Qu’elle y croit ou non, la direction de Bombardier a affiché une confiance à toute épreuve vendredi, à l’occasion du vol inaugural de son nouvel appareil CS300.
«Oui, il y a de la compétition. Cette compétition est même féroce. (…) Mais vous savez? J’ai l’impression qu’ils (Boeing et Airbus) ont simplement peur de nous», a laissé tomber en conférence de presse, Mike Arcamone, président de Bombardier Avions commerciaux.
Ce dernier répondait ainsi à un journaliste qui lui demandait de commenter l’importante concurrence que lui mènent les sociétés Boeing et Airbus et une stratégie apparemment utilisée consistant à faire courir la rumeur que Bombardier ne saura survivre aux avions CSeries qu’elle tente aujourd’hui de vendre à l’industrie aérienne.
Le président Arcamone a expliqué que, de son point de vue, cette peur proviendrait du fait que ses rivaux réalisent que les aéronefs de plus de 100 places de Bombardier sont de «bons avions», qui offrent des «avancées technologiques réelles» et une «performance extraordinaire» qui plaît à l’industrie. «Nous n’avons pas à nous battre. Notre produit est d’une telle qualité, que nous le laissons parler de lui-même.»
La nouvelle famille d’avions CSeries se décline en deux versions. Le CS100 doit permettre de transporter entre 108 et 110 passagers, tandis que que le CS300 doit permettre d’en transporter entre 130 et 135. Dans sa configuration la plus longue, ce dernier peut transporter jusqu’à 160 passagers, ce qui lui permet d’entrer en concurrence avec les plus petits avions fabriqués par les géants Boeing et Airbus.
Le nouveau président de Bombardier, Alain Bellemare, nommé il y a deux semaines en remplacement de Pierre Beaudoin, ne nie pas les difficultés rencontrées jusqu’à maintenant. « Je pense que nous sommes à un point tournant. Nous avons plus de 1000 heures de test en vol d’accomplies, nous sommes à l’étape de la certification, (…) nos clients veulent de la performance, et nous sommes en mesure de la leur fournir.»
«Nous allons gagner»
En appui à Mike Arcamone, le président Alain Bellemare a dit croire lui aussi que la concurrence commençait «à frémir un peu», devant les avantages de coûts promis aux clients des avions CSeries de Bombardier. En outre, ces nouveaux avions offriraient une consommation de carburant 20% inférieure et des coûts d’exploitation en baisse de 15% par rapport à la concurrence.
« Je veux que ce soit très clair. Nous avons une mentalité de gagnants, a ajouté celui qui a accumulé 18 ans d’expérience chez United Technologies avant de prendre la tête de Bombardier. Nous sommes ici pour gagner et nous allons gagner. Et si nous le disons, c’est que nous savons pouvoir compter sur un produit (la famille d’avions CSeries) qui nous permet de le prétendre. (…) C’est clair, que nous sommes dans cette partie pour en sortir vainqueurs.»
À plusieurs reprises, ce dernier a émis l’opinion qu’Airbus et Boeing n’occupaient vraiment que le marché des avions de 160 à 200 places et que toute prétention d’offrir des avions de plus petite taille ne pouvait être vue, au mieux, que comme «un accommodement». À leur différence, a-t-il fait valoir, les CSeries ont été conçus spécifiquement pour les besoins de clients nécessitant des avions de 100 à 150 places. «Dans ce marché, il n’y a personne d’autre (que nous). Le champ est libre, a-t-il insisté. C’est pourquoi je pense que la concurrence tremble un peu.
Des commandes qui rendent fiers
«Nous ne nous contentons pas d’accommoder ces clients comme d’autres le font, a ajouté M. Arcamone, président de Bombardier, Avions commerciaux. Nous avons un avion conçu pour eux, qui parle de lui-même. Il est bon, nous en sommes fiers, comme du nombre de commandes et de la diversité des clients que nous avons pu recueillir et qui viennent valider la qualité de notre travail».
À ce jour, Bombardier a enregistré des commandes et engagements touchant 563 avions de ligne CSeries, dont 243 en commande ferme. Les deux-tiers de ces commandes (180) concernent le CS300, dont le prix à l’unité est établi à 72M$US.
Malgré les doutes exprimés par un nombre croissant d’analystes financiers, Bombardier continue d’affirmer que le CS100 entrera en service avant la fin deuxième moitié de 2015. Si tout va pour le mieux, l’entrée en service du CS300 devrait suivre, six mois plus tard.
Vendredi, l’action de Bombardier a reculé d’un cent, pour clôturer à 2,60$ à la Bourse de Toronto. Entre le 23 et le 27 février, l’action a gagné 0,20$, ou 8,33%. Par contre, depuis le début de 2015, l’action a perdu 1,54$, ou 37,11% de sa valeur.