Loin, très loin devant Montréal et Québec, la ville québécoise qui se distingue le plus pour son dynamisme entrepreneurial est... Thetford Mines. C'est l'une des nombreuses surprises révélées par le classement 2014 «Les collectivités entrepreneuriales», publié par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), dont Les Affaires a obtenu copie.
Cette année, 121 villes canadiennes sont étudiées, soit celles qui comptent 20 000 habitants et plus. Selon Martine Hébert, vice-présidente et porte-parole nationale de la FCEI, «l'un des faits marquants cette année est que le Québec performe beaucoup moins bien qu'en 2013. Cette année, seulement cinq villes québécoises occupent le premier tiers du classement [parmi les 30 premières], contrairement à neuf l'année dernière. Il y a vraiment des efforts à faire pour se doter d'un esprit entrepreneurial.»
Les grandes villes québécoises font piètre figure : Québec se classe 82e et Montréal... bonne dernière. D'ailleurs, la plupart des grandes villes occupent le bas de la liste. Ainsi, Toronto est 110e et Vancouver, 101e. «Les plus grandes villes ont tendance à taxer plus et à dépenser plus, ajoute Mme Hébert. Elles sont moins sensibles aux besoins des PME.»
C'est en leur attribuant un indice relatif composé de 14 facteurs, regroupés en trois sous-groupes, que la FCEI classe ces 121 municipalités. La valeur de chacun des facteurs employés est déterminée par les résultats de sondages exclusifs ou par des données de Statistique Canada. Puisque certains sont exprimés en pourcentage et d'autres sous forme de ratios, ils sont tous pondérés sur une échelle allant de 0 à 100.
Enfin, certains indicateurs valent plus que d'autres. Les facteurs de la «présence» entrepreneuriale comptent pour 25 %, les facteurs du sous-groupe «perspectives», pour 35 %, et les indices de l'aspect des «politiques», pour 40 %.
Si l'aspect «politiques» a plus d'importance que les autres, c'est parce que la FCEI prend position en faveur d'une fiscalité allégée.
Louis Gaudreau, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques, tempère la valeur de ce classement. «Je remarque que les grandes villes, comme Toronto, Québec ou Montréal, se classent très mal sur le plan des politiques publiques. Ces grands centres doivent réaliser des arbitrages entre divers groupes sociaux, elles n'ont pas comme seule préoccupation l'entrepreneuriat. [Le classement] donne une idée de l'activité entrepreneuriale, mais pas de sa qualité. Pour mesurer l'essor ou la vitalité d'une ville, ça prend plus.»
Quoi qu'il en soit, les 10 villes québécoises qui arrivent en tête de liste recèlent d'innombrables stratégies entrepreneuriales. Les Affaires vous fait découvrir les principales.
Les 14 critères du classement des villes entrepreneuriales
Critères « présence » pour 25 points
> Augmentation des établissements commerciaux ;
> Établissements commerciaux par habitant ;
> Proportion des travailleurs autonomes ;
> Proportion d’entreprises dans les secteurs de l’information et de la culture.
Critères « perspectives » pour 35 points
> Prévision du rendement des entreprises1 ;
> Prévisions d’embauche de travailleurs à temps plein1 ;
> État de l’entreprise1 ;
> Qualité de vie ;
> Nombre de permis de construction alloués (sauf les permis résidentiels).
Critères « politiques » pour 40 points
> Taux de taxation municipale et équilibre entre taxes résidentielles et taxes commerciales et industrielles ;
> Coût de l’administration municipale1 ;
> Sensibilité de l’administration à l’égard des PME1 ;
> Règlements municipaux1 ;
> Inscription à PerLE, un service en ligne pour le démarrage d’entreprise.
1 Critères mesurés par des sondages menés par la FCEI. Les autres critères sont mesurés grâce à des données de Statistique Canada ou de divers paliers gouvernementaux.
Sources : Rapport « Les collectivités entrepreneuriales », 2014, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Institut de la statistique du Québec (les données démographiques sont des estimations pour 2013), ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations
1. THETFORD MINES
1er rang au Québec, 11e rang au Canada
Présence : 8,1/25
+Perspectives : 23,5/35
+Politiques : 31,7/40 = 63,3/100
Population : 25 675 (45e au Québec)
Développer une nouvelle qualité de vie
Non seulement l'ex-capitale de l'amiante a survécu à l'effondrement du marché de la fibre chrysotile, mais elle se classe maintenant première au Québec pour son dynamisme entrepreneurial. Un bond spectaculaire pour une ville construite par et pour l'industrie minière, qui y est éteinte aujourd'hui. Les Affaires s'y est rendu afin de connaître la recette de son succès.
