Communauto fait le pari de l’acceptabilité sociale pour faciliter le développement d’un segment « libre-service intégral ». L’entreprise montréalaise mènera un projet pilote dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal cet été afin de mieux le défendre auprès de la Ville de Montréal.
Le concept de libre-service intégral diffère de celui de l’autopartage traditionnel. L’utilisateur peut emprunter les automobiles sans réservation et sans obligation de les rapporter au même endroit, un peu comme les vélos de BIXI.
Ce type de service soulève toutefois des inquiétudes dans l’industrie du taxi, qui craint la concurrence et une perte du nombre de places de stationnement. En entrevue avec LesAffaires.com en février, Florence Junca-Adenot, professeure d’urbanisme de l’ESG UQAM, avait aussi émis des doutes sur l’utilité du libre-service intégral pour réduire l’utilisation du voiturage en solo.
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«Il y a certaines craintes qui ont été exprimées au sujet du libre-service intégral, admet Benoît Robert, président fondateur de Communauto, lors du lancement. Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’études. C’est pourquoi nous menons un projet pilote. »
Dans le cadre du projet qui commencera à la mi-juin, les déplacements des 23 voitures entièrement électriques seront limités à la superficie de l’arrondissement. Les usagers pourront localiser l’automobile la plus près en utilisant Internet ou leur téléphone intelligent. L’abonnement sera gratuit et les déplacements coûteront 0,38 $ la minute.
Les taxisCommunauto profitera de l’occasion pour mesurer l’impact du projet sur l’industrie du taxi. La recherche sera encadrée par la Chaire de Mobilité de Polytechnique Montréal et se fera en collaboration avec Taxi Diamond. « Nous voulons faire en sorte de ne pas cannibaliser d’autres formes de transport », assure M. Robert en marge du lancement.
Chez Taxi Diamond, on est prêt à collaborer avec Communauto afin de mieux se préparer à partager les routes. « On est nerveux parce qu’on partage la même clientèle cible, explique Denis Laramée, son directeur général adjoint. Ça nous touche directement comme industrie. On ne fera pas l’autruche. C’est pour ça qu’on veut participer pour le savoir. »
En rassurant l’industrie du taxi, Communauto espère ainsi être mieux préparée pour la consultation publique que mènera Montréal sous peu. Le service pourrait être adopté avec une plus grande ampleur d'ici la fin de l'année.
Avec un projet-pilote dans le Plateau Mont-Royal, Communauto prend une longueur d’avance sur son concurrent Car2Go. En février, LesAffaires.com révélait que la filiale du constructeur automobile allemand Daimler (Mercedes-Benz et Smart) faisait du lobbying auprès de la Ville de Montréal pour obtenir des permis de stationnement.
Luc Ferrandez, le maire de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, est heureux qu’il y ait de la concurrence et n’exclut pas Car2Go pour la suite des choses. « Nous avons fait pression sur les deux pour que le projet se fasse le plus rapidement possible, commente-t-il en marge du lancement. Communauto a été plus rapide, mais on va aussi ouvrir les bras à Car2Go quand ils seront prêts. »