Vague des technologies et mondialisation des échanges obligent : plus que jamais, il faut se former pour être efficace et performant. Que ce soit dans le but d'innover, de gravir des échelons ou de se préparer à une réorientation professionnelle, une panoplie de nouvelles formations axées sur les secteurs d'avenir voient le jour.
1 Cap sur les énergies vertes
" Entre le réchauffement climatique et les sommets du G8 et du G20 prévus en France, on ne pourra plus faire fi de l'environnement ", dit Steeve Massicotte, vice-président de la formation continue à l'Ordre des comptables en management accrédités (CMA), qui propose une formation axée sur le développement durable et le cycle de vie.
Les universités suivent la vague et développent des programmes de 1er ou de 2e cycle pour répondre à la demande : HEC et l'Université de Montréal offrent un Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en environnement et gestion du développement durable, l'UQAM, un doctorat et une maîtrise en sciences de l'environnement. L'Université Laval innove avec une maîtrise en administration des affaires intégrant la responsabilité sociale et environnementale des organisations.
Au niveau collégial, on se dirige vers des attestations d'études collégiales (AEC) en maintenance d'éoliennes (Gaspésie), en conditionnement de la biomasse forestière (Rimouski) ou en installation de systèmes géothermiques (Sherbrooke). Le Cégep de Jonquière a lancé l'an dernier une formation unique au Québec, le programme TERRE (Technologies des énergies renouvelables et rendements énergétiques). " On a déjà beaucoup de demandes de la part du secteur éolien du Bas-Saint-Laurent et d'entreprises qui font du service-conseil en énergie ", explique Élaine Tremblay, porte-parole du Cégep, qui se dit convaincue que l'avenir réside dans les technologies renouvelables.
2 Technophiles en demande
Pour demeurer dans la course, il faut maîtriser une multitude de suites logicielles, le Web et les réseaux sociaux.
C'est pourquoi le cégep de Saint-Laurent a mis sur pied deux nouveaux programmes : un AEC en Gestion des applications - technologies de l'information (52 semaines) et un AEC en Représentation et vente, secteur TI (40 semaines). Le premier vise à former des professionnels affectés au soutien informatique des postes de travail. Le second se destine aux représentants chargés d'attirer le client potentiel en mettant à profit les outils de communication. " Avec la pénurie de main-d'oeuvre annoncée dans le secteur, il y aura 60 000 postes à pourvoir d'ici les cinq prochaines années ", indique Nancy Laflamme, conseillère pédagogique au développement de programmes.
Une vision partagée par Rémi Larouche, responsable de la formation pour le site Internet Leformateur.com. Selon lui, les cours de rédaction Web devraient rester très populaires. " Et, grâce aux formations en ligne, les employés peuvent mettre leurs connaissances à jour eux-mêmes. "
La multiplication des appareils intelligents crée des besoins de formation. " Toutes les applications deviendront de plus en plus complexes et il y aura un besoin pour les faire converger ", prédit Andrée Longpré, directrice générale du centre de formation du CRIM, qui vient de concevoir une formation visant à développer des applications pour iPhone et iPad.
Les nouveaux outils technologiques nécessitent également des contenus spécialisés. L'Université de Sherbrooke propose un baccalauréat en communication, rédaction et multimédia " pour apprendre à intégrer les outils de rédaction Web dans un contexte multiculturel et intergénérationel ", explique Serge Allary, responsable de la formation.
3 L'éthique a la cote
Les cadres ne peuvent plus ignorer les normes liées à l'éthique et à la bonne gouvernance. " Les organisations doivent faire preuve de transparence, avoir de meilleurs systèmes de contrôle et des normes d'éthique connues de tous ", fait valoir Steeve Massicotte, vice-président de la formation continue à l'Ordre des comptables en management accrédités (CMA). L'Ordre a modifié son fonctionnement pour obliger ses membres à suivre des ateliers de formation continue, une tendance du côté des ordres professionnels. L'Ordre des CMA est à mettre sur pied une formation à distance sur l'éthique en partenariat avec l'Université Sherbrooke.
Le nouveau programme de gestionnaire municipal agréé du Cégep Sorel-Tracy, conçu en partenariat avec l'Association des directeurs municipaux du Québec (ADMQ), apprend aux gestionnaires " à gérer des défis éthiques tout en étant soumis à des budgets et délais très serrés ", dit François Bouthillier, coordonnateur de la formation continue.