S'il n'y a plus d'exploitation minière à Thetford Mines depuis 2011, les traces de ce passé sont visibles partout. La ville est entourée de hautes collines formées de résidus miniers, et les mines à ciel ouvert forment de profonds cratères laissés à l'abandon. D'aspect paisible, presque endormi, elle aurait pu, en toute logique, mourir à petit feu.
C'était sans compter sur la volonté de ses résidents, qui ont refusé de laisser le mauvais sort s'abattre sur leur localité. Deux d'entre eux, Sébastien Blais et Josselin Routhier, natifs du coin, s'apprêtent à transformer le centre-ville avec deux grands projets. Domaine Option Nature, un projet résidentiel, et la Cache du Domaine, un projet hôtelier, sont ensemble évalués à 24 millions de dollars.
«Les mines ont fermé, mais l'économie s'est diversifiée, expliquent-ils. Nous avons été sur le respirateur artificiel pendant sept ou huit ans, les gens attendaient que les mines redémarrent. Puis, on a dû se résoudre aux fermetures, et les shops ont grossi.»
«On n'a pas de problème d'emploi ici, assure Sébastien Blais. Beaucoup d'entreprises emploient des travailleurs à l'année. La semaine dernière, le site d'Emploi-Québec affichait plus de 150 emplois à Thetford. Ce qui manque, c'est la qualité de vie.»Aux grands objectifs les vastes chantiers. Au coeur de la ville, les deux associés sont en train de creuser un lac artificiel afin d'accueillir les amateurs de ski nautique et de planche, et de grandes compétitions dans ces sports.
Autour de ce bassin vient se greffer le projet résidentiel Domaine Option Nature, qu'ils développent avec l'aide et le soutien financier de deux autres partenaires. Ce sont près de 150 terrains, vendus environ 100 000 $ chacun. «À 4 $ ou 4,50 $ le pied carré, c'est quatre fois moins cher qu'en banlieue de Québec, affirme M. Routhier.» Déjà, une quarantaine de ceux-ci sont vendus, et les premiers travaux de construction devraient débuter au printemps 2015.
Les acheteurs sont libres de choisir leur entrepreneur, pour que «tout le monde puisse en profiter», affirment les associés. Certaines normes de construction doivent toutefois être respectées, afin de donner un aspect plus homogène au quartier et de conserver la valeur de revente.
En parallèle, ils développent le complexe hôtelier la Cache du Domaine, en partenariat avec les propriétaires de la Cache à Maxime, un établissement de la Beauce. Il s'agit d'un hôtel de 53 chambres qui surplombera le lac, auquel s'ajoutera probablement un spa. Un projet qui verra le jour à condition que MM. Blais et Routhier remportent l'appel d'offres de la Ville pour bâtir le futur centre des congrès municipal.
Le contrat devrait être attribué en janvier, espèrent les deux partenaires. «Permets-moi d'en douter», lance Josselin Routhier, laconique, quant au calendrier prévu. À Thetford Mines, le projet de construire un centre des congrès est reporté depuis une décennie.
Création d'un écosystème entrepreneurial
Parmi les 10 villes québécoises les mieux classées, Thetford Mines se distingue par deux aspects. La confiance des PME (calculée selon leurs prévisions de rendement pour l'année qui vient) y est nettement plus élevée que la moyenne, avec un score de 69,7. En contrepartie, les entrepreneurs sont également beaucoup plus nombreux, à 64,3 %, à penser que le coût de l'administration municipale pose problème.
«À l'extérieur de Thetford Mines, on ne parle que d'amiante, soutient Luc Rémillard, le directeur général de la Société de développement économique locale. Mais nous battons des records de croissance ! Un de nos atouts, c'est que les mines employaient plusieurs corps de métier. Quand elles ont fermé, ces travailleurs spécialisés ont fondé leur propre entreprise, parce qu'ils n'avaient pas le choix.
«Notre communauté a développé tout un écosystème d'entrepreneuriat. On organise même la semaine "Le goût d'entreprendre" dans nos écoles, où l'on sélectionne des jeunes de la 3e à la 5e année du secondaire pour un camp d'été d'entrepreneuriat gratuit», ajoute M. Rémillard.
Dans la région administrative Chaudière-Appalaches, où se situe Thetford Mines, le taux de chômage en 2013 était de 5,4 %, alors qu'il était de 7,6 % en moyenne au Québec. Selon les mêmes données du ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec (MÉIE), la situation démographique actuelle de la région va plomber la croissance. Selon les projections, la population thetfordoise devrait s'accroître de seulement 1,9 % entre 2016 et 2021 par rapport à 3 % au Québec.
