Cascades a manqué son coup l'an dernier en lançant son papier antibactérien au mois de mai. La saison de la grippe, propice à ce genre de produit, était terminée. L'entreprise de Kingsey Falls compte bien se reprendre cette année.
" Nous ne raterons pas l'hiver 2011, assure Nathalie Comeau, nommée récemment directrice innovation de la papetière. Nous travaillons actuellement à un deuxième lancement. Ce n'est pas le scénario qu'avaient prévu les frères Lemaire, mais ils comprennent la situation. "
Plus efficace que les gels antibactériens
Le papier essuie-mains " intelligent ", en instance de brevet, offre une protection antibactérienne de 30 minutes après son utilisation. Ainsi, après s'être lavé les mains, on peut sans danger saisir la poignée de porte de la salle de toilettes. Les gels antibactériens éliminent la plupart des bactéries présentes sur les mains, mais n'offrent aucune protection contre les autres qu'on peut attraper.
Ce papier intelligent, dit à valeur ajoutée, n'est offert pour l'instant qu'à des marchés ciblés, comme l'industrie alimentaire, le milieu hospitalier, les garderies, les hôtels, les restaurants et autres. Il coûte entre 10 et 15 % plus cher que les essuie-mains classiques.
Le retard de son lancement l'an dernier tient à des raisons administratives : " Notre papier est classé comme un cosmétique par Santé Canada, explique Mme Comeau. Pour entrer dans l'industrie alimentaire, nous avions besoin d'une lettre d'acceptation. Celle-ci a tardé. "
Par ailleurs, lier pharmaceutique et papier ne va pas de soi, admet Mme Comeau : " Il faut former nos gens à l'interne, nos distributeurs et les acheteurs. Il y a tout un volet éducatif qu'on ne soupçonne pas quand on lance un produit révolutionnaire. "
Cascades s'est donné pour objectif que d'ici trois ou quatre ans, 35 % des ventes de sa division papier tissu proviennent de produits à valeur ajoutée, comme le papier intelligent. Ceux-ci représentent maintenant 25 % des ventes, surtout grâce aux ventes des distributrices à essuie-mains plus écologiques, qui contrôlent mieux la consommation et que Cascades conçoit et fait fabriquer en sous-traitance.
Évidemment, la direction de Cascades est déçue du départ plus lent que prévu qu'a connu son produit.
" La patience n'est pas dans la culture de Cascades. Une partie de mon travail consistera donc à convaincre les frères Lemaire qu'innover prend du temps ", raconte Mme Comeau.
40 M $ pour l'innovation
La guerre des prix du papier hygiénique et des essuie-tout dans les grandes surfaces n'est pas très porteuse d'avenir pour les papetières. Cascades le sait bien, elle qui mise beaucoup sur l'innovation pour maintenir sa position.
" Nous sommes la seule papetière à avoir un laboratoire de recherche et développement au Canada, affirme Hubert Bolduc, vice-président, affaires publiques. Nous investissons 40 millions de dollars par année en R-D, soit 1 % de notre chiffre d'affaires. "
Entre autres produits en développement, il y a une boîte carton destinée à l'industrie de la pêche, qui conservera le poisson dans la glace pendant plus de 48 heures, un peu comme un thermos.
Par ailleurs, Cascades est un important producteur de barquettes en styromousse, ces assiettes rectangulaires sur lesquelles sont emballées les pièces de viande dans les supermarchés. L'entreprise québécoise cherche des façons de les rendre biodégradables.