PRIMEUR. Le marché montréalais n’est pas trop congestionné pour les véhicules libre-service de Car2Go, assure l’entreprise allemande qui fait des démarches auprès de la ville pour obtenir des places de stationnement. Tous ne partagent pas cet avis.
« Nous savons que vous avez un service d’autopartage traditionnel [Communauto], que vous avez le BIXI et de vibrantes sociétés de transport en commun, répond Katie Stafford, responsable des communications de Car2Go. Nous croyons que notre offre est complémentaire et qu’elle s’intègre bien aux autres services. »
Car2Go fait du lobbying auprès de la Ville de Montréal pour obtenir des permis de stationnement, révélait LesAffaires.com jeudi dernier. Car2Go est une filiale du constructeur automobile allemand Daimler, qui possède les marques Mercedes-Benz et Smart. Elle est présente dans une vingtaine de villes européennes et nord-américaines, notamment Vancouver, Calgary et Toronto.
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Le « libre-service » de Car2Go diffère un peu de celui d’« autopartage » de Communauto. Le concept de l’entreprise allemande ressemble à celui du BIXI. L’utilisateur peut emprunter les automobiles sans réservation et sans obligation de les rapporter au même endroit
En entrevue téléphonique depuis ses bureaux d’Austin au Texas, Mme Stafford précise que le projet de s’implanter à Montréal est à ses débuts. Elle n’a pas voulu s’avancer sur le moment où il serait lancé.
« En moyenne, Car2Go emploie une dizaine de personnes par ville, explique-t-elle. Son parc automobile peut être formé d’entre 200 et 1000 véhicules. »
Suffisamment de place?
Laval Bilodeau, président du Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal, ne voit pas d’espace vacant pour un nouveau joueur. « Déjà, il n’y a pas de place pour stationner les taxis, déplore-t-il. Dans certains endroits achalandés, nos membres s’exposent au risque de recevoir une contravention ou ils doivent tourner en rond sans passager. Disons que nous n’allons pas appuyer cette démarche.»
La Ville devrait réfléchir avant d’accorder les permis à Car2Go, croit Florence Junca-Adenot, professeure d’urbanisme de l’ESG UQAM. « Il n’y a pas d’intérêt pour les clients ou pour la société », tranche celle qui a dirigé l’Agence métropolitaine de transport de Montréal (AMT) de sa création en 1996 à 2003.
« Il n’y a pas d’intérêt à affaiblir Communauto, l’organisme qui fonctionne le mieux dans ce domaine-là lorsqu’on compare à ce qui se fait dans les autres métropoles, précise-t-elle. On a une PME qui a développé un service communautaire qui marche bien et qui est intégrée à l’offre de transport collectif et actif. Si on veut essayer le libre-service, qu’on le fasse avec Communauto. Qu’il [Car2Go] s’essaie ailleurs, là où il n’y a pas de services.»
Dans une situation normale, l’arrivée d’un concurrent est de bon augure pour les consommateurs tandis qu’on exerce une pression sur les prix et qu’on diversifie les services, admet Mme Junca-Adenot. Sauf que dans ce cas, Communauto limite son pouvoir monopolistique avec ses ententes avec les taxis et les sociétés de transport en commun. De plus, la professeure juge que le tarif de 0,38$ à la minute de Car2Go est élevé.
Communauto reste sereine
Communauto ne craint pas de voir Car2Go dans son angle mort. Les activités des deux entreprises ne sont pas de la même nature, défend Marco Viviani, son directeur des relations publiques, qui évoque les mêmes différences que la porte-parole de son concurrent, Katie Stafford.
Si l’automobile libre-service devait prendre d’assaut les rues de la métropole, Communauto croit qu’elle a une longueur d’avance sur son concurrent. Elle fait des démarches depuis le printemps 2011 afin de développer une offre « libre-service ». La décision est cependant difficile à rendre puisque plusieurs éléments doivent être pris en considération, notamment l’impact sur les propriétaires de taxi. « La Ville n’est pas prête à nous répondre », commente M. Viviani, joint à Paris où l’entreprise québécoise tente de percer le marché.