Les grands collectionneurs de voitures ne sont pas légion au Québec. «Les plus belles voitures font partie de quelques collections privées qu'on peut compter sur les doigts de la main», souligne Gilbert Bureau, fondateur du club des Voitures anciennes du Québec.
Il y a les frères Demers, dont la collection de près de 600 voitures vaudrait entre un et deux milliards de dollars. Lino Saputo posséderait quelque 200 automobiles, dont un grand nombre de Cadillac. Le milliardaire montréalais Lawrence Stroll, propriétaire entre autres du circuit Mont-Tremblant et passionné de F1, aurait une impressionnante collection de Ferrari.
«Les collectionneurs québécois nantis achètent hors frontière, dans des encans ou autres manifestations de même nature», note M. Bureau. Mais rares sont ceux qui veulent en parler publiquement. Portrait de deux collectionneurs passionnés de belles voitures.
Le collectionneur-investisseur
En 1997, lors d'un voyage à Chicago, Richard Petit se rend dans une «cour à scrap». Il y achète un Futurliner, un des 12 autobus géants de style Art déco construits par GM dans les années 1940 et 1950 en vue de promouvoir le progrès. Acheté 10 000 $ US en piteux état, puis remis à neuf et loué comme véhicule publicitaire pour les téléphones Fido, Richard Petit le revendra neuf ans plus tard... au prix de 4 M$ US !
«Je pensais le vendre 500 000 $», dit le président-fondateur de l'entreprise montréalaise Kebecson qui se dit avant tout un passionné de voitures.
«Ce n'est pas l'argent qui me motive, mais surtout le plaisir de conduire une auto que j'aime».
Richard Petit a acheté sa première voiture à 16 ans, en 1974, une Mustang 1967. «Je l'ai payée 300 $, installé un super système de son, puis je l'ai revendue 600 $ un an ou deux plus tard», se souvient celui qui travaillait alors dans un lave-auto, avant de devenir mécanicien puis d'acquérir un petit commerce audio de la rue Saint-Denis, devenu un leader en images et son.
Au fil des ans, Richard Petit s'est constitué une collection d'autos des années 1960-1970 qui comprend entre autres deux Alfa Romeo, deux Fiat 500 et une Citroën DS. Il a déjà possédé une Jaguar de 1962 et une Corvette Stingray de 1967, et empoché un important profit à la revente. Puis, il y a deux ans, il dit avoir fait son entrée «dans les ligues majeures», en acquérant des voitures d'une valeur supérieure à 500 000 $. «C'est mon côté plus investisseur», dit-il.
En compagnie d'un ami, il a payé 2 M$ une Ferrari 275 GTB/4 jaune de 1967 qui vaudrait aujourd'hui plus de 5 M $. En mars 2014, lors de la vente aux enchères d'Amelia Island, en Floride, les deux comparses ont acquis une Mercedes-Benz 300 SL Roadster 1957 qui a appartenu à l'actrice américaine Natalie Wood. Le prix payé, soit 1,84 M $ US, était légèrement supérieur à sa valeur, estimée entre 1,4 et 1,75 M $ US.
Richard Petit ne s'intéresse pas seulement aux vieilles voitures. Ses autos de tous les jours, une Smart et une Tesla, sont des modèles électriques. Il n'est surtout pas question de conduire ses voitures de collection à Montréal, où «les routes sont pleines de trous et les autos de moins en moins les bienvenues».
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Le fan de voitures britanniques
«Je n'ai jamais acheté une auto en me disant que j'allais faire un coup d'argent. J'achète par passion, pour le plaisir des autos et de conduire», lance d'entrée de jeu Pierre Marchand, fondateur et ex-propriétaire de Musique Plus, qui gère aujourd'hui sa propre maison de production de spectacles, de disques et d'émissions de télé.
Pierre Marchand a acheté sa première voiture en 1982, une Triumph TR7 neuve. Il s'en souvient d'autant plus qu'il la possède encore, comme la majorité des autos qu'il a acquises au fil des ans. Payée 11 000 $, elle vaut le même prix aujourd'hui. «Elle a surtout une valeur sentimentale», dit-il, précisant qu'il l'a remisée dès son achat, au mois de novembre, pour la préserver des hivers québécois.
Pour les collectionneurs, l'automobile est souvent génératrice de souvenirs. Ils achètent souvent la voiture que conduisaient leurs parents ou encore celles dont ils rêvaient plus jeunes. Pierre Marchand ne fait pas exception. «Ma tante conduisait une Triumph TR3 et je la trouvais super cool», se souvient celui qui possède aussi une Jaguar Type E de 1966, achetée en 1999 du propriétaire d'origine. «C'était ma voiture de rêve, je vais la garder toute ma vie».
Grand amateur des groupes rock britanniques qui ont bercé son adolescence dans les années 1970, Pierre Marchand a aussi un faible pour les voitures anglaises. Sinon, celles conduites par un célèbre personnage anglais, James Bond.
En 1997, il a failli acheter une Toyota 2000 GT, une voiture sport dont le constructeur japonais n'a produit que 350 exemplaires de 1967 à 1970. Le célèbre agent secret, interprété par Sean Connery, l'a conduite dans le film On ne vit que deux fois. L'acheteur, qui en demandait plus de 100 000 $ US, a finalement refusé de la lui vendre à un montant moindre.
«C'est un de mes plus grands regrets. Je me suis obstiné pour une différence de 10 000 $US, ce qui était quand même beaucoup d'argent à l'époque. Aujourd'hui, elle vaut près d'un million de dollars !» Pierre Marchand rêve aussi d'une Aston Martin DB5, une marque britannique produite de 1963 à 1965, autre voiture de James Bond dans Goldfinger et Thunderball, ou plus récemment dans Casino Royale et Skyfall.
Entretemps, Pierre Marchand conduit une Tesla Model S qui, même si elle ne contient pas les mêmes gadgets que les autos de James Bond, est à la fine pointe de la technologie électrique. Il possède aussi depuis 15 ans une des premières voitures hybrides électriques Honda Insight vendues au pays. Des voitures modernes, mais qui rappellent néanmoins un autre souvenir de jeunesse à celui qui conserve encore la petite voiture à batterie reçue quand il était enfant.
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