L'homme derrière le succès de Camso est à l'image de l'entreprise qu'il a fait croître : discret, performant, efficace.
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Dire que Pierre Marcouiller est un homme discret est un euphémisme. Le pdg de 59 ans est peu connu hors des cercles d'affaires, et il en est fort heureux. Sa première entreprise, lancée à 19 ans ? Il ne souhaite pas en parler. Pas plus que de Venmar Ventilation, son ancienne entreprise de Drummondville.
Le diplômé en administration de l'Université de Sherbrooke, originaire de la Mauricie, préfère l'ombre à la lumière, contrairement à plusieurs de ses contemporains. Il est l'anti-star, l'anti-dragon, l'anti-gars-qui-va-dans-l'espace. Il ne parle jamais au «je», plutôt au «nous». Il se considère comme l'un des membres de l'équipe de Camso.
Une équipe qui est effectivement excellente, juge Luc Ménard, vice-président principal, investissement, chez Desjardins entreprises Capital régional et coopératif. Mais c'est lui qui a su la bâtir. «C'est un gestionnaire exceptionnel. Effacé, mais très efficace.»
«En stratégie, la personne au sommet fait la différence», dit Louis Hébert, directeur du MBA à HEC Montréal et cordirecteur de l'EMBA McGill-HEC Montréal. Pierre Marcouiller est d'un niveau hors de l'ordinaire : «C'est un grand entrepreneur. Mais c'est d'abord un éminent stratège», ajoute Louis Hébert, qui l'invite régulièrement à venir s'adresser à ses étudiants du MBA.
Le bureau de Pierre Marcouiller, qui surplombe la cafétéria du tout nouveau bâtiment de Camso, à Magog, est un reflet de ce qu'il est : sans luxe ni fioritures, mais efficace. Son contenu est limité aux seuls éléments qui lui sont utiles, comme une table, un ordinateur et des chaises. La pièce est identique aux autres de l'étage. Impossible de deviner qu'il s'agit de l'antre du pdg et actionnaire d'une multinationale qui engrange un milliard de dollars de chiffre d'affaires.
«C'est sa personnalité», souligne Emmanuel Duchesne, président et chef de la direction d'Exo-s, une entreprise essaimée (spin-off) de Camoplast Solideal, où il a travaillé huit ans. Il se souvient de la réponse de Pierre Marcouiller lorsqu'on lui demandait ce qu'il faisait dans la vie : «Je travaille chez Camoplast. - Tu es ingénieur ? - Je travaille avec l'équipe d'ingénierie, oui.»
«Jamais il ne disait : "C'est moi le boss", ajoute M. Duchesne. C'est un homme humble, très réservé. Il a aussi un charisme extraordinaire, et les employés le suivent dans ses projets.»
Il incarne les valeurs de Camso, dit-il. «Pierre en est le porte-étendard, mais toute l'entreprise est à son image.»
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Pierre Marcouiller a eu le flair, au long de sa carrière, d'aller chercher les outils et les conseils dont il avait besoin pour progresser. «J'ai eu la chance, dit-il, d'avoir des mentors, comme l'ancien président de Sico, Gilles Beauchamp.» Il sourit. «Je l'ai utilisé, M. Beauchamp...»
Et bien d'autres personnes qu'il a croisées sur son chemin. Il a reçu deux types de coaching, explique-t-il : l'un, plus technique, lui a fait découvrir les meilleures pratiques de gestion et lui a permis d'aller au-delà de l'instinct qui caractérise, dit-il, tous les entrepreneurs.
L'autre était plus personnel. Pour devenir qui il est, Pierre Marcouiller a appris à travailler sur lui-même. À mieux se connaître.
«Tous diront que c'est important. Mais Pierre a pris les moyens pour y arriver. Il a été coaché dans des années où ce n'était pas la norme», explique Katia Renaud, cofondatrice et directrice du développement pédagogique de l'École d'entrepreneurship de Beauce (EEB).
Pierre Marcouiller est entrepreneur-entraîneur à l'EEB depuis les débuts du programme, en 2010, qu'il a contribué à créer. Une fois par année, il y passe 24 heures. Et il y est une vedette.
Un homme aux convictions fortes, dit Katia Renaud. «Il ne parle pas pour ne rien dire. Quand on est devant lui, on s'assure d'avoir les bons mots. Il a une capacité d'introspection très assurée, supérieure à la moyenne. Ça lui permet de voir des solutions.»
Chercher l'équilibre entre l'intuition et la raison est une quête incessante chez lui, ajoute Mme Renaud. «Il a fallu qu'il puise loin en lui pour évoluer comme entrepreneur. Les détours ont été nombreux», dit-elle sans plus de précisions, à part de mentionner qu'il a eu des désillusions, notamment lorsqu'il a vendu Venmar Ventilation.
Aux entrepreneurs de l'EEB, Pierre Marcouiller parle beaucoup de la connaissance de soi. «La vie nous donne ce dont on a besoin, souligne-t-il. Et si tu es bien connecté avec ce que tu es, ton fun factor sera élevé et tes chances de réussite aussi.»
Son niveau de stress est beaucoup plus bas qu'à 40 ans. Mais sa quête n'est pas finie. «Est-ce que je me connais ? Non. Est-ce que je cherche à mieux me connaître ? Oui. Toujours.»
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