sur ses objectifs professionnels et ceux de l’entreprise, spécialisée dans l’innovation en marketing numérique.
« Ma grande difficulté est d’être à ce point passionné que je peux passer 300 heures chez un client ! Or, pour le bien d’Équation Humaine et celui de nos clients, il vaut mieux que j’établisse mes limites. Mon coach m’aide en ce sens. »
Les coachs de Philippe Bertrand ne sont pas certifiés et le coaching n’est pas leur profession. « J’ai privilégié le vécu à la formation. Je suis anticonformiste. Pour le coach de vie, j’ai choisi quelqu’un qui avait surmonté ses difficultés. En affaires, je voulais être bon, alors j’ai suivi des gens qui avaient réussi. Maintenant, je veux bâtir une entreprise avec un chiffre d’affaires de 20-25 M $ ; mon premier coach ne s’est pas rendu là, alors j’en ai choisi un autre, parce que mes besoins ont changé. »
L’entrepreneur apprécie la possibilité de prendre du recul sur sa vie avec le coach et de s’interroger. « Je n’ai pas encore trouvé le mécanisme pour le faire tout seul. Je n’ai jamais aimé me faire dire quoi faire, mais j’aime être questionné et mis au défi par des gens qui ont du vécu. »
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Nicolas Fontaine, vice-président de Fontaine Inc.
Les services d’un coach, Nicolas Fontaine n’en voulait pas. L’entrepreneur de 34 ans, qui travaille dans la scierie familiale de Woburn en Estrie depuis le début de la vingtaine, a pourtant eu l’obligation d’entrer en relation avec le coach Marco Roy quand il s’est inscrit au programme Élite de l’École d’entrepreneurship de Beauce. Une fois par mois, le coaching individuel faisait partie de la formation.
« J’avais des préjugés à l’égard des coachs. J’en avais une image un peu caricaturale. J’avais peur d’être devant quelqu’un qui n’aurait jamais géré d’entreprise et qui me dirait comment faire. J’avais peur d’être devant un beau parleur, incapable d’écouter », se rappelle M. Fontaine, qui a posé des tonnes de questions au coach pour vérifier s’il pouvait lui apporter quelque chose, par son expérience d’accompagnement, sa passion et son vécu d’entrepreneur.
La relation s’est avérée tellement fructueuse que Nicolas Fontaine a décidé d’ajouter des rendez-vous avec son coach, avec qui il travaille depuis un an. Son objectif : améliorer ses aptitudes en communication, avec son personnel, ses clients et ses fournisseurs, ainsi qu’avec les membres des conseils d’administration auxquels il siège.
« Je vivais beaucoup d’anxiété avant de prendre la parole. J’ai gagné de la confiance. Je voulais être capable, dans un c.a., de dire blanc même si tout le monde dit noir. Être capable de dire respectueusement ce que je pense, exprimer mon désaccord et rallier des gens qui n’osaient pas en faire autant. »
Le coach a proposé régulièrement des défis au jeune entrepreneur pour le faire sortir de sa zone de confort et gagner en aisance. Nicolas Fontaine en tire profit dans sa vie personnelle et professionnelle, car « tout, dit-il, passe par la communication. » Et aussi l’ouverture d’esprit, ajoute-t-il.
Son apprentissage le plus précieux jusqu’ici ? L’authenticité.
« On voit tous des leaders et des chefs d’entreprise inspirants. Souvent, on voudrait être comme eux, car on croit que pour avoir du succès, on devrait faire ou être comme eux. Parfois, on idéalise ce qu’on voit et on se dénature en essayant d’appliquer la recette chez nous. Il faut aspirer à être soi-même avec nos forces et faiblesses et travailler à s’améliorer. Ce que l’on pense, ce que l’on dit et ce que l’on fait doit être identique. »
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Benoît Savard, président sma.skillable
En affaires depuis 18 ans, Benoît Savard, président d’une firme offrant des parcours de développement professionnel hybride (en ligne et en personne), a périodiquement besoin des services d’un coach pour avancer.
« Je vis des périodes très intenses à cause de la croissance rapide dans de nouveaux secteurs. Le processus de questionnement et de validation qui me permet de voir comment je me situe face aux enjeux me rassure et me permet d’avancer en restant centré sur mes objectifs », dit-il.
Pour l’entrepreneur sherbrookois, il est essentiel de bien connaître ses besoins avant de recourir aux services d’un coach. Ensuite, pour lui, il est essentiel de travailler avec un coach certifié.
« Je pense qu’il y a des gens qui ont des capacités en communication qui leur permettent d’être coach sans formation. Mais est-ce que j’encourage ça ? Non. Le domaine s’est structuré dans sa pratique et bien franchement, la formation, ça paraît », croit-il.
Comme il fait face à des enjeux liés à la croissance de son entreprise, M. Savard aurait pu vouloir un coach qui aurait surmonté ces épreuves. Mais pour lui, cela n’avait pas d’importance.
« Si la personne a longtemps vécu la situation, elle peut avoir un biais et voir les choses à partir de sa propre perspective », juge-t-il.
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