Après avoir connu l'été dernier la pire sécheresse en plus de cinquante ans, les agriculteurs américains se préparent à une nouvelle saison chaude, avec la ferme intention de s'adapter aux conditions météorologiques.
Quelque 80% des terres agricoles du pays, premier producteur mondial de maïs, avaient été touchées par des températures très élevées et l'absence de pluies à partir de juin 2012. Et 71% du territoire avait été déclaré sinistré par les autorités. Aujourd'hui, le manque d'eau affecte encore 53% de notre voisin du Sud.
Pour Bruce Rohwer, fermier dans l'Iowa et président de l'Association des cultivateurs de maïs établie à Des Moines, la capitale de l'Etat, il s'agit là d'un aléa intrinsèque à l'agriculture américaine. «Mon grand-père a connu la grande sécheresse des années 1930, mon père celle des années 1950, raconte-t-il. J'ai fait face dans ma carrière à plusieurs sécheresses et inondations. On ne peut que tenter de développer nos meilleures pratiques».
Les conséquences de la dernière sécheresse ont quand même été considérables. Alors que les rendements des cultures se sont effondrés, les prix du maïs et du soja ont battu des records et «la plus grande partie de l'impact sur les prix de l'alimentation à l'étalage est attendue en 2013», selon le ministère américain de l'Agriculture (USDA).
De nombreuses bêtes ont dû être envoyées à l'abattoir plus tôt que prévu, faute de nourriture sur des pâtures grillées par la chaleur ou d'aliments disponibles à un prix abordable. Cela étant, les agriculteurs, de leur côté, ont bien résisté.
Comment? Parce que les rendements auraient pu être encore pires s'ils n'avaient pas adopté des semences génétiquement modifiées, largement répandues et acceptées aux Etats-Unis, et particulièrement résistantes aux conditions très sèches.
De plus, l'envolée des cours des produits agricoles a rattrapé en partie les pertes. Et les assureurs ont compensé les dégâts avec des versements records de 14,7 milliards de dollars américains.
Selon une enquête menée auprès des fermiers de l'Iowa par l'Iowa State University, «la majorité des agriculteurs reconnaissent qu'on assiste à une forme de changement climatique, même si moins de la moitié pensent que les humains en sont la cause», indique Gene Takle, spécialiste des sciences du climat. Et d'ajouter : «Ils savent aussi qu'ils doivent s'y adapter».
Pour cela, les agriculteurs comptent beaucoup sur les avancées des OGM. Ils revoient aussi une partie de leurs habitudes, limitant par exemple le labour pour éviter trop d'évaporation et trop d'érosion des sols.
«Le secteur agricole américain devrait pouvoir faire face au changement climatique sur le court terme" grâce à la capacité des agriculteurs à s'engager dans de nouvelles pratiques», selon l'USDA.
Mais, ajoute l'administration, «d'ici 2050, quand la hausse moyenne des températures devrait atteindre 1 à 3 degrés celsius, et que les précipitations extrêmes s'intensifieront, les rendements des principaux produits agricoles et la rentabilité des exploitations devraient diminuer».