Avec l'acquisition du principal distributeur américain indépendant de peinture et d'accessoires de carrosserie, FinishMaster, Uni-Sélect approche de son but.
En 2008, le grossiste de Boucherville s'était en effet fixé l'objectif d'atteindre des revenus de 2 milliards de dollars d'ici 2013. Après l'achat de FinishMaster d'Indianapolis pour 219 millions de dollars, son chiffre d'affaires atteindra 1,76 milliard de dollars.
Et avec une marge de crédit de 90 millions de dollars encore inutilisée, Uni-Sélect peut poursuivre sa chasse américaine, où il occupe le sixième rang d'une industrie encore très morcelée, explique en entrevue Richard G. Roy, président et chef de la direction d'Uni-Sélect et architecte de sa nouvelle stratégie de croissance depuis 2008.
Maintenir la cadence
L'acquisition vise à maintenir Uni-Sélect sur sa lancée des cinq dernières années, période pendant laquelle ses revenus ont crû à un rythme annuel composé de 11,6 %. Cette cadence est notable quand on sait que son industrie croît à une cadence modeste de 3%.
La percée américaine est nécessaire puisque Uni-Sélect est déjà numéro un de son marché au Canada, où ses revenus ont crû d'a peine 0,2 %, au cours des neuf premiers mois de 2010. La transaction hausse d'un grand coup ses revenus américains de 53 %. Après la transaction, l'entreprise réalisera 71 % de ses revenus au sud de la frontière.
" La transaction ravivera sa croissance et pourrait revaloriser son titre, qui n'a pas du tout suivi le mouvement haussier de sociétés américaines telles que Autozone ou O'Reilly en 2010 ", évoque Christine Décarie, gestionnaire au Groupe Investors.
Relever ses rendements
" En bout de ligne, l'expansion américaine et l'ajout de produits complémentaires sont des moyens pour l'entreprise d'augmenter le rendement de l'avoir des actionnaires", indique M. Roy.
L'entreprise vise un rendement de l'avoir de 15 %, par rapport à celui de 10,6 % réalisé au cours des 12 derniers mois, précise Hughes Bourgeois, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport récent. Des primes de rendement pour les dirigeants d'Uni-Sélect y sont d'ailleurs rattachées.
Un bon prix et des synergies
M. Roy est convaincu d'avoir conclu une bonne transaction. Uni-Sélect paie en effet un multiple d'évaluation inférieur à celui de ses propres actions pour les actions de FinishMaster.
" Au premier coup d'œil, c'est une bonne transaction, dit Philippe Leblanc, gestionnaire de portefeuille, chez Cote 100. Le prix payé est raisonnable puisque Uni-Sélect paie un multiple d'environ 10 fois des bénéfices encore déprimés. FinishMaster croît peu, mais a toujours été rentable ", ajoute-t-il.
Uni-Sélect est un acquéreur rodé. L’entreprise a réalisé 45 acquisitions en sol américain, depuis 12 ans, précise M. Roy.
L'entreprise compte tirer des économies 10 millions de dollars de l'intégration de FinishMaster, d'ici trois ans. " Dans 28 villes, il nous est possible de ramener les deux points de vente des deux entreprises sous un seul toit, sans nuire aux ventes ", dit M. Roy.
Le marché d'Uni-Sélect en est un de proximité puisque les magasins doivent typiquement livrer les produits demandés aux garagistes 20 à 30 minutes, après leur commande, précise M. Roy.
" Dix millions de dollars de synergies, ça paraît peu, mais par rapport au bénéfice d'exploitation de 27 millions de dollars de FinishMaster, la proportion passe à 37 % ", précise Mme Décarie.
L'acquisition en 2004 de l'Américaine Mid-Atlantic Warehousing (MAWDI) a facilité l'achat de FinishMaster, révèle Mme Décarie. Le propriétaire de FinishMaster, Andre B. Lacey, a discuté avec l'ex-actionnaire de MAWDI, Clay Buzzard, qui a joint le conseil Uni-Sélect USA, afin de connaître le mode de fonctionnement et la culture d'Uni-Sélect.
Petit à petit, Uni-Sélect espère aussi devenir le fournisseur de pièces de remplacement de carrosserie de FinishMaster, qui vend annuellement environ 300 millions de dollars américains de ces pièces à ses 11 000 clients.
" Si on réussit à se substituer à ses fournisseurs actuels pour 10 à 20 % de ce volume d'affaires, on parle de ventes additionnelles de 30 à 60 millions de dollars américains ".
Le reste des synergies proviendra du pouvoir d'achat accru auprès des fabricants de pièces que lui procurera la hausse de 32 % de son volume d'affaires.
23 % plus de dette ; 9 % plus d'actions
Pour financer la transaction, Uni-Sélect augmente sa marge de crédit de cinq ans de 23 % à 400 millions de dollars, auprès de la Banque Nationale.
Grâce aux flux de trésorerie des deux entreprises, Uni-Sélect compte réduire son ratio d'endettement de 3,3 à 2,5, soit sa dette par rapport à son bénéfice d'exploitation, d'ici deux ans.
Uni-Sélect émet aussi une débenture subordonnée convertible de 51,7 millions de dollars et 51,7 millions de dollars de nouvelles actions, à un prix de 26,10 $ chacune.
Le recul 4 % de l'action d'Uni-Sélect à l'ouverture des marchés le 10 décembre s'explique justement par le fait que le marché a absorbé l'augmentation de 9 % des actions en circulation d'Uni-Sélect.
" Je crois que les débentures trouveront facilement preneur chez les petits investisseurs qui seront attirés par son coupon d'intérêt de 5,9 % ", dit Philippe Leblanc, de Cote 100.