Le rachat du constructeur automobile allemand par le duo formé par l’équipementier canadien Magna et la banque russe Sberbank suscite un tollé dans plusieurs pays européens. À tel point que le gouvernement allemand doit entreprendre des démarches diplomatiques pour calmer le jeu…
«Je vais parler à mon homologue espagnol aujourd’hui, et renouer avec lui nos traditionnels liens de coopération», a dit aux médias Karl-Theodor zu Guttenberg, le ministre allemand de l’Économie.
Son objectif? Tenter, encore une fois, d’expliquer le plan mis au point par le duo Magna-Sberbank, qui pour l’instant se traduit surtout par des annonces de vagues de licenciements un peu partout en Europe, et même en Allemagne, contrairement à ce qui avait été promis avant l’annonce de la vente.
Mais cette tentative semble mal partie : le gouvernement espagnol a d’ores et déjà déclaré que son ministre de l'Industrie, Miguel Sebastian, n'assisterait pas à la réunion organisée vendredi à l'initiative de l'Allemagne pour discuter du dossier Opel…
Rejet catégorique en Grande-Bretagne
Autre pays en furie : la Grande-Bretagne. Peter Mandelson, le ministre britannique des Entreprises, a dit de son côté qu'il ne soutiendrait pas en l'état le projet de Magna. C’est que les sites britanniques de la marque Vauxhall sont menacés de fermeture…
En fait, Magna et Sberbank ont l'intention de supprimer quelque 10 000 emplois en Europe, dont un quart en Allemagne. L’usine d'Anvers en Belgique doit être complètement fermée, et être probablement relocalisée en Russie. Et aucune annonce particulière n’a été faite pour l’instant concernant les installations d’Opel en Pologne.
Le gouvernement allemand en jeu ?
Des voix s'élèvent aussi en Allemagne. Le parti libéral FDP, qui est en discussion avec les conservateurs d'Angela Merkel en vue de constituer un nouveau gouvernement, a fait part de ses inquiétudes.
«Rien n’a été fait correctement dans ce dossier», a lancé aux médias Rainer Brüderle, le numéro deux du FDP. Ce dernier a indiqué qu'il avait l'intention d'évoquer la question dans le cadre des négociations avec les conservateurs pour la formation d'un nouveau gouvernement. Cela signifie que si aucun accord n’est trouvé, la chancelière allemande Angela Merkel se retrouverait incapable de former un nouveau gouvernement. Ni plus ni moins.
Pour favoriser la signature d'un accord, Berlin s'est engagé à apporter 4,5 milliards d'euros (7 milliards de dollars) de garanties à Opel, et comptait discuter ultérieurement de la répartition de cette aide entre les différents pays où les sites Opel sont implantés.
Avec Reuters.