Alors que plusieurs constructeurs automobiles se pètent les bretelles avec leur voiture hybride, le japonais Nissan estime que cette technologie est désuète. La preuve : sa nouvelle Leaf «zéro émissions» (de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques) que Nissan lancera au Québec à l’automne 2011.
En 1999, Nissan s’est retrouvé au bord de la faillite. Il lui a fallu cinq bonnes années pour se réorganiser. Une fois retombé sur ses pattes, au milieu des années 2000, le fabricant a constaté que l’évolution des technologies lui permettait de s’attaquer directement à la conception de la voiture 100 % électrique.
« La Leaf tourne une grande page de l’histoire de l’automobile; ce sera la première voiture «zéro émissions» pour le marché de masse » affirme Carlos Tavares, président du comité de direction de Nissan Amériques. Les autres technologies, comme l’hybride et le diesel, n’étaient que transitoires. Nous avons décidé de ne pas gaspiller d’efforts et d’argent à ces technologies et d’aller directement au but. »
M. Tavares estime être le seul constructeur au monde à avoir la capacité de produire une voiture électrique pour le marché de masse. Deux autres modèles Nissan 100 % électriques devraient d’ailleurs être lancés d’ici 2014, soit le NV 200, un utilitaire, et l’Infiniti, qui deviendra la première voiture de luxe «zéro émissions» au monde.
M. Tavares, numéro deux mondial de Nissan, ne peut préciser encore le prix de la Leaf au Canada, mais aux États-Unis, elle se détaille 32 780 $ US. Avec les subventions de 7 500 $ US du gouvernement fédéral et de 5 000 $ US de certains États américains, le prix d’acquisition peut revenir à environ 20 000 $ US.
M. Tavares, qui était de passage jeudi matin à Montréal, dit ne pas savoir si les gouvernements du Québec et du Canada offriront des subventions semblables aux acheteurs de Leaf.
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« De toute manière, il faut regarder au-delà du prix d’achat, explique M. Tavares, qui a ses bureaux à Nashville, au Tennessee. Il faut tenir compte du fait qu’il en coûte quatre fois moins de faire rouler une voiture à l’électricité plutôt qu’au pétrole et que les frais d’entretien d’une voiture électrique sont inférieurs de 15 %. »
Les infrastructures
La Leaf de Nissan a une autonomie de roulement de 160 km. Selon M. Tavares, toutes les études montrent que 95 % des propriétaires de voitures font moins de 160 km par jour et 90 % moins de 70 km par jour.
Il faudra sept heures à la maison pour charger complètement la batterie électrique. Mais rapidement, des chargeurs rapides réduiront ce délai à moins de deux heures. Avec nos tarifs d’électricité avantageux, charger une batterie ne devrait pas coûter beaucoup plus qu’un dollar au Québec.
Pour ce qui est des infrastructures de chargement, M. Tavares affirme avoir signé une lettre d’intention avec les Villes de Montréal et de Québec, Hydro-Québec et le gouvernement du Québec. « Nous nous sommes mis d’accord sur des objectifs communs dont les conclusions seront rendues publiques le mois prochain. »
Cela dit, M. Tavares croit qu’au fur et à mesure que le nombre de voitures électriques augmentera, des commerces comme les restaurants et les centres commerciaux offriront ce service gratuitement à leurs clients.
« Avec vos ressources électriques, vous êtes très bien placés au Québec pour devenir un leader mondial dans le domaine de la voiture électrique », estime M. Tavares, qui prévoit que 10 % des voitures fabriquées en 2020 dans le monde seront 100 % électriques. La PME de location d’autos Communauto a déjà commandé 50 Leaf.
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