En novembre dernier, sans tambour ni trompette, un nouveau regroupement de chefs d'entreprises québécoises est né. Il se fait discret, car il ne fonctionne que sur invitation. Cependant, ses ambitions sont grandes : faire naître au Québec de nouveaux champions mondiaux.
L'initiative a été lancée par Charles Sirois, président de Télésystème, philanthrope et globe-trotter, 12e fortune du Canada. Le réseau a été baptisé Québec Global (QG100), car son objectif est de compter 100 membres d'ici trois ans. Pour l'instant, il regroupe une quinzaine de chefs de très grandes entreprises, dont Power Corporation, Cirque du Soleil, SNC-Lavalin, CAE, et quatre banques, et autant de pdg de jeunes entreprises qualifiées de "gagnantes ". L'idée est que les très grandes partagent leurs expériences avec les plus petites.
" J'ai lancé cette initiative parce que je crois que les entrepreneurs qui ont réussi devraient, en fin de carrière, s'engager auprès de jeunes entrepreneurs et partager avec eux leur réussite ", explique M. Sirois.
" Plutôt que de se contenter d'aller jouer au golf en Floride, ajoute-t-il, avec son franc-parler habituel. Je crois que c'est leur responsabilité sociale. "
Le président de SNC- Lavalin, Pierre Duhaime, acquiesce : " C'est une question de redonner à la collectivité ", indique-t-il aux Affaires. Et c'est bénéfique pour tout Québec Inc., ajoute-t-il. " Une concentration de chefs de file mondiaux au Québec favorise l'attraction des meilleurs talents. "
Conseils et contacts d'affaires
Charles Sirois veut que les jeunes entreprises québécoises à vocation internationale aient les moyens de grandir ici, au lieu d'être acquises par des sociétés étrangères. " Il faut mettre fin à la mentalité de succursales ", dit-il.
Le QG100 s'est donné pour mission d'" appuyer l'émergence à court terme de leaders mondiaux; contribuer à la pérennité de leurs positions dans la concurrence internationale; tirer profit de l'expansion des affaires à l'échelle globale au bénéfice de chacun des membres ".
En pratique, le QG100 organise des événements au cours desquels sont livrés, en toute confidentialité, des conseils et des contacts d'affaires aux plus petites entreprises afin de leur enseigner les meilleures pratiques de diversification des marchés et de leur apporter, à l'aide d'échanges directs, des solutions concrètes.
Ainsi, récemment, le pdg de Power Corporation a tenu chez lui une rencontre avec l'ambassadeur de Chine au Canada, a-t-on appris.
En plus d'échanges individuels, le réseau met sur pied des communautés de pratique, des forums ainsi que des missions internationales.
Une plateforme virtuelle de collaboration est aussi disponible pour les membres.
Des mentorés ravis
Les critères de sélection des plus jeunes entreprises varient selon les secteurs. Les entrepreneurs, eux, doivent satisfaire les critères suivants : le siège social de leur entreprise doit être au Québec; ils doivent avoir une stratégie à court terme pour devenir des chefs de file mondiaux; et leur entreprise doit présenter une réelle capacité de diversification des marchés tout en démontrant une croissance de ses activités.
Deux dirigeants recrutés par le QG100 sont ravis de leur expérience. " C'est un club de rencontre et de réseautage extraordinaire pour nous ", indique Eric Boyko, pdg de la firme de divertissement numérique Stingray Digital. Même satisfaction du côté de Pascal Pilon, dirigeant d'Averna, une entreprise qui teste les appareils électroniques, qui compte Apple et Research In Motion parmi ses clients : " Commercialiser, concevoir et fabriquer efficacement des produits et des services partout dans le monde ne s'improvise pas. La clé est de viser juste et de planifier, de structurer et d'adapter notre démarche à chaque pays auquel on s'adresse. Pour Averna, QG100 représente une occasion unique de partager et de s'inspirer de dirigeants et d'entreprises qui ont fait leurs preuves et qui ont à coeur d'en faire bénéficier des entreprises émergentes. "