Depuis une vingtaine d'années, les produits du terroir québécois sont de plus en plus populaires, et les champignons forestiers ne font pas exception.
D'ici 2020, les retombées économiques de la cueillette des champignons forestiers atteindront 100 M$ au Québec, estime André Fortin, chercheur émérite au Centre d'études sur la forêt de l'Université Laval. «En Espagne, la petite province de Castilla y Leon possède une industrie de 100 M$ grâce aux champignons, et le quart des bénéfices provient du mycotourisme. Avec une superficie 30 fois plus grande, on est capable d'en faire autant», dit-il.
La clé pour y parvenir : former des cueilleurs. En 2011, une première formation pour cueilleurs professionnels a été dispensée au Cégep de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. Depuis, plus de 300 personnes ont complété cette formation, qui est aussi donnée dans Charlevoix et à La Pocatière. De plus, des milliers de personnes ont suivi des formations courtes partout au Québec au cours des dernières années. À elle seule, la Mycoboutique, située sur la rue Saint-Denis, à Montréal, initie près de 600 personnes par an à la cueillette de champignons sauvages. Ces cohortes de cueilleurs font en sorte que la ressource est plus accessible que jamais.
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«J'avais quelque chose à me prouver» - Pierre-Simon Murdock, de Morille Québec
Simon-Pierre Murdock a flairé la bonne affaire alors qu'il étudiait la biologie à l'Université du Québec à Chicoutimi. En 2008, il lance Morille Québec, une entreprise qui s'est rapidement démarquée sur le marché québécois en misant sur des volumes de commercialisation importants pour approvisionner 450 épiceries de la province et de l'Ontario. «Un de nos plus grands défis est d'assurer un approvisionnement stable pour fournir les clients et assurer notre croissance», souligne M. Murdock. Pour y parvenir, Morille Québec fait affaire avec des cueilleurs de toutes les régions du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l'Ouest canadien. Cinq personnes travaillent à plein temps pour l'entreprise qui commercialise annuellement de 15 à 20 tonnes de champignons.
Selon François-Xavier Fauck, qui a lancé Chapeau les bois ! en 2011 avec Céline Dufour, la professionnalisation de l'industrie permettra de faire connaître les champignons du terroir au grand public. «Le cahier des charges, qui vient d'être réalisé en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, aidera à créer une structure de récolte et de conditionnement du bois à l'assiette», dit l'entrepreneur, qui a doublé son chiffre d'affaires au cours des deux dernières années.
Gérald Le Gal s'est lancé dans la commercialisation des champignons forestiers comestibles en 1992. Après des débuts difficiles, il commercialise aujourd'hui de cinq à huit tonnes de champignons chaque année grâce à un réseau de plus de 100 cueilleurs. Depuis deux ans, la croissance est de 20 % par an, et la diversification est au rendez-vous. «Le tourisme a représenté 12 % de notre chiffre d'affaires l'an dernier. Éventuellement, on compte atteindre 33 % avec la construction d'une boutique et d'un bistrot», soutient le propriétaire de Gourmet sauvage. Prochaine étape pour l'industrie : développer le mycotourisme et la transformation des champignons à plus grande échelle. Récemment, Chapeau les bois ! a d'ailleurs mis en marché une nouvelle bière à base de champignon Chaga, qui possède des vertus médicinales et contient plus d'antioxydants que le vin ou le jus de grenade.
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