Les garçons aiment les voitures, les filles, les poupées… Les clichés ont la vie dure et subsistent dans les métiers, même si les entreprises essaient de lutter contre.
«Les filles sont très peu présentes dans les secteurs industriels, de l'automobile en passant par l'énergie et l'aéronautique. Il suffit de se rendre dans un magasin de jouets pour comprendre pourquoi», dit Marie-Sophie Pawlak, la présidente de l'association "Elles bougent", qui incite les adolescentes à davantage s'orienter vers des métiers dits "d'hommes". Et d'ajouter : «Pourtant, il est prouvé qu'une entreprise mixte à de meilleures performances».
Pour attirer les filles, Eurocopter, une filiale d'EADS, reçoit régulièrement des collégiennes dans ses usines. À la Courneuve, où l'on fabrique des pales d'hélicoptères, il y a seulement 17% de femmes. Et chez les techniciens, elles ne sont que 5%.
«Fabriquer des pales est tout à fait accessible aux femmes», explique Eric Darnault, directeur, ressources humaines, d'Eurocopter. «Les postes sont désormais ergonomiques», précise-t-il.
Accompagné de six collégiennes, M. Darnault parcourt les allées de son usine et leur présente les rares techniciennes qui travaillent sur les pales. Caroline, 19 ans, apprentie aux ajustages de structures, témoigne : «Pour moi, c'est un métier original. C'est ça qui m'a attiré. C'est pas comme la coiffure. Et puis, c'est avantageux d'être une fille dans un milieu d'hommes : il y a toujours quelqu'un pour m'aider».
«C'est un métier comme un autre, poursuit Mylène, agente de fabrication. L'année dernière j'ai fait les trois huit. Je suis jeune, ce n'est pas un problème pour moi.»
Opérations séductions
«Il y a des professions, comme celle d'ingénieur, auxquelles les filles ne pensent même pas», affirme Mme Pawlak. De fait, sur 750 000 ingénieurs en France, seulement 17% sont des femmes, selon les chiffres de la Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises d'Ingénieurs (CDEFI). Du coup, «il suffit qu'une fille sorte d'une école d'ingénieur pour qu'elle ait toutes les chances d'être rapidement embauchée», affirme-t-elle.
C'est pourquoi l'École Centrale de Paris, qui compte dans ses formations d'ingénieurs entre 18 et 20% de filles, fait campagne depuis quelques années dans les collèges et lycées. Il existe même un blogue, "Mademoiselle fait Centrale", qui vise à inciter la gente féminine à devenir "femme ingénieur".
Idem, l'Estaca, une école d'ingénieurs spécialisée dans les transports, tente aussi de recruter des filles en organisant des conférences, des journées portes ouvertes et des visites en entreprise. «Les filles ne sont a priori pas très intéressées par le secteur des transports, mais elles sont pourtant tout aussi compétentes que les hommes», souligne Pascale Ribon, la directrice de l'établissement. «Les entreprises recherchent activement des femmes parce qu'elles veulent de la mixité, qui garantit des visions différentes et une meilleure créativité», précise-t-elle.
Un apport indéniable
À la fin de 2011, les femmes représentaient 38% des conducteurs d'autocars et de cars scolaires en France. «Les femmes conductrices sont très appréciées, explique Raphaëlle Franklin, la directrice de l'OPCA-Transports. Elles ont une conduite économique et sécurisée, et elles apportent un plus grand soin au matériel. Les entreprises les apprécient aussi pour leur rigueur et leur capacité à résoudre les conflits.»
Conductrices de camions, techniciennes dans l'aéronautique, ingénieures, les femmes qui font des "métiers d'hommes" sont généralement très appréciées. «Pour bien travailler, il n'y a rien de mieux qu'un environnement mixte, car les hommes et les femmes ont des approches différentes, donc complémentaires, explique Mme Pawlak. Le hic, c'est que les stéréotypes sont autant dans la tête des hommes que dans celles des femmes.»
(Avec AFP.)