HEC Montréal voit plus loin en précisant que les formations d'avenir devront intégrer à l'éthique " des thèmes transversaux comme l'innovation, le développement durable ou la collaboration ", selon M. Gosselin. Une vision partagée par l'Ordre des CMA, qui réfléchit déjà à une formation en comptes, management et développement durable en partenariat avec l'Université Laval, " afin de transformer les enjeux environnementaux en réussite d'affaires ", explique M. Massicotte. Enfin, les cours de gestion de projet devraient continuer de figurer au palmarès des 10 premières formations " que ce soit sous forme d'initiations, de séminaires d'application ou de diplôme d'études supérieures spécialisées de 2e cycle ", estime Guy Mineau, directeur-adjoint à la formation continue à l'Université Laval.
4 Oui aux gestionnaires humains
Les soft skills occuperont le devant de la scène, car elles font partie des compétences servant de socle aux connaissances de chaque personne. Qui peut se passer de savoir interagir en public, gérer une situation de conflit ou travailler en équipe ?
Les entreprises ont moins peur de valoriser l'intelligence émotionnelle de leurs employés, et une multitude de cours intègrent ces réalités. Parmi eux, il y a le programme M3i Supervision offert depuis l'année dernière par une dizaine de cégeps, dont le Collège Lionel-Groulx. Cette formation fournit un coffre à outils dans lequel peuvent puiser les jeunes gestionnaires qui accèdent à un poste sans formation préalable. À l'heure où les baby-boomers s'apprêtent à quitter massivement leur poste, le collège propose aussi le cours Formation de formateurs visant à préparer la relève.
Autre tendance lourde : structurer cette masse de connaissances en un seul programme, comme songe à le faire l'Université de Montréal. " Nous pensons à bâtir une offre de formation personnalisée qui regrouperait toutes les compétences essentielles à posséder en gestion, par exemple ", explique Raymond Lalonde, doyen de la Faculté d'éducation permanente de l'UdeM. L'idée fait également son chemin à HEC Montréal. " Nous voulons instaurer une logique au parcours de formation, qui ressemble trop souvent à une liste d'épicerie ", estime Alain Gosselin, directeur-associé à la formation des cadres et des dirigeants. Il rappelle que des besoins de formation naissent à chaque nouvelle embauche dans une entreprise. Parmi les incontournables : les habiletés de communication, la rétroaction et l'écoute.
5 Trilingues recherchés
Les échanges commerciaux s'orientent plus que jamais vers l'international. Les stratégies de recrutement des entreprises promettent donc d'être de plus en plus tournées vers des profils bilingues, voire trilingues. Si le fait de parler couramment l'anglais est presque incontournable, " la pratique d'une troisième langue devient un élément qui permet de se démarquer auprès d'un employeur ", observe Françoise Bleys, directrice du Centre de langues de l'Université de Sherbrooke.
Dans la mire : la vitalité des marchés hispanophone et lusophone, pour le Brésil. Les initiations au mandarin sont elles aussi en pleine expansion, même si elles ne connaissent pas encore le succès annoncé. " Avoir des bases de chinois reste très apprécié par les entreprises qui doivent envoyer des employés en voyage d'affaires ", reprend Mme Bleys.
Mais la dernière révolution se situe dans la refonte des méthodes d'apprentissage. Grâce à l'essor des TI, on propose désormais des exercices de consolidation en ligne en fonction des besoins de chaque personne. Le contenu des cours s'individualise en tenant compte du milieu de travail des participants, " afin de recréer les situations de communication et d'écriture rencontrées au quotidien ", explique Mme Bleys.
L'Institut de langues d'affaires (ILA), de Québec offre également une formule d'encadrement sur mesure. " Les entreprises achètent des blocs d'heures qui sont redistribuées aux employés. Ceux-ci peuvent prendre des rendez-vous téléphoniques avec un conseiller pour pratiquer la langue, obtenir du soutien pour écrire leurs courriels ou planifier le contenu de leurs réunions dans une autre langue ", explique Lucie Ville, porte-parole de l'Institut.
La tendance : remodeler le contenus des cours pour favoriser la conversation. L'Université Laval propose donc des cours d'expression orale par téléphone et en petits groupes. McGill, pour sa part, vient de concevoir un certificat de compétence en anglais pour la communication professionnelle afin de répondre aux exigences des employeurs. Autre possibilité : participer à des ateliers pour améliorer le français écrit et clarifier ses communications écrites, en particulier ses courriels.