Quand Jacques Michel a lancé JNPSoft avec son ami Nat Di Censo, en 2002, il se donnait cinq ans pour devenir millionnaire et jouer au golf. Petit contretemps : ce n'est qu'en décembre 2009 que M. Di Censo a pu quitter son emploi pour s'occuper de JNPSoft à temps plein. Quant à M. Michel, le grand saut se fera dans deux ans.
Même si leur union a survécu en dépit de toutes les nuits passées au bureau et qu'ils aient réussi à garder la plupart de leurs amis, les deux hommes d'affaires avouent que, s'ils avaient su ce qui les attendaient, ils n'auraient pas plongé.
Le produit
Le logiciel PartCat de JNPSoft s'adresse aux fabricants de pièces d'autos de remplacement, comme Royal Dutch Shell, Standard Motor Products, Centric Parts, Walker Products, Denso Corp. etc. La PME compte 44 clients au total; 12 d'entre eux figurent dans la liste AASA Top 100 Automative Aftermarket Suppliers en Amérique du Nord, un client se trouve en Turquie, deux, en Allemagne et deux, au Brésil.
Leur logiciel sert à déterminer sur quels modèles de quelles années va chaque nouvelle pièce produite par un fabricant et à acheminer cette information aux distributeurs, c'est-à-dire les Canadian Tire, CarQuest, UAP et Uni-Sélect de ce monde. Le logiciel contient les informations relatives à toutes les pièces de presque tous les modèles de voitures, certains remontant même à 1896. Le logiciel PartCat permet d'accélérer et d'uniformiser ces échanges d'informations. Tout cela se faisait sur papier auparavant !
" Notre logiciel raccourcit le processus de transfert des données de neuf mois à un ou deux mois ", dit M. Michel.
Le logiciel installé coûte 12 000 $ et JNPSoft demande des frais de soutien technique mensuels fixes pour s'assurer d'un revenu de base.
M. Di Censo, 47 ans, et M. Michel, 39 ans, qui ont tous deux une formation en informatique, étaient voisins de bureau au Canadien National. M. Michel est parti travailler comme consultant à son compte le premier. M. Di Censo a ensuite quitté pour Boston, comme consultant lui aussi. C'était l'époque du bogue de l'an 2000 et il y avait beaucoup d'argent à faire.
Une fois M. Di Censo de retour à Montréal, les deux anciens collègues se sont revus. Toutes les semaines, ils se rencontraient pour discuter de projets. Si certains font faire des études de marché avant de se lancer en affaires, eux ont tout bonnement feuilleté l'annuaire des pages jaunes et sont arrivés à la conclusion que c'était la section des pièces d'autos qui était la plus épaisse. Ils se sont dit que ce secteur devait donc offrir plus d'occasions d'affaires. Aussi simple que ça !
Quand ça va mal...
En 2002, MM. Di Censo et Michel demandent à un informaticien fraîchement émoulu de l'école de superviser trois stagiaires pendant qu'eux continuent d'exercer leur métier de consultant. Le mandat : concevoir un système d'inventaire à " écran tactile " pour les vendeurs de pièces d'autos. " Nous, on allait au bureau tous les soirs après notre travail et toutes les fins de semaine ", raconte M. Michel.
Dix-huit mois plus tard, le duo se rend compte que leur projet ne va nulle part; le système coûterait trop cher à développer et il serait trop lourd à implanter dans leur toute petite entreprise.
Heureusement, en 2004, l'industrie des pièces d'autos (Automotive Aftermarket Industry Association - AAIA) annonce la nouvelle norme ACES (AAIA Catalog Enhanced Standard) pour uniformiser les transferts de données entre les fabricants de pièces et les distributeurs. Une décision qui arrive à point nommé pour le tandem Di Censo-Michel, qui avait conçu à temps perdu un petit logiciel d'information sur les produits, PartCat.
" Nous avons tout de suite décidé de développer PartCat à partir de la nouvelle norme ACES ", explique M. Di Censo président de la PME du quartier Rosemont, à Montréal. Le moment était excellent; JNPSoft était en avance sur tous les autres mais... " On a réalisé que les entreprises mettraient des années avant de prendre le virage ACES. Il a fallu faire marche arrière et intégrer les anciennes normes à notre nouveau logiciel ", explique M. Di Censo. L'ensemble de l'industrie a finalement adopté la norme ACES en 2008-2009.
La commercialisation
Au début, JNPSoft a loué un kiosque dans des expositions spécialisées pour faire connaître son produit. " Nous fréquentons toujours ces expositions, mais maintenant, nous ne louons plus de kiosque, explique M. Michel, vice-président. Au lieu d'attendre à notre kiosque que les gens viennent nous poser des questions, nous préférons aller rencontrer des clients potentiels dans leur kiosque. "
MM. Di Censo et Michel conseillent aux jeunes entrepreneurs de participer régulièrement à des rencontres pour nouveaux entrepreneurs. " Ça fait du bien, comme les réunions des AA pour les alcooliques ", affirme M. Michel. Dernier conseil : prendre un mentor. Celui de JNPSoft, c'est Pierre Savignac, d'Emergex. " Il nous a vraiment aidé au cours des premières années ", souligne M. Di Censo.