Il y a donc pas assez de main-d'oeuvre pour occuper tous les postes spécialisés à pourvoir. Le salaire annuel moyen y est aussi moins élevé que la moyenne québécoise, soit de 25 859 $ comparativement à 26 347 $, selon les données du MÉIE pour 2012.
2. SAINT-GEORGES
2e rang au Québec, 12e rang au Canada
Présence : 8,8/25
+ Perspectives : 21,7/35
+ Politiques : 32/40 = 62,5/100
Population : 32 051 (34e au Québec)
L'entraide
«Si je recule dans le temps, il y a 50 ans, nous étions quasiment une île, tellement il y avait peu d'accès routiers vers l'extérieur. Les gens ont dû se prendre en main et compter sur eux-mêmes pour développer Saint-Georges et la région, raconte Claude Morin, directeur général et commissaire industriel au Conseil économique de Beauce.» La tradition se poursuit aujourd'hui, alors que la Beauce et sa capitale affichent une culture entrepreneuriale dynamique, qui se reflète d'ailleurs dans un taux de chômage très faible (5,4 %, comparativement à 7,6 % en 2013 pour l'ensemble du Québec). La propriété des entreprises est encore locale, et la communauté d'affaires, très liée. «Quand la conjoncture est moins favorable, il y a beaucoup d'entraide, souligne M. Morin. J'ai vu beaucoup d'entrepreneurs qui se sont acheté des parts, quitte à se les revendre ensuite, pour se donner un coup de main.» Autrefois très présente, l'industrie textile s'est éteinte au rythme de la délocalisation. Mais les entreprises manufacturières tiennent encore le haut du pavé, notamment dans la transformation du bois et des produits métalliques. De grands équipementiers, comme le Groupe Canam et le fabricant de semi-remorques Manac, sont d'ailleurs des réussites locales. «Environ 250 entreprises manufacturières sont établies dans notre MRC, dont la moitié à Saint-Georges, précise Claude Morin ; c'est énorme. [...] Nos entreprises investissent beaucoup en ville, ajoute-t-il, citant en exemple des circuits pédestres financés par l'industrie. Il y a beaucoup de fierté ici.»
3. ROUYN-NORANDA
3e rang au Québec, 19e rang au Canada
Présence : 7,2/25
+ Perspectives : 25,3/35
+ Politiques : 27,8/40 = 60,3/100
Population : 41 904 (27e au Québec)
Tissée serré
Le dynamisme entrepreneurial de Rouyn-Noranda s'explique en partie par le récent boom minier. Mais si l'exploitation des ressources est une manne, c'est aussi un déclencheur que la communauté a su saisir. «Au début, les entreprises ne bâtissaient que des mines. Maintenant, elles fournissent des produits, ce qu'on ne voyait pas auparavant», explique Jean-Claude Loranger, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda. Ces entreprises ont atteint un niveau de maturité suffisant, «une masse critique», ajoute M. Loranger, qui est également directeur de la Caisse Desjardins locale. «Ça leur permet de répondre à des appels d'offres importants. Maintenant, nos entreprises travaillent dans l'Ouest canadien, comme dans le Nord québécois. D'ailleurs, nous sommes très bien positionnés pour profiter du Plan Nord.» Et la taille de la communauté permet aussi aux entreprises d'être «tissées serré». «Dans un grand centre comme Montréal, c'est difficile pour un entrepreneur de se faire connaître et d'obtenir du soutien. C'est tellement important, le réseautage. Par exemple, quand une de nos entreprises a travaillé dans un projet minier en Ontario, elle a recommandé plusieurs autres entreprises de chez nous.»
4. Victoriaville
4e rang au Québec, 23e rang au Canada
Présence : 9/25
+ Perspectives : 21,3/35
+ Politiques : 29,7/40 = 60/100
Population : 44 607 (26e au Québec)
Priorité aux manufacturiers
«Le monde municipal nous a donné tous les outils pour bien nous classer au chapitre de l'entrepreneuriat, affirment Chantal Marchand et René Thivierge, respectivement responsable des communications et directeur général à la Corporation de développement économique de Victoriaville. Si un projet est porteur, nous allons tout faire pour répondre aux besoins de l'entrepreneur.» La stratégie repose surtout sur l'attraction d'entreprises manufacturières. Toutes proportions gardées, «nous en avons déjà deux fois plus que la moyenne du Québec, dit René Thivierge. Et l'industrie de la transformation génère deux fois plus d'emplois que l'industrie des services». Les entreprises manufacturières bénéficient d'un congé de taxes foncières pendant leurs quatre premières années d'activité. Et la cinquième année, d'un rabais de 50 %. En ce moment, les investissements privés abondent. La vénézuélienne Sural, qui transforme de l'aluminium, est en train de construire une usine au coût de 60 millions de dollars. Lactalis, une autre entreprise de l'Hexagone, a injecté 40 M$ pour agrandir son usine. La Ville a même cédé une portion de rue pour soutenir le projet. Les autorités ont aussi transformé une partie du parc industriel en Écoparc, en intégrant des éléments de développement durable (piste cyclable, aire de repos, système de drainage spécial, etc.). Les entreprises qui s'y installent doivent respecter des normes environnementales précises, comme une charte de construction.
