Avec 40 ans d'expérience sur le marché de la distribution d'instruments scientifiques, la PME montréalaise Geneq a développé un récepteur GPS de pointe, le SX Blue, afin de répondre au besoin de précision de ses clients issus de différentes industries.
Geneq repousse toujours ses limites : «Mon père a démarré l'entreprise en 1972 par la vente d'instruments de mesure avant de s'intéresser aux mesures environnementales, puis aux biotechnologies», explique René Parisé, vice-président, ventes et marketing, de Geneq.
Depuis 2002, cette PME de 36 employés commercialise ses récepteurs GPS. Sa principale innovation ? Offrir une réception des données en temps réel, ainsi qu'un niveau de précision très élevé grâce à l'utilisation de deux technologies : le système d'augmentation spatial (SBAS) et le réseau de correction mondial Omnistar, capable de recevoir les signaux des satellites russes et américains.
L'occasion de développer son produit s'est présentée à Geneq en 2000. Le gouvernement américain avait alors levé les dispositifs de brouillage qui causaient une erreur de 100 mètres sur les GPS. «Cela a ouvert un marché pour les récepteurs submétriques comme le nôtre, qui sont utilisés dans le secteur forestier afin d'effectuer des cartographies de précision», relate René Parisé.
Trois versions, trois améliorations
Après environ deux ans de recherche et développement, Geneq lance en 2003 son premier récepteur GPS submétrique, le SX Blue I.
«Il nous fallait concevoir un produit qui soit à la fois simple d'usage, très précis, et qui puisse répondre à plusieurs types d'utilisation. Deux à trois ingénieurs ont été affectés à ce projet et ont passé beaucoup de temps à mettre au point notre prototype. Ensuite, ça a été un peu l'escalade», reconnaît M. Parisé.
Geneq a lancé une deuxième version du SX Blue en 2008 et une troisième en 2010. Cette dernière offre une batterie portative couplée à un GPS bifréquence. «En créant des antennes plus petites, accompagnées d'un récepteur bicanal, nous sommes devenus les seuls à proposer un récepteur portatif pour la navigation maritime qui puisse se ranger dans un sac à dos et se brancher sur un tableau de bord», dit-il.
La précision aux quatre coins du globe
Pour développer chacun de ses produits, Geneq a dû mener des tests de validation sur le terrain. Parfois même dans plusieurs régions du monde, afin de s'assurer de la fiabilité de ses instruments.
«Nous avons testé nos produits avec différentes configurations du matin au soir, et sur plusieurs réseaux, car chaque pays possède son système SBAS ! Par exemple, il nous fallait vérifier si l'on pouvait obtenir la même précision en Australie», dit René Parisé.
La production a quant à elle été confiée à une chaîne de montage québécoise spécialisée dans l'électronique, à laquelle Geneq a soumis son cahier des charges. «Nous préférons que son nom demeure confidentiel, mais il s'agissait de la meilleure affaire, car nous ne voulions pas ouvrir une chaîne de production. Nous préférons nous concentrer sur ce que nous savons faire», résume le dirigeant.
Le défi le plus important de la PME se trouvait du côté de la mise en marché de ses produits. «Nous avons dû bâtir de toutes pièces notre propre réseau de distribution mondial», ajoute le vice-président.
Pour se démarquer, Geneq a donc misé sur la qualité de son service après-vente en offrant de la formation à son réseau de distributeurs. «Au lieu de tout traiter de ce côté de la frontière, nous avons choisi d'implanter un centre de services techniques aux États-Unis afin d'être présents auprès de notre clientèle», renchérit M. Parisé.
Cette stratégie de différenciation se traduit à Montréal par la présence de quatre employés chargés de communiquer avec la clientèle par téléphone, par courriel et même avec Skype.
Grâce à ses efforts, la PME enregistre un chiffre d'affaires de 10 à 15 millions de dollars, dont 2 à 3 M$ sont attribuables à ses récepteurs GPS commercialisés dans plusieurs pays, dont le Canada, les États-Unis, la France et l'Angleterre.
«À l'avenir, nous regarderons de près les marchés de l'Amérique latine ou du Moyen-Orient, qui offrent un gros potentiel», conclut René Parisé.
INNOVER POUR MIEUX DÉVELOPPER
Toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, doivent s'intéresser au développement de nouveaux produits», affirme Guy Belletête, directeur général de l'Institut de développement de produits.
Lorsqu'elles veulent générer de la croissance, les PME se heurtent à deux options : croître en menant des acquisitions ou chercher à mettre au point de nouveaux produits. Pour celles qui optent pour la seconde voie, les possibilités sont nombreuses. Les PME peuvent choisir entre décliner leur produit initial en plusieurs versions et concevoir de nouveaux produits pour conquérir d'autres marchés. Elles peuvent aussi développer un service, lié par exemple à l'utilisation d'un de ses produits.
«Trop souvent, les PME recherchent un produit universel qui convient à tout le monde, au lieu de viser un marché de niche», constate M. Belletête. Elles doivent apprendre à mieux cibler leur clientèle afin de mieux cerner leurs attentes.
«Les produits qui réussissent le mieux sur les marchés sont toujours ceux qui innovent en répondant à un besoin. Mais il ne faut pas croire que l'innovation est une donnée spontanée : il faut savoir s'organiser et s'améliorer pour parvenir à innover», dit M. Belletête.
Et c'est là la principale force de certaines entreprises québécoises qui ont su développer un véritable système de gestion de l'innovation. «Ce que l'on attend des dirigeants de PME, c'est qu'ils aient cet esprit créatif et persévérant que l'on retrouve chez les entrepreneurs», résume M. Belletête.
Il donne d'ailleurs l'exemple du fabricant de yogourts Ultima, «qui a très bien compris à qui il s'adresse et quels sont les besoins de ses consommateurs, en allant jusqu'à développer près de 40 variétés de yogourts pour différents marchés».
Gérer l'innovation
Un autre exemple de réussite ? L'entreprise Lumec, une PME de 250 employés rachetée en 2007 par le géant de l'électronique Philips, qui a inventé un système de luminaire modulaire, composé de LED. «Ce positionnement lui a permis de profiter d'une base de clientèle existante qui pourra convertir ses anciens appareils pour qu'ils deviennent plus performants», analyse Guy Belletête. Pour d'autres, l'innovation se trouve dans la capacité des équipes à sortir des sentiers battus. «L'entreprise BRP, spécialisée dans les produits récréatifs, est allée là où personne ne l'attendait en développant une motocyclette trois roues, capable de rouler sur la route. Parfois, l'innovation est dans l'ADN de l'entreprise», affirme-t-il.
L'objectif
Développer de nouveaux récepteurs GPS de haute précision pour conquérir les marchés municipaux, forestiers et maritimes.
Le défi
Passer le cap de la mise en marché pour se tailler une place à l'échelle mondiale dans un secteur de niche.
Le résultat
Décliné en trois séries et sept modèles, le SX Blue est commercialisé au Canada, aux États-Unis, en France et en Angleterre.