À peine nommé à la tête de PwC au Québec, Nicolas Marcoux affiche déjà de grandes ambitions. Son objectif : assurer la croissance de PwC à l'est de la rivière des Outaouais, en misant beaucoup sur des acquisitions.
«D'ici cinq ans, j'aimerais que notre part du marché québécois ait augmenté et que nous soyons plus présents en région», lance d'un ton décidé celui qui est devenu, en 2015, le nouvel associé directeur national, bureau de Montréal et grandes villes, de PwC. Il est également membre de l'équipe de direction canadienne.
PwC lorgnera les acquisitions potentielles «d'une manière très agressive», précise Nicolas Marcoux, du côté de cabinets multidisciplinaires et de firmes spécialisées (TI, conseil, etc.). Il compte aussi accroître le savoir-faire du cabinet en embauchant d'autres professionnels. «Tout part d'eux. Si nous avons les meilleurs professionnels, nous attirerons les meilleurs clients et cette dynamique renforcera notre marque», dit M. Marcoux.
Progression fulgurante
Pas étonnant d'entendre Nicolas Marcoux parler d'acquisitions. Il en a fait une spécialité depuis le début de sa carrière. Il se souvient encore des débuts modestes du groupe fusions et acquisitions chez PwC, en 1992 (à l'époque Coopers & Lybrand). Christian Dubé, aujourd'hui premier vice-président, Québec, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, avait reçu le mandat de créer ce groupe et l'avait recruté. «Nous étions seuls, avec une adjointe», se rappelle Nicolas Marcoux.
L'opération sera une grande réussite. Au fil des ans, M. Marcoux participera à plus de 150 fusions et acquisitions, dont la vente de Première Moisson à Métro, et celle du Groupe BMR à la Coop fédérée.
Cette réussite accélérera le parcours de ce diplômé en administration des affaires de l'Université de Sherbrooke, devenu comptable professionnel agréé (CPA) en 1993. Nommé associé, transactions, en 2000, à l'âge de 30 ans, il devient leader, conseils et transactions, pour le Québec en 2010. À peine deux ans plus tard, il se voit confier le groupe transactions pour l'ensemble du Canada. Un poste stimulant, mais qui l'oblige à effectuer plus de 250 vols d'avion en trois ans !
Ce CPA a aussi été nommé «fellow» en 2014, à 45 ans. Au même moment, Rémi Marcoux, fondateur de Transcontinental (éditeur de Les Affaires) et l'un des modèles de Nicolas Marcoux (aucun lien de parenté), recevait le titre de «fellow émérite». «Un beau hasard et un grand honneur», confie ce dernier.
Le marché des fusions et acquisitions est en ébullition
Sa nouvelle mission l'amène à jeter un regard global sur les activités de PwC. Cela ne l'empêche pas de garder à l'oeil le marché des fusions et acquisitions, qui devrait rester très actif, selon lui.
«En raison de la faiblesse des taux d'intérêt, le prix du capital est bas, donc les acheteurs peuvent payer plus cher, souligne-t-il. Cela devient très attrayant pour les vendeurs. Au Québec, la difficulté de certains entrepreneurs à trouver de la relève risque aussi d'alimenter ces transactions.»
Probablement plus, juge-t-il, que la faiblesse de la devise canadienne. Celle-ci diminue le coût d'achat des entreprises canadiennes pour une entreprise étrangère, mais en réduit aussi l'attrait, puisque les bénéfices sont en dollars canadiens. Dans un tel contexte, il faudra être proactifs pour protéger les sièges sociaux québécois.
Il cite l'achat, en juillet dernier, du fabricant de produits de plastique IPL, de Saint-Damien, qui appartenait à Novacap, par l'irlandaise One51. PwC a aidé à trouver du financement au Québec, afin de protéger les emplois locaux et d'assurer qu'une bonne partie de l'actionnariat reste ici. One51 détient maintenant 67 % des parts d'IPL, la Caisse de dépôt et placement, 22 %, et le Fonds de solidarité FTQ, 11 %. À plus long terme, une fusion avec émission d'actions au Québec pourrait permettre de créer un acteur mondial dont le siège social serait ici.
«Cela reflète une tendance actuelle, qui voit des joueurs comme la Caisse de dépôt, Desjardins Capital de risque, le Fonds de solidarité FTQ et Investissement Québec travailler de concert pour freiner l'exode de nos sièges sociaux», explique M. Marcoux.
Garder la tête froide
Pour une firme comme PwC, le contexte économique actuel et la grande volatilité des marchés financiers mondiaux engendrent certains défis. Nicolas Marcoux croit que les marchés réagissent trop vite et trop fort aux nouvelles qui circulent maintenant à une vitesse folle.
«Nous avons des spécialistes des diverses industries et un bon réseau international, dit l'associé directeur national. Nous avisons nos clients de ce qui se passe véritablement, au Canada et à l'étranger.» Cette force d'analyse permet de distinguer les tendances qui comptent des soubresauts passagers.
Au Québec, Nicolas Marcoux observe les secteurs qui vont bien, comme l'aéronautique et les technologies de l'information, mais aussi d'autres plus éprouvés récemment, dont les pâtes et papiers, qui pourraient bénéficier de la baisse du dollar canadien et de l'augmentation des mises en chantier aux États-Unis.
Il ne désespère pas du commerce de détail, malgré les faillites récentes dans le secteur du vêtement (Jacob, Mexx). Citant des réussites comme Aldo et Alimentation Couche-Tard, il soutient que les entreprises du secteur devront se réinventer afin de répondre aux exigences de la clientèle.
«Il faut accompagner nos clients quand ça va bien, mais aussi quand ça va mal, conclut-il. L'objectif est d'être près d'eux localement, tout en leur donnant accès à des ressources mondiales. Être une marque reconnue internationalement nous place dans une bonne position pour leur offrir cela.»