Dix-huit entrepreneurs du Témiscamingue financent la remise en activité de l'usine de bois lamellé de Ville-Marie.
Claude Gagnon, président du comité de relance de l'usine LVL de Ville-Marie, au Témiscamingue, cherchait 850 000 $ auprès d'entrepreneurs locaux. Il a finalement récolté plus d'un million de dollars.
" Ça démontre tout l'intérêt que les gens d'affaires portent aux travailleurs de la région ", commente l'homme d'affaires qui pilote le projet de relance depuis janvier 2009. Au total, 18 investisseurs locaux ont répondu à l'appel. Qu'ils se spécialisent dans la construction, la pharmacie, l'immobilier ou la quincaillerie, ces propriétaires de PME ont accepté d'investir entre 25 000 et 100 000 $ dans l'usine de bois lamellé, qui appartenait auparavant à Temlam, une entreprise détenue à parts égales par Tembec et la Société générale de financement (SGF).
" C'est sûr que les investisseurs espèrent ne pas perdre d'argent, mais ils souhaitent surtout lancer la roue, créer un éveil dans la région ", explique M. Gagnon.
À court terme, ce sont 85 travailleurs qui reprendront le chemin de l'usine LVL, y compris une quinzaine de travailleurs de bureau. La production sera concentrée d'abord sur trois quarts de travail, cinq jours par semaine. Si la demande est au rendez-vous, la direction pourrait ajouter un quart de travail, ce qui ferait passer le nombre d'employés à 135.
Lorsque Temlam a fait faillite, en septembre 2008, l'usine fonctionnait sur quatre quarts de travail, sept jours sur sept, et employait 120 personnes.
Développer de nouveaux produits
Si tout se passe comme le souhaite le comité de relance, le prédémarrage de l'usine débutera d'ici quelques jours. Elle devrait alors pouvoir fonctionner à capacité normale d'ici le début novembre au plus tard.
La nouvelle entreprise entamera sa production avec des panneaux de bois lamellé (LVL, dans le jargon de l'industrie), comme ceux que fabriquait Temlam. Cependant, la direction prévoit la mise au point de nouveaux produits d'ici un an. Les panneaux actuels sont constitués d'une superposition de couches de bois déroulé d'une épaisseur maximale de deux pouces et quart.
" Si nous ne faisions pas de recherche et développement, nous ne serons plus là dans cinq ans ", dit M. Gagnon.
Le comité de relance a réussi à acquérir les droits d'exploitation des résultats de la recherche effectuée par Temlam, dont une méthode de production de panneaux à plis croisés. Avec cette technologie, les panneaux pourraient mesurer jusqu'à trois pouces et demi d'épaisseur, ce qui les rendrait plus solides. " Ce LVL à plis croisés répondrait à des besoins de résistance accrue, notamment pour des structures portantes. Il pourrait remplacer jusqu'à quatre pouces d'épaisseur de béton ", explique M. Gagnon.
Claude Gagnon, un pilote d'expérience
Le comité de relance a dû récolter un financement total de 8 millions de dollars. Les entrepreneurs locaux détiennent 55 % du capital-actions, alors que le Fonds de solidarité FTQ et Desjardins Capital de risque détiennent chacun une part de 22,5 %.
Une coopérative de travailleurs, qui verra le jour lorsque les employés entreront en poste, devrait également investir 150 000 $ dans l'aventure. Le reste des fonds provient de financements bancaires et de contributions remboursables des gouvernements fédéral et provincial.
Tout ce monde a été réuni par Claude Gagnon, un entrepreneur actif dans son milieu. Président de la Société de développement du Témiscamingue, M. Gagnon dirige Installations Electriques Gadi, une entreprise qu'il a fondée il y a 46 ans. Il investit dans l'immobilier et l'hôtellerie. Au début des années 1980, il a racheté puis redressé la chocolaterie régionale en faillite. L'entreprise, maintenant connue sous le nom des Chocolats Martine en l'honneur de la fille de M. Gagnon, a été vendue à des employés en 1989.