Montréal occupe aujourd'hui une position dominante et enviable dans les arts sur la scène internationale. Forte de ses porteurs de flambeau comme Arcade Fire, le Cirque du Soleil et Leonard Cohen, Montréal continue de produire une relève dynamique, dont le réalisateur Xavier Dolan, DJ A-Trak, la chanteuse Grimes ou le peintre Marc Séguin. De plus, une richesse incroyable d'artistes locaux émergents fait vibrer la métropole.
Les philanthropes Claudine et Stephen Bronfman mentionnaient récemment dans un éditorial que «c'est le respect que démontrent les Montréalais envers les arts qui rend cette ville si agréable à vivre et attirante auprès des visiteurs. Nous pouvons tous prendre part à l'avenir culturel de Montréal».
Effectivement, notre responsabilité commune est de soutenir nos artistes. Plus spécifiquement, le soutien de mécènes dans la communauté d'affaires est plus important que jamais.
Avec un père en finance et une mère peintre, on se pose parfois des questions sur sa place dans l'univers. Je crois fermement que le mélange des passions aux antipodes de mes parents m'a conféré une volonté de créer et d'être créatif à ma façon. Avec un vif intérêt pour le design et la photographie, que je pratique depuis plusieurs années à mes heures, les arts m'inspirent et me donnent un nouveau regard.
Récemment, j'ai accepté la coprésidence d'honneur, avec l'acteur Éric Bruneau, de la soirée Cabaret du PÀP au profit du Théâtre PÀP (Petit à Petit), un théâtre expérimental qui oeuvre au sein de l'Espace Go sur Saint-Laurent.
Le Cabaret du PÀP, qui se tiendra le 15 avril, se veut cette année un hommage au metteur en scène Claude Poissant qui a fondé le théâtre il y a 36 ans et qui confie cette année les rênes à la prochaine génération. Ce sera aussi une célébration des créateurs locaux émergents du Mile-End, issus à la fois de l'écosystème artistique et des start-ups du quartier. Cette soirée permet notamment au théâtre de constituer la majorité de son budget annuel d'exploitation.
Collaborer à l'organisation de cette soirée m'a permis de constater le rôle vital que jouent les mécènes pour assurer la pérennité de notre scène artistique collective.
Dans le coin des arts
Bonne nouvelle, des gens d'affaires qui soutiennent les arts, il y en à Montréal ! Certains s'affichent et mènent la parade. On pense à Alexandre Taillefer, qui a s'est investi à l'Opéra de Montréal avant de mener les projets d'expansion du Musée d'Art Contemporain (MAC), ou à L. Jacques Ménard, qui a notamment été impliqué à Orchestre symphonique de Montréal et aux Grands Ballets Canadiens. Mais une nouvelle génération de leaders d'affaires s'implique désormais aussi !
Éric Hamelin, associé de l'agence numérique Akufen, siège au CA du Théâtre PÀP depuis plus de deux ans. Il participe au développement visuel et numérique pour des entreprises culturelles québécoises telles que Québec Cinéma, le festival Coup de coeur francophone et Art souterrain. Il est aussi copropriétaire des bars Chez Baptiste, qui encouragent les artistes peintres du quartier en exposant leurs oeuvres sur leurs murs. «De par notre rôle névralgique de nouveaux décideurs, de jeunes entrepreneurs et d'investisseurs dans la société montréalaise, nous nous devons de soutenir et d'encourager la culture d'ici afin qu'elle continue de grandir et d'influencer notre créativité commune», mentionne-t-il.
Le studio de jeux vidéo Ubisoft a aussi les arts à coeur et s'investit dans de nombreux organismes, par exemple M pour Montréal, Elektra, Les Rendez-vous du cinéma québécois, Fantasia, Chromatic et le Théâtre PÀP. L'entreprise est aussi particulièrement active dans le Mile-End et soutient des organismes qui favorisent l'émergence de nouveaux talents, par exemple le festival Pop Montréal et les Ateliers Portes Ouvertes des artistes du Mile-End. Francis Baillet, vice-président aux affaires publiques chez Ubisoft, explique ce choix : «Nous sommes au coeur du quartier qui présente la plus forte concentration d'artistes au pays. Il est de notre devoir, en tant que citoyen corporatif responsable, de soutenir les artistes et la vie culturelle. Nos développeurs côtoient quotidiennement des écrivains, musiciens, peintres ou cinéastes et s'en inspirent».
De son côté, Nicolas Rubbo, directeur chez McCarthy Tétrault, a choisi d'être actif sur plusieurs plans au MAC et aux Grands Ballets. Il se dit «passionné et attiré par le talent artistique» et ajoute que «l'art et la culture procurent une certaine cohésion sociale, enrichissent l'identité montréalaise et génèrent une activité économique non négligeable. Je suis fier de ma ville et de contribuer un petit peu à ce qui la définit aux yeux du monde».
Même la communauté des start-ups s'anime pour les arts. Chaque année, le Festival international du startup, en juillet, invite ses festivaliers à participer à une murale. Cette «expérience artistique» amène les entrepreneurs à sortir de leur contexte habituel d'affaires pour s'exprimer sans mots et établir un vrai contact en groupe. La murale produite en 2014, à laquelle ont collaboré 800 personnes, a été récemment accrochée dans la salle principale de la maison Notman ! «Il y a beaucoup de parallèles entre les artistes et les entrepreneurs, me confie le directeur du festival Philippe Telio. Les deux doivent se démarquer avec peu de ressources, faire leur place et continuer à innover pour rester pertinents.» Voilà là une autre explication potentielle des liens qui unissent nos communautés.
Biographie
LP Maurice a cofondé Busbud, une entreprise de commerce électronique spécialisée dans le voyage en autobus interurbain. Il a travaillé chez Yahoo et LinkedIn, et a un MBA de l’Université Harvard. Il est aussi un capital-risqueur et un mentor dans la communauté start-up montréalaise. Il est le récipiendaire du prix Arista 2014 « Entrepreneur de l’année » (démarrage) et a été nommé NYC Venture Fellow 2014. Pour le suivre sur Twitter : @lpmo