Camions trop gros, trop bruyants, mais surtout trop polluants. Le camionnage est le moyen de transport de marchandises le moins écologique qui soit. L'industrie québécoise a compris le message et continue à réduire les émissions de ses poids lourds. Désormais, ces mastodontes de la route avalent les kilomètres encore plus proprement, grâce à des technologies, mais aussi à des comportements plus verts.
Robert Transport : Des camions propulsés au gaz naturel
Pour réduire sa dépendance au diesel, l'entreprise montréalaise de transport et logistique sur longue distance, Groupe Robert, remplacera une partie de ses 800 camions par des poids lourds propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL), un carburant moins polluant.
Dans cette optique, l'entreprise de Boucherville a annoncé, le 28 octobre dernier, avoir commandé 180 de ces camions au fabricant américain Peterbilt. " L'idée consiste à mettre en service de 100 à 130 camions GNL d'ici 2015 ", explique le président du Groupe, Claude Robert. Ceux-ci serviront dans le couloir Québec-Toronto, que Robert Transport qualifie de " Route bleue ".
Le ravitaillement des camions GNL de Robert Transport sera assuré par Gaz Métro Solutions Transport, filiale de Gaz Métro. La société prévoit aménager trois installations de ravitaillement en GNL dans le corridor Québec-Toronto.
" En diminuant notre consommation de diesel, nous réduirons nos émissions de gaz à effet de serre de 25 à 29 % ", prévoit Claude Robert, qui dirige le second transporteur routier en importance au Québec, selon le classement du magazine Transport Routier.
Deux fois plus cher
Les camions alimentés au GNL sont plus écologiques : ils émettent peu d'oxydes d'azote, un gaz polluant responsable du smog urbain. Les coûts de cette technologie sont néanmoins prohibitifs. Un camion GNL coûte le double d'un tracteur routier traditionnel. Le Groupe Robert investira 20 millions de dollars américains pour l'achat des 100 premiers camions, selon M. Robert.
Les taux d'amortissement avantageux à l'achat de camions écologiques, prévus dans le budget Bachand, a provoqué une réflexion chez d'autres importants transporteurs. Déjà, Transforce et Services de camionnage de CNLT, affilié au CN, affirment qu'ils étudient désormais la possibilité d'acheter des camions alimentés au gaz naturel.
Groupe SGT 2000 : Former des conducteurs verts
Des GPS pour maximiser les déplacements. L'achat de camions écologiques. L'ajout d'un petit moteur au diesel pour chauffer l'habitacle du chauffeur, au lieu de laisser tourner le moteur principal. Depuis plusieurs années, les technologies abondent pour aider les transporteurs routiers à réduire leurs émissions polluantes.
" Malgré cela, il est impossible d'en tirer pleinement profit sans former les chauffeurs à une conduite écologique ", explique Jean-Pierre Rabbath, directeur conformité et efficacité énergétique, de Groupe SGT 2000.
La formation des chauffeurs est un aspect sur lequel la compagnie de Saint-Germain-de-Grantham, dans le Centre-du-Québec, insiste. Et ce, tant auprès des recrues qu'auprès des conducteurs expérimentés. Pour ce faire, SGT a fait appel au programme Éco- conduite de l'Agence de l'efficacité énergétique, subventionné par Québec.
" Une conduite responsable permet de réduire la consommation d'essence et les émissions de gaz à effet de serre, ajoute M. Rabbath. Entre votre meilleur chauffeur et le moins efficace, les économies de carburant peuvent atteindre 30 % ", dit-il. Un chauffeur énergivore brûlera jusqu'à 100 $ d'essence par heure, par rapport à 70 $ pour son collègue aux habitudes éconergétiques.
La formation à une conduite écologique est une mesure simple et moins coûteuse que l'implantation d'une technologie, explique M. Rabbath.
" Nous formons nos chauffeurs à éteindre le moteur lorsqu'ils sont aux douanes, par exemple, ou lorsqu'ils déchargent la marchandise chez nos clients, ajoute-t-il. Parfois, il peut arriver que des chauffeurs laissent tourner les moteurs, lorsqu'ils prennent de courtes pauses. Réussir à modifier ces comportements fait toute la différence. "
Hector Larivée : Pleins feux sur les hybrides
Les camions hybrides gagnent en popularité auprès des transporteurs de marchandises en milieu urbain. Coca-Cola et Wal-Mart s'y sont mis, et voici que le distributeur alimentaire Hector Larivée leur emboîte le pas.
L'entreprise vient d'ajouter un second véhicule hybride à sa flotte de 40 camions légers. L'entreprise compte en acheter jusqu'à cinq au cours des trois prochaines années.
Près de 60 % de la clientèle du transporteur Hector Larivée est concentrée au centre-ville de Montréal. " Les arrêts et les départs sont très fréquents en milieu urbain. Les camions hybrides se prêtent très bien à ce type de livraison, parce qu'ils se rechargent à chaque arrêt ", explique Paul Lajoie, superviseur transport et logistique de l'entreprise. L'achat d'un premier camion hybride en juin 2009 a été concluant pour la société. " Nous avons réduit notre consommation de carburant de 28 % ", relate M. Lajoie. Cela représente près de 10 000 $ en économie d'essence par camion. Cette initiative permettra à Hector Larivée de réduire ses émissions polluantes de " plusieurs milliers de tonnes " par année.
Un camion hybride léger coûte jusqu'à 165 000 $, soit 45 000 $ de plus qu'un camion traditionnel. " Pour rentabiliser notre investissement, il faudra donc acheter d'autres camions hybrides. Nous commencerons par cinq et, ensuite, on verra s'il y a lieu de tous les remplacer ", explique M. Lajoie.