La machine à rumeurs s’est emballée dès l’annonce du retrait de Christian Bélair à la présidence du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, en octobre. Il lève maintenant le voile sur le projet auquel il travaille avec trois autres cofondateurs, en secret depuis quelques mois. Portrait de la naissance de Credo, une boîte de production et accélérateur de projets qui vise à changer le monde.
C’est dans le café du centre-ville de Montréal qui leur sert de quartier général que les quatre jeunes entrepreneurs ont reçu Les Affaires. « LP Maurice s’est rendu compte qu’il fallait absolument créer une entreprise afin de transformer des idées en actions. Pas juste nos projets, ceux des autres également », affirme Marie-Eve Boisvert, longtemps associée à l’Équipe Spectra et C2MTL, aujourd’hui associée et vice-présidente aux opérations de Credo.
« Je ne suis sûrement pas le seul à vouloir lancer des projets, renchérit LP Maurice, président de Busbud ainsi qu’associé et cofondateur de cette nouvelle jeune pousse. Et si je veux assurer la pérennité de ces projets-là, il nous faut une permanence. En discutant individuellement avec mes trois autres collègues, l’idée de s’impliquer dans notre communauté, de rendre le monde meilleur revenait tout le temps. »
L’entrepreneur en série décide alors de présenter Marie-Eve Boisvert à Christian Bélair, qui sera président et chargé du développement des affaires, puis à Stéphanie Brisson, dorénavant associée et chargée de projets, et ainsi de suite. « C’était comme des blind dates, raconte Marie-Eve Boisvert en riant. On ne se connaissait pas, c’est LP Maurice qui a été la pierre angulaire de notre rencontre. Et au-delà de nos profils LinkedIn, la chimie a opéré. Nous avons sensiblement les mêmes valeurs et nous sommes complémentaires », précise-t-elle.
La chimie entre les quatre est palpable, sincère, alors que leur enthousiasme débordant est contagieux. « Credo, c’est comme une équipe SWAT, illustre Christian. L’idée, c’est de réaliser le meilleur projet, le plus rapidement et le plus efficacement possible. Prendre une idée, la raffiner et la concrétiser. Il y a un côté start-up à notre entreprise. Nous sommes de cette génération-là, la “génération start-up” qui est agile et qui a accès à des outils technologiques développés. Mais au-delà de la question des générations, il y a un changement de paradigme, dans lequel les enjeux sont pris en considération et les entrepreneurs veulent avoir un impact positif sur leur communauté. »
Une structure souple
Les projets fusent déjà de toutes parts pour l’accélérateur, nous assurent-ils. Pour l’heure, Credo a inscrit dans son carnet de commandes de 2015 la deuxième édition de la Tournée des Entrepreneurs et pilotera également la troisième édition de Portes ouvertes Start-up. « Nous allons toutefois nous garder du temps pour démarrer de nouveaux projets, promet le nouveau président. Nous allons croître à l’interne. Plus nous aurons de mandats, plus l’équipe s’agrandira. » L’équipe pourra également compter sur un bassin de collaborateurs potentiels. D’ailleurs, son bureau, angle Maguire et Casgrain dans le Mile-End, comptera une annexe pour un espace de travail collaboratif (coworking), où l’équipe pourrait justement dénicher des collaborateurs.
« Pour certains mandats, nous allons approcher nous-mêmes les organisations, entreprises ou individus avec lesquels nous voulons travailler, explique Christian Bélair. À l’inverse, nous voulons aussi être approchés par ceux qui ont de bonnes idées. Notre structure n’est pas rigide, nous voulons surtout être passionnés par nos projets ! »
Peu importe le projet. De l’événementiel, oui, mais pas seulement. Afin d’être considérée par l’équipe, l’idée, aussi embryonnaire soit-elle, doit détenir le potentiel de créer un impact positif mesurable dans la communauté. Puis, celle-ci doit s’inscrire dans l’un ou l’autre des cinq piliers de Credo : santé, environnement, éducation, arts et culture, et entrepreneuriat, sciences et technologies.
À peine lancé, Credo peut compter sur l’appui de deux géants de la communauté d’affaires québécoise qui seront membres de leur comité consultatif. Des mentors qui ajoutent une couche de crédibilité à l’entreprise, soit le dragon et investisseur Alexandre Taillefer et Pierre Nelis, connu entre autres pour son engagement dans Softimage et Inno-centre.
À l’instar de la structure, le cadre financier est souple, afin de s’ajuster à chaque cas. Certains projets « internes » seront soutenus par des partenariats, les autres, « externes », seront facturés à l’heure ou au projet.