5. RIVIÈRE-DU-LOUP
5e rang au Québec, 26e rang au Canada
Présence : 10/25
+ Perspectives : 15,1/35
+ Politiques : 34,3/40 = 59,4/100
Population : 19 705 (59e au Québec)
Virage vert
«Notre région est réputée pour sa diversité entrepreneuriale, lance d'entrée de jeu Marie-Josée Huot, directrice générale du Centre local de développement de la région. C'est très éclaté. Quant à ce qui nous distingue, c'est l'industrie de la tourbe, avec des entreprises comme Berger et Premier Tech, qui font beaucoup plus que de la simple exploitation.» Le Bas-Saint-Laurent représente 45 % de la production québécoise de tourbe, un secteur qui emploie près de 1 500 personnes dans la région, selon le MÉIE. Cette matière est utilisée notamment pour la filtration (de l'air, des eaux usées), les soins corporels, l'agroenvironnement et l'absorption écologique. Rivière-du-Loup a pris un virage vert, et de grands projets dans le secteur des énergies propres ont été entrepris. Au printemps 2015, une usine de biométhanisation, une première en Amérique du Nord, verra le jour en périphérie, à Cacouna. Les déchets organiques y seront entre autres transformés en biogaz, utilisé dans l'industrie des transports. L'industrie de la biomasse s'est également implantée dans la région. Avec des granules de bois (saule), la technologie permet de remplacer le mazout comme combustible, avec tous les avantages écologiques qui en découlent. Si le dynamisme entrepreneurial de la ville est aussi marqué, «c'est une question d'histoire, assure Marie-Josée Huot. La présence des gouvernements est forte à Rimouski, il y a beaucoup d'emplois dans la fonction publique. Puisque nous n'avons pas ça, nous devons nous arranger autrement. C'est quand ça va moins bien qu'on se lance en affaires au Québec...»
6. DRUMMONDVILLE
6e rang au Québec, 31e rang au Canada
Présence : 7,7/25
+ Perspectives : 21,3/35
+ Politiques : 30,1/40 = 59,1/100
Population : 73 811 (14e au Québec)
Grands espaces
L'emplacement de Drummondville, à la jonction des autoroutes 20 et 55, lui confère un grand avantage stratégique. «Près de 70 % de la population québécoise se trouve à moins de 90 minutes d'ici, précise Francis Jutras, responsable des communications à la Société de développement économique local. Le marché américain est aussi facilement accessible.» Environ 75 entreprises de transport y sont établies, ainsi que le Pôle d'excellence québécois en transport terrestre. Le prix des terrains y est nettement moins élevé qu'en périphérie des grands centres urbains, un atout pour les industries qui requièrent de l'espace. Ainsi, plusieurs entreprises textiles, des entrepôts et des manufactures en tout genre s'y retrouvent. La française Soprema, spécialisée dans les membranes d'étanchéité, vient d'y construire une troisième usine au coût de 43 M$. Drummondville compte aussi parmi ses atouts une très faible activité sismique. Une condition essentielle pour le nouveau centre de données d'Hydro-Québec, qui a choisi Drummondville pour ce projet de 125 M$. Et ce n'est pas le seul : l'entreprise Colo-D, par exemple, héberge un centre de données dans la ville depuis 2013. Dès janvier 2016, un nouveau campus de l'Université du Québec à Trois-Rivières, au coût de 24 M$, y ouvrira ses portes.
