Le constructeur Bombardier Transport promet que la grève déclenchée jeudi par ses syndiqués de La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent, ne retardera pas la livraison des nouvelles voitures du métro de Montréal.
« Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour nous assurer que nous allons respecter les engagements que nous