" Je n'avais pas de plan d'affaires, seulement une idée ", raconte Sébastien Léonard à propos des débuts de ZEROCO2. Cette PME montréalaise propose aux entreprises et aux particuliers de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) par la plantation d'arbres, l'achat de crédits de carbone certifiés ou encore une combinaison des deux.
L'entrepreneur a eu cette idée pendant un voyage au Brésil réalisé dans le cadre de son MBA. " Il y avait de la publicité partout, sur les trottoirs, sur les arbres ", affirme M. Léonard, 39 ans. Alors, pourquoi ne pas consacrer une partie des budgets de marketing des entreprises à des actions environnementales responsables, comme la plantation d'arbres ?
Le premier gros client de ZEROCO2 a été Banque Nationale Assurances : 5 000 arbres ont été plantés dans le cadre de ce contrat, la majorité à Sorel-Tracy.
" Les arbres ont été plantés pour compenser la consommation en carburant des 3 000 premiers kilomètres des nouveaux souscripteurs possédant de petites voitures ", dit le président de ZEROCO2.
20 000 tonnes de CO2 en moins
Depuis sa création en 2006, l'entreprise a fait affaire avec des clients comme Deloitte, Weblocal.ca (un site Web propriété de Transcontinental) ou Mackage, plusieurs municipalités et des centaines de personnes. Elle a planté plus de 120 000 arbres dans la province, l'équivalent de plus de 200 terrains de football. Cela a compensé environ 20 000 tonnes de CO2.Tous les arbres sont plantés en zone urbaine et géopositionés, c'est-à-dire qu'on leur attribue des coordonnées satellites, afin que les parrains des plantations puissent les repérer.
Le site Internet de ZEROCO2 comprend un calculateur qui permet de déterminer la quantité de CO2 qu'on émet et le coût des options de compensation - arbres, crédits de carbone ou les deux. Par exemple, les entreprises peuvent découvrir quel est l'impact climatique de leur flotte de véhicules.
Pour compenser l'émission d'une tonne de CO2 - ce qu'émet en moyenne un appartement au Québec -, les clients ont le choix entre la plantation de six arbres au coût de 120 $ et l'achat d'un crédit de carbone de 20 $. Malgré cette importante différence de prix, M. Léonard dit que ses clients préfèrent les arbres.
" Le grand défaut des crédits de carbone, c'est que la majorité des projets de qualité se trouvent à l'échelle internationale, on ne les voit pas. Les gens veulent des actions tangibles et la plantation d'arbres est très concrète. " M. Léonard donne quelques exemples de projets financés par des crédits de carbone : le remplacement du bois indigène par des écorces de riz à titre de combustible pour une usine de production de céramique, au Brésil.
À défaut d'une bourse du carbone au Canada, les transactions de crédits se font sur le marché d'échange volontaire. Des normes, telles que le Gold Standard et le Voluntary Carbon Standard, ont été établies pour permettre une réduction vérifiable des GES.
" Ce sont des normes de certification privées, un peu comme ISO. Le marché du carbone lui-même les reconnaît comme les plus exigeantes sur le plan international ", explique l'entrepreneur. Les projets soutenus par les crédits de carbone de ZEROCO2 sont homologués par ces deux standards.