Elles étaient des centaines rassemblées pour la cinquième édition de la conférence Femmes leaders, organisée par Les Affaires, les 13 et 14 mai derniers. Des femmes de différents horizons, toutes des leaders dans leur domaine, réunies à Tremblant pour échanger, apprendre de leurs échecs et célébrer leurs victoires. Des dizaines de conférences étaient au programme. C'était aussi l'occasion parfaite pour souligner le succès d'un grand mouvement d'entraide lancé en début d'année : l'Effet A.
Un résultat des courses «spectaculaire», a affirmé d'entrée de jeu l'instigatrice du projet, Isabelle Hudon, chef de la direction de la Financière Sun Life, Québec, et vice-présidente principale, solutions clients, de la Financière Sun Life Canada. «Nous avons voulu légitimer l'ambition féminine», a-t-elle rappelé aux participants de la conférence. Maintenant que les 100 premiers jours de l'Effet A sont écoulés, «nous avons créé beaucoup de fierté», a-t-elle souligné.
À la fin de janvier 2015, elle a convaincu quatre autres Québécoises d'envergure de se joindre à elle et de relever un défi. Elles avaient 100 jours pour démarrer et documenter un projet, quel qu'il soit, afin de stimuler l'ambition des femmes en affaires. Seule contrainte : laisser de côté les études sur la place des femmes et autres grandes questions philosophiques, et poser des gestes concrets.
De l'aide aux femmes démunies
«Toutes les ambitions sont légitimes», pense Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro. «Et nous, les femmes, avons le souci de ne laisser personne derrière. J'ai voulu rassembler au moins 1 000 femmes autour de l'idée de l'ambition.»
Son défi : venir en aide aux femmes plus démunies et leur permettre d'atteindre leurs propres objectifs, accomplir leurs propres rêves. Pour ce faire, elle a mis sur pied «Soupe pour elles». Le temps d'un dîner sur l'esplanade de la Place Ville Marie, l'événement a permis d'amasser des fonds destinés à La rue des Femmes, un organisme qui vient en aide aux femmes itinérantes.
«Je me souviens d'une employée qui est venue me voir, et qui m'a dit : "Je suis chez Gaz Métro depuis peu. Avant, j'étais dans un refuge. Et quand j'ai obtenu une entrevue, je suis allée m'acheter du linge dans une friperie". Maintenant, cette femme gagne 65 000 $ par année et peut subvenir aux besoins de son enfant», a-t-elle raconté, émue.
«Arrive un moment où certaines femmes ont besoin d'aide, poursuit Marie-Josée Lamothe, directrice générale, stratégie de marques chez Google Canada. Parfois, elles veulent réintégrer le marché du travail, mais elles n'ont pas les connaissances qu'il faut en technologie.» Elle a donc décidé d'agir et d'offrir de la formation à des participantes qui provenaient du Centre des femmes de Montréal.
Passer à l'action
«Ce que j'ai retenu de l'Effet A ? L'importance d'agir, affirme Mme Lamothe. Maintenant, lorsque je me trouve devant un défi, je me dis : "Arrête d'en parler, pose un geste". Pendant que nous analysons, il y a deux gars qui vont faire la job.»
«Les femmes ont moins tendance à lever la main et à cogner aux portes», résume Isabelle Marcoux, présidente du conseil de Transcontinental (éditeur de Les Affaires). «Je me suis rendu compte, en tant que dirigeante, que nous devions aller les chercher pour les intégrer à nos équipes.»
Celle qui a choisi comme défi de propulser la carrière des femmes au sein de son entreprise, notamment par le programme Women in Print, en a profité pour transmettre un message : «Arrêtons d'utiliser du langage qui nous minimise, a-t-elle sommé les centaines de femmes d'affaires réunies. Arrêtons de dire "désolée de te déranger". Non ! Si ce n'est pas important, sors de mon bureau (rires)».
«Demander de l'aide, ce n'est pas un signe de faiblesse, a poursuivi Isabelle Hudon. Mais n'arrivez pas "sur le bout des pieds" pour le demander. Demandez-le avec conviction.»
Cent jours et un défi, celui d'enseigner l'art de la négociation, ont permis à Kim Thomassin, associée directrice, région du Québec, de McCarthy Tétrault, «de développer beaucoup de confiance en moi. Les gens se sont vraiment mobilisés. Beaucoup de nos jeunes avocates ont levé la main pour participer, même si on leur en demande déjà beaucoup», a-t-elle précisé.
«Croyez-y ! a lancé l'avocate au parterre, conquis. Quand on a confiance en soi, la moitié du travail est fait.