7. VAL-D'OR
7e rang au Québec, 37e rang au Canada
Présence : 7,5/25
+ Perspectives : 22,2/35
+ Politiques : 27,3/40 = 57/100
Population : 32 967 (33e au Québec)
Tributaire des minières
La vitalité économique de Val-d'Or et des villes avoisinantes (dont Malartic et Senneterre) est bien sûr étroitement liée à l'activité minière et forestière. Elles misent aussi sur un troisième créneau d'excellence régional, l'agriculture nordique axée sur la production bovine, mais son importance relative reste négligeable. La proportion des emplois dans le secteur primaire est cinq fois plus élevée dans cette région que la moyenne québécoise. Les emplois générés sont bien rémunérés, notamment par les minières. Le revenu disponible par habitant en Abitibi-Témiscamingue est même plus élevé qu'au Québec (27 794 $ par rapport à 26 347 $ en 2012). L'industrie minière se porte relativement bien. Malgré un ralentissement en 2014, la valeur des investissements dans cette industrie demeure importante (près de 1 milliard de dollars cette année). Reste que certains fournisseurs se portent mieux que d'autres. «Cela est lié au cycle d'exploitation, explique Pierre Dufour, directeur général du Centre local de développement de la Vallée-de-l'Or. En ce moment, les entreprises liées à la production, comme Hydraulique Val-d'Or et Pro-Ab Équipements, qui construit des tracteurs miniers, se portent bien. L'industrie du forage, en amont, qui s'occupe de chercher des gisements, tourne au ralenti.»
8. SHERBROOKE
8e rang au Québec, 40e rang au Canada
Présence : 8,7/25
+ Perspectives : 20,4/35
+ Politiques : 27,7/40 = 56,8/100
Population : 160 745 (6e au Québec)
Pôle universitaire
Si la région affiche un taux de chômage plus avantageux que la moyenne (6,3 % en 2013), c'est parce qu'elle a su miser sur la force d'attraction de ses universités. L'Université de Sherbrooke et, dans une moindre mesure, l'Université Bishop's sont des plaques tournantes en recherche et développement, notamment dans les sciences de la vie et les nouvelles technologies. Ensemble, elles totalisent 50 M$ en budget de recherche dans le créneau Biotech Santé, un des créneaux ACCORD (Action concertée de coopération régionale de développement) du gouvernement québécois. Avec entre autres le Bureau de liaison entreprises-universités (BLEU) et la Société de commercialisation et valorisation de l'Université de Sherbrooke, ce pôle universitaire collabore étroitement avec les entrepreneurs innovants. «Notre faculté de médecine,contrairement à celle de Québec, se trouve à l'intérieur du Centre hospitalier», explique Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopole, pour illustrer cette synergie. «Nous offrons un guichet unique aux entrepreneurs, ajoute-t-elle. Pas besoin de cogner à plusieurs portes, nous offrons tous les services sous notre toit. Par exemple, quand des entreprises ont émis le souhait de recevoir des conseils en propriété intellectuelle, nous avons organisé des formations.»
9. SOREL-TRACY
9e rang au Québec, 49e rang au Canada
Présence : 6,4/25
+ Perspectives : 16,1/35
+ Politiques : 32,9/40 = 55,4/100
Population : 34 826 (31e au Québec)
Miser sur le développement durable
«Après avoir vécu des années rock-and-roll, pendant lesquelles les chantiers maritimes ont fermé et de gros acteurs sont partis, l'économie s'est diversifiée», explique Marcel Robert, directeur général de la Chambre de commerce de Sorel-Tracy. «Mais ce n'est pas encore suffisant», dit-il. En 2005, l'administration municipale adopte l'Agenda 21, un plan stratégique visant à développer une industrie axée sur le développement durable. Dès 2012, la technopole en écologie industrielle est certifiée, une première au Québec. Ce centre urbain s'ajoute au Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), installé depuis une décennie. Ce triumvirat tente non seulement de faire le lien entre l'enseignement, la recherche et l'industrie, mais cherche aussi à attirer des entreprises dans de nouveaux créneaux entrepreneuriaux. En prime, la française Alstom a récemment inauguré une usine pour fabriquer les nouveaux wagons du métro de Montréal.
10. JOLIETTE
10e rang au Québec, 55e rang au Canada
Présence : 8,8/25
+ Perspectives : 15,2/35
+ Politiques : 30,7/40 = 54,7/100
Population : 20 358 (54e au Québec)
Culture entrepreneuriale
La fermeture de l'usine Electrolux de L'Assomption, l'été dernier, a été un choc pour l'économie. Près de 1 300 travailleurs ont alors perdu leur emploi. «Je ne vais pas mentir. Ça nous a fait mal», admet Nicolas Framery, directeur général du Centre local de développement (CLD) de Joliette. Il reste toutefois optimiste. «La région de Joliette a une forte tradition d'entrepreneuriat, explique-t-il. Je pense par exemple à la famille Harnois. Au fil des ans, ils ont connu de grandes réussites dans des industries très variées, des serres aux restaurants Benny, en passant par le pétrole.» Afin d'attirer des entrepreneurs, le CLD vient même de tenir sa première journée «petite séduction».