«Je regardais récemment des vidéos datant des années 1960. Les principaux débats concernaient la congestion routière liée à l'augmentation du nombre de véhicules sur les routes et le transport en commun, dont la construction du métro, raconte Dominique Lacoste, pdg de l'Association québécoise des transports (AQTr). Le contexte change, mais certains débats perdurent !»
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Certes, l'utilisation des transports en commun a progressé au cours des dernières années, mais l'utilisation de l'automobile croît davantage. La pression continue donc à être forte sur les infrastructures routières, dont plusieurs arrivent en fin de vie ou ont besoin de rénovations majeures.
Dans la région de Montréal, près de 9 millions de déplacements sont réalisés chaque jour, dont plus de la moitié par des résidents de l'extérieur de l'île, selon la plus récente enquête Origine-Destination du ministère des Transports du Québec (MTQ).
Et si l'utilisation des transports en commun a progressé de 10 % de 2008 à 2013, grâce entre autres au prolongement du métro à Laval, le nombre de déplacements en automobile a quant à lui grimpé de 15 %.
Le portrait est semblable dans la région de Québec, où les dernières enquêtes Origine- Destination montrent que l'usage de l'automobile augmente d'environ 1 % par année depuis 1996, en raison du fort développement des banlieues. Même phénomène à Sherbrooke, où les déplacements automobiles des résidents de la ville ont augmenté de 7 % de 2003 à 2012, alors que ceux des banlieusards explosaient de 19 %.
Cette augmentation des déplacements automobiles, soutenue par l'intensification des allers-retours entre les villes et leurs banlieues, impose une forte pression sur les infrastructures routières, dont plusieurs sont mal en point.
À Montréal, ce problème est particulièrement criant. Plusieurs accès à l'île devront subir des rénovations majeures ou être reconstruits au cours de la prochaine décennie. Le projet phare est bien sûr la construction d'un nouveau pont Champlain, que le gouvernement fédéral a promis pour 2018, et dont le coût s'élèvera au maximum à 5 milliards de dollars. À moins qu'il n'y ait quelques dépassements de coûts. Cela s'est déjà vu...
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Accès à Montréal perturbés
De nombreux accès à l'île de Montréal causent du souci aux automobilistes. Les travaux fréquents sur le pont Mercier provoquent des fermetures de voies et de bretelles d'accès, et l'interdiction aux camions de circuler aux heures de pointe. Ces travaux se poursuivront au cours des prochaines années. De son côté, le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine sera rénové après l'entrée en fonction du nouveau pont Champlain et les travaux sur le corridor de l'autoroute 25, qui amélioreront les accès au Port de Montréal.
À ces nombreux chantiers viennent s'en ajouter d'autres à l'intérieur de l'île, sur des axes routiers majeurs comme les échangeurs Turcot et De La Vérendrye ainsi que l'autoroute Ville-Marie. Cela entraîne des ralentissements qui font râler les automobilistes et qui coûtent cher aux transporteurs de marchandises et à leurs clients. Dans la seule région de Montréal, le coût de la congestion atteindrait plus de 1,4 G$ par année, selon le MTQ.
«Ces projets sont nécessaires, mais le plus grand défi, au cours des prochaines années, sera de financer tout ça», souligne Daniel Toutant, président du conseil de l'AQTr et fondateur de Cosime, firme spécialisée dans l'assistance à maîtrise d'ouvrage, qui participe entre autres aux projets de prolongement du métro.
Une pluie de dépenses
Avec la hausse constante des populations, en particulier dans les banlieues, assurer une circulation fluide représente un grand défi. Un défi coûteux, qui plus est. Le Plan québécois des infrastructures 2014-2024 prévoit des investissements dans le réseau routier totalisant plus de 20,4 G$, dont 14 G$ sont déjà octroyés. Cela représente 22,6 % de l'ensemble des investissements prévus dans toutes les infrastructures publiques au Québec pendant cette décennie. Plus de 70 % de cette somme est consacrée au maintien des chaussées et des structures, le reste servant à construire de nouvelles structures.
En transport collectif, les investissements devraient atteindre 7,6 G$ dans la même période, notamment pour le remplacement des voitures du métro de Montréal, le service rapide par bus (SRB) sur Pie-IX à Montréal ainsi qu'à Laval, et le projet de transit sur le nouveau pont Champlain. À Québec, la réalisation du SRB entre Québec et Lévis est évaluée à 1,1 G$.
«Ce SRB fait partie d'une série de mesures visant à rendre le transport en commun et le covoiturage plus attrayants, afin d'atténuer la congestion sur les routes, explique Rémy Normand, membre du comité exécutif responsable du transport et du Plan de mobilité durable de la Ville de Québec. Mais avec la croissance prévue des populations dans la région, je ne dis pas que cela suffira à enrayer complètement le problème.» Les municipalités en financeront une partie, mais les maires évoquent l'idée d'un PPP avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, parmi d'autres.
Les transports maritime, aérien, ferroviaire et autres auront droit à 2 G$, dont 1,6 G$ sont déjà investis. Des sommes sont prévues pour la construction de trois traversiers et l'amélioration des accès aux ports de Québec et de Montréal.
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L'intelligence pour dompter la bête
Voilà pour le béton et l'asphalte. Des solutions technologiques pourraient aussi contribuer à améliorer les déplacements.
Les systèmes de transport intelligents (STI), c'est-à-dire les applications des nouvelles technologies de l'information et de la communication aux transports, ont la cote. En outre, ils devraient permettre de mieux synchroniser les feux de circulation, d'accélérer les opérations d'urgence ou encore d'offrir aux usagers de l'information en temps réel sur les espaces de stationnement disponibles, le temps d'attente dans les transports en commun et la présence de bouchons de circulation sur certains axes routiers.
Ces STI favorisent aussi l'apparition d'une nouvelle offre de services en transport, qui incite à moins utiliser l'automobile ou à l'utiliser de façon moins solitaire.
La plateforme de covoiturage quotidien Netlift en est un très bon exemple. Contrairement à Uber, il ne s'agit pas de s'improviser chauffeur de taxi, mais de mettre en valeur les places libres dans son véhicule, en accueillant des passagers. Ces derniers peuvent se construire un trajet intermodal avec, par exemple, une partie du trajet en métro et une autre en covoiturage. Le système fonctionne avec une application mobile disponible sur l'App Store et sur Google Play.
Reste à voir comment évoluera la législation. Le covoiturage est légal au Québec tant qu'on n'en tire aucun profit. L'argent reçu doit servir à payer une part des frais engagés pour l'utilisation de la voiture. Mais le cas récent d'une femme condamnée à plus de 1 000 $ d'amende pour avoir exigé 20 $ à deux passagers de covoiturage montre que les frontières de ce type de déplacement restent floues.
Cela dit, c'est du côté d'un ensemble de solutions inédites qu'il faudra regarder pour obtenir plus d'efficacité en transport, croit Catherine Morency, professeure à Polytechnique Montréal et titulaire de la Chaire de recherche Mobilité.
«Il faut envisager le transport sans a priori, en se demandant quel est le mode de transport le plus efficace dans telle ou telle circonstance, dit-elle. Ce sont des humains que l'on veut transporter, pas des autos !»
1,4 G$: Les coûts annuels engendrés par la congestion routière dans la région de Montréal sont évalués à 1,4 milliard de dollars. Source : Ministère des Transports du Québec
44 %: des déplacements motorisés vers l'île de Montréal en 2013 ont été effectués en transport en commun, une croissance de 4 % par rapport à 2012. Source : Enquête Origine-Destination 2013
2,8 %: Augmentation annuelle de l'utilisation de l'automobile de 2008 à 2013 dans la région métropolitaine. Source : Enquête Origine-Destination 2013
12 %: Croissance du nombre d'automobiles et de camions légers dans la région de la Capitale-Nationale, de 2006 à 2011. Source : Société de l'assurance automobile du Québec
17,6: Nombre de déplacements en millions sur les trains de banlieue de l'Agence métropolitaine de transport en 2013, soit une augmentation de 0,7 % par rapport à 2012. La plus forte augmentation a été enregistrée sur la ligne de Saint-Jérôme (+ 6,1 %). Source : Rapport annuel de l'AMT 2013
30 G$: Montant total des investissements prévus par le ministère des Transports du Québec au cours des 10 prochaines années.
20,4 G$: INFRASTRUCTURES ROUTIÈRES
7,6 G$: TRANSPORT COLLECTIF
2 G$: AUTRES (MARITIME, FERROVIAIRE, AÉRIEN)
Source : Ministère des Transports du Québec
11 %: Augmentation de la motorisation de 2008 à 2013, soit deux fois plus que la croissance de la population (5 %). Source : Enquête Origine-Destination 2013
Le nombre de déplacements en automobile a crû de 15 % dans la région de Montréal de 2008 à 2013, et augmente de 1 % par année depuis 1996 dans la région de Québec.
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