Les faibles taux d'intérêt, le vieillissement de la population, les déficits actuariels des caisses de retraite et le besoin de meilleurs rendements pour l'épargne personnelle orientent la démarche de l'assureur originaire d'Édimbourg, qui veut renforcer sa présence comme gestionnaire de placements et fournisseur de services collectifs au Canada.
« Nous observons quelques tendances dans le marché canadien sur lesquelles nous allons capitaliser », annonce Charles Guay, président et chef de la direction de la filiale canadienne de Standard Life.
La filiale canadienne de l'assureur a récemment délaissé l'assurance vie individuelle pour se concentrer sur les produits de retraite, d'épargne et d'assurance collective. Cette orientation repose sur quatre constats, explique Charles Guay.
« D'abord, la progression des régimes de retraite à cotisations déterminées » est un marché que Standard Life entend occuper plus vigoureusement. Ensuite, « depuis une décennie, la hausse de l'espérance de vie et les rendements en baisse, les bas taux d'intérêt, tout ça fait en sorte que l'épargne personnelle prend de plus en plus d'importance ».
Puis, « le vieillissement de la population nécessite des produits qui misent notamment sur la protection du capital, sur des produits de revenu régulier, fiscalement avantageux ». Enfin, les gens nécessitent de meilleurs rendements, notamment une hausse de l'alpha, et aussi des stratégies de placement élargies, notamment les placements alternatifs, l'immobilier », observe Charles Guay.
Quant à l'assurance de personne, elle s'inscrit de plus en plus dans une offre globale d'avantages sociaux. C'est pourquoi l'assurance individuelle a été mise de côté. « L'assurance individuelle requiert beaucoup de capital et d'investissements, au contraire des produits de placement», dit David Nish, PDG du groupe, qui rencontrait les médias ce matin (mardi).
Ce dernier explique en outre que la nomination à la tête de la filiale canadienne de Charles Guay, qui s'est fait connaître pour le développement du secteur de la gestion de patrimoine à la Banque Nationale, illustre la migration de Standard Life vers un modèle d'affaires axé sur l'épargne à long terme, notamment.
« Pour être concurrentiel sur le marché canadien, qui est très mature, nous devons focaliser sur ce que nous faisons de mieux, soit l'assurance collective et la gestion de placement », poursuit-il, ajoutant que les revenus tirés du marché des prestations d'invalidité est plus attrayant pour un assureur. Ajoutons à cela les faibles taux, qui minent les rendements des assureurs dont une part importante des revenus est tirée de produits sensibles aux taux, comme l'assurance vie individuelle justement, et la manoeuvre de Standard Life n'a rien d'étonnant.
La gestion des fonds de caisse de retraite est un marché où Standard Life estime avoir l'avantage. « Les plateformes déployées par Standard Life sont intégrées, permettant l'accumulation de l'épargne personnelle, la gestion des régimes collectifs, des placements et des régimes d'actions », soutient Charles Guay.
La société se positionne également comme consultant en matière de retraite, disant pouvoir « personnaliser notre offre de placements ». Ainsi, pour les produits de retraite, les différents portefeuilles offerts aux cotisants des régimes de retraite « sont à la fois selon un profil de risque et également en fonction du cycle de vie », explique Charles Guay.
Les initiatives gouvernementales concernant l'épargne retraite -RVER, RPAC- constituent également une occasion de positionnement, estime pour sa part David Nish. « Il faut intégrer les gens dans un réflexe et une infrastructure d'épargne. Mais si on veut générer des rendements intéressants pour le long terme, on ne peut pas le faire avec seulement des produits de base.
Il faut y aller de solutions un peu plus sophistiquées c'est une avenue dans laquelle Standard Life entend s'engager. Il y a d'une part « la reconnaissance de marque » que la société estime pouvoir tirer de son implication dans les programmes gouvernementaux. Bref, on sème à long terme.
Mais le rapport coût-bénéfice est-il avantageux? On s'attend à des frais ne dé.passant pas les cent points de base pour le gestionnaire. « L'idée n'est pas tant de faire de l'argent avec cette offre que d'asseoir un éventail complet de solutions » pour l'investissement et l'épargne retraite, répond Charles Guay. Avec des produits génériques d'un côté et une offre complète incluant l'épargne retraite, les services d'investissements et l'assurance collective de l'autre. On déploie un continuum de services. »
Dans la distribution, les fonds à échéance, les fonds distincts, les fonds communs et les rentes sont au menu. « Notre stratégie repose notamment sur le renforcement des relations avec les réseaux en épargne collective, notamment, et aussi avec notre partenariat avec QTrade, qui offrent les fonds Méritas », permet de répondre à un éventail de besoins, poursuit Charles Guay.
Malgré qu'elle ait été moins affectée que ses concurrentes au Canada, Standard Life n'en nécessite pas moins quelques ajustements. D'où sa première émission de dette, sous la forme de débentures subordonnées d'une valeur de 400 M$, hier, qui a pris une tournure positive pour la société. « Le marché est très accueillant pour les nouvelles émissions, comme la soixantaine d'acheteurs qui ont souscrit notre offre le démontre », dit David Nish.
Cette émission servira «pour les besoins généraux» et pour rembourser une partie de la dette interne envers la société mère.
Au dernier trimestre, Standard Life enregistrait une diminution de 69 % de son profit par rapport aux 256 M$ enregistrés pour la période correspondante en 2011. L'assureur vie déclarait cependant des hausses un peu partout: hausse de 13 % des primes et des dépôts, hausse de 15 % des produits d'épargne et de retraite collectifs, 16 % pour les produits individuels. La Standard Life a aussi accru sa part de marché dans les fonds communs avec une hausse des ventes de 25 %, qui se sont établies à 106 M$.