La compagnie aérienne Delta Air Lines, partenaire d'Air France-KLM, a annoncé mardi une alliance stratégique avec la britannique Virgin Atlantic, destinée à renforcer sa position sur les liaisons transatlantiques depuis l'important aéroport londonien de Heathrow.
Delta va payer 360 millions de dollars pour racheter une participation de 49% dans Virgin Atlantic auprès de Singapore Airlines, qui l'avait acquise il y a douze ans pour 600 millions de livres, un peu moins d'un milliard de dollars. Le reste du capital de la compagnie britannique reste détenu par son fondateur Richard Branson.
Au-delà du lien capitalistique, Delta et Virgin Atlantic veulent mettre sur pied une société commune pour les vols transatlantiques. Les deux marques vont subsister, mais les compagnies se partageront les coûts et les revenus des vols, et rendront leurs programmes de fidélité respectifs accessibles à tous leurs clients.
« Notre nouveau partenariat avec Virgin Atlantic va renforcer les deux compagnies et créer un nouveau concurrent efficace entre l'Amérique du Nord et le Royaume-Uni, particulièrement sur New York-Londres, qui est le plus gros axe aérien entre les États-Unis et l'Europe », a souligné le directeur général de Delta, Richard Anderson.
« Cette société commune va créer une concurrence plus efficace à Heathrow », a insisté son homologue chez Virgin Atlantic, Steve Ridgway.
L'aéroport londonien est un hub crucial pour les liaisons transatlantiques, et Delta n'y disposait jusqu'ici que de peu de créneaux, tandis que Virgin Atlantic est beaucoup mieux lotie.
Ensemble, les compagnies assurent jusqu'à 31 vols allers-retours par jour entre le Royaume-Uni et l'Amérique du Nord, dont 9 entre Londres-Heathrow et les aéroports new-yorkais de John F. Kennedy et Newark.
L'annonce a été saluée à la Bourse de New York, où l'action de Delta Air Lines progressait de 5,92% à 10,75 dollars vers 17H20 GMT.
Elle pose toutefois la question de l'intégration du nouveau partenariat à la société commune qu'a déjà Delta depuis 2007 avec Air France, qui a été rejointe en 2010 par Alitalia. Cette société commune, prévue pour durer au moins jusqu'en 2022, revendique 25% de part de marché sur les vols transatlantiques.
À Paris, Air France-KLM a estimé qu'il était « trop tôt pour répondre » à la question.
Interrogé par des journalistes aux États-Unis, M. Anderson a toutefois assuré que la transaction annoncée mardi était « très positive » pour les partenaires européens de Delta, et affirmé avoir reçu « un fort soutien » d'Air France-KLM. « Nous travaillerons avec eux sur la durée pour assurer une bonne coordination entre les deux sociétés communes », a-t-il ajouté.
Julie Southern, directrice commerciale de Virgin Atlantic, a laissé entendre pour sa part que sa compagnie pourrait à terme rejoindre l'alliance Sky Team constituée autour d'Air France-KLM.
Elle a souligné que le partenariat annoncé mardi était « un premier pas dans la formation d'un partenariat transatlantique vraiment fort ».
« Il y a beaucoup de travail à faire pour évaluer Sky Team et les bénéfices supplémentaires que cela pourrait apporter, mais nous avons entamé ce travail et nous pensons arriver à une décision dans quelques mois », a-t-elle ajouté.
Le partenariat entre Delta et Virgin Atlantic va nécessiter une assez longue procédure d'autorisation, en particulier auprès des autorités de la concurrence américaines et européennes. Mais les deux compagnies espèrent pouvoir le finaliser d'ici fin 2013.