Après être devenue en quelques années à peine une société d'envergure pancanadienne, la firme de génie-conseil Genivar compte prendre d'assaut le reste du monde.
« Nous avons l'intention de faire partie des firmes qui dirigent cette consolidation du marché », a déclaré lundi le président et chef de la direction de l'entreprise montréalaise, Pierre Shoiry, dans un discours prononcé à la tribune du Cercle canadien de Montréal.
« Il y a quatre ans, notre entreprise était régionale, a-t-il rappelé. Aujourd'hui, nous sommes présents d'un océan à l'autre et, demain, nous aspirons à devenir 'global'. »
Depuis son entrée en bourse, en 2006, Genivar a réalisé près d'une cinquantaine d'acquisitions qui l'ont propulsée dans le groupe des cinq plus grandes sociétés de génie-conseil au Canada. La firme compte aujourd'hui quelque 4500 employés dans 80 bureaux.
M. Shoiry estime que Genivar pourra connaître pendant encore plusieurs années une croissance de 10 à 15 pour cent au Canada. Mais c'est clairement à l'extérieur du pays que l'entreprise entrevoit l'avenir.
D'ici trois ans, Genivar compte doubler ses effectifs et son chiffre d'affaires, qui a frisé les 500 millions $ en 2009.
À l'heure actuelle, 50 pour cent des revenus de l'entreprise proviennent du Québec, contre 90 pour cent en 2005. En 2013, la direction espère que le chiffre d'affaires sera partagé moitié-moitié entre le Canada et le reste du monde (dont 10 pour cent dans des pays dits émergents).
Les États-Unis d'abord
Pour ses acquisitions, Genivar examine les possibilités en Europe, en Australie, en Amérique du Sud, en Afrique et en Inde, mais d'abord et avant tout aux États-Unis. En dépit de la récession, le secteur américain du génie-conseil s'est bien tiré d'affaire, selon Pierre Shoiry.
« Pour nous, il est difficilement concevable d'être considéré un joueur global sans présence dans le plus grand marché du monde », a-t-il affirmé, faisant sans doute allusion au géant SNC-Lavalin, pratiquement absent du marché américain.
On compte aux États-Unis une trentaine de firmes de génie-conseil de taille similaire ou supérieure à celle de Genivar et des centaines comptant de 100 à 500 employés.
« Ce ne sont pas les cibles qui manquent. Il s'agit de trouver les bonnes », a affirmé M. Shoiry, en soulignant que la force du dollar canadien lui simplifiait la tâche.
Active dans la plupart des spécialités de l'ingénierie, Genivar aimerait accroître ses activités dans le domaine minier et faire une percée dans les hydrocarbures, où elle n'est pas présente actuellement.
Pas question, toutefois, de prendre en charge des travaux de construction ou d'investir financièrement dans des projets, comme le fait SNC-Lavalin.
Genivar, qui prend actuellement la forme d'une fiducie de revenus, se transformera en société par actions le 1er janvier. Même s'il aimait bien ce véhicule avantageux sur le plan fiscal, Pierre Shoiry s'attend à ce que la conversion facilite ses affaires à l'extérieur du pays, où le modèle de fiducie est peu connu.
Allégations
Interrogé par les journalistes après son allocution, le dirigeant a refusé de se prononcer sur l'opportunité ou non de lancer une enquête publique sur les problèmes dans l'industrie de la construction et dans l'attribution de marchés publics.
« Je trouve malheureux de voir ce qui se passe, mais il ne faut pas embarquer tout le monde dans le même bain », a-t-il simplement dit.
« On donne de l'autonomie à nos professionnels et on s'attend à ce qu'ils respectent les consignes d'éthique et de gouvernance », a-t-il ajouté.
L'action de Genivar a clôturé à 27,88 $ lundi, en hausse de deux cents, à la Bourse de Toronto.