Les Affaires - Vous le reconnaissez d'emblée : une des raisons du déficit d'innovation au Canada est la faiblesse des collaborations universités-entreprises.
Denis Thérien - Quand on voit ce qui se passe en Californie et en Israël, il est clair que nous n'avons pas atteint le même degré de collaboration qu'eux. Le rapport récent du Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation du Canada le confirme : il y a cette faible collaboration universités-entreprises, qui s'ajoute à des degrés trop bas d'investissements privés en R-D et au manque de visibilité des universités canadiennes.
L.A. - À quoi attribuez-vous ce manque de collaboration ?
D.T. - Nous n'avons pas une culture de respect mutuel. Notre culture académique doit changer.
Actuellement, ce qui compte le plus pour un professeur, c'est la permanence, le nombre d'articles publiés, les subventions. Les brevets ne sont pas du tout valorisés, ni les collaborations avec l'industrie. Il faut revoir nos critères d'évaluation pour prendre en compte ces aspects.
L.A. - Que souhaitez-vous voir dans la nouvelle stratégie d'innovation du gouvernement québécois ?
D.T. - Le plus important est de soutenir davantage l'internationalisation de la recherche. Car notre capacité d'innover sera liée à notre capacité de réseauter à l'étranger. L'imputabilité et le benchmarking extérieur nous font aussi défaut.