L’industrie a beau faire face à la deuxième plus importante hausse des prix du coton depuis la Guerre civile, aux États-Unis, pas question pour la société montréalaise Gildan de ralentir son rythme de croissance.
D’ici cinq ans, celle qui est devenue l’un des plus plus grands manufacturiers de t-shirts de coton sur la planète, compte encore doubler ses ventes, à quelque 2 milliards (G$) par année.
«Nous n’arrêtons tout simplement jamais», a laissé tomber, comme pour se justifier, Glenn Chamandy, le président et chef de la direction de Vêtement de sport Gildan. Ce dernier était le conférencier-invité ce midi à Montréal du Cercle finance et placement du Québec.
Cette croissance viendra surtout de la poursuite de ses activités actuelles, d’un développement important du côté de l’industrie du détail et de l’exploitation de nouveaux marchés, notamment celui de l’Asie, où l’entreprise semple s’aventurer encore, qu'à petits pas.
L'Asie, via le Bangladesh
Pour l’heure, c’est du Bangladesh, où Gildan vient d’investir quelque 15M$ dans de nouvelles installations, que l’entreprise dirige son expansion asiatique. Près de 2 500 employés y travaillent, en attendant que la direction soit absolument certaine de pouvoir, de cet endroit, bien desservir la Chine, le Japon, la Nouvelle Zélande, l’Australie et une partie de l’Europe.
«Nous sommes là que depuis février. Nous estimons ne pas connaître encore suffisamment le Bangladesh pour investir tous nos efforts dans la région», explique M. Chamandy.
L’autre centre de fabrication et de distribution de Gildan est situé au Honduras. À titre de comparaison, depuis cinq ans, Gildan y a investi pas moins de 700M$. De toute évidence, si l'Asie intéresse, sa principale place d'affaires demeure toujours en Amérique latine. «Le marché américain demeure notre principal marché, dit M. Chamandy. En 2012, ces nouvelles installations seront en mesure de fabriquer quelque 25 M de douzaine de t-shirts par année.
N’empêche, peu importe d’où l’entreprise compte attaquer ce marché, l’Asie demeure au coeur des prévisions de croissance de Gildan. En Chine seulement, Gildan évalue la demande de chandails à imprimer à quelque 80 M de douzaines par année. C’est pas moins de vingt fois la demande annuelle canadienne de cette catégorie de vêtement, un marché que Gildan affirme contrôler ici à 65%.
Gildan, l'invincible?
La demande serait telle, prétend M. Chamandly, que la capacité de production de Gildan serait, pour le moment, la seule réelle limite à sa croissance.
Même le prix du coton, qui a littéralement explosé depuis les inondations des dernières semaines au Pakistan, semble ne pas faire obstacle aux projets de croissance de l’entreprise, née à Montréal il y a trois générations. Le coton se vend à plus d'1$ la livre actuellement, contre 0,65$ la livre avant que la ressource se fasse soudainement rare il y a quelques semaines.
À court terme, la direction se veut rassurante, soutenant que Gildan est protégée contre les fluctuations des prix du coton au moins jusqu’à la fin du premier trimestre de l’exercice 2011. Le prix garanti: 0,78$ la livre.
Et puis, malgré une hausse récente des prix de quelque 10%, en réaction à l’explosion des prix de la matière, le marché serait encore amplement capable d’absorber de nouvelles hausses de prix, estime le pdg.
«Nous vendons nos chandails au prix de 1,65$ à des distributeurs ou marchands qui parviennent à les revendre 30$, une fois imprimés, à la sortie des concerts. Lorsqu’on sait cela, on voit bien qu’il existe encore de l'espace pour une certaine augmentation de nos prix de vente.»
Des augmentations de combien parle-t-on? Ou de quel pourcentage, exactement? Sur ce, le président n’ose avancer de chiffres, se limitant à répéter avoir suffisamment «d’espaces» pour maintenir ses marges bénéficiaires intactes. Ces dernières avoisineraient, en moyenne aujourd'hui, les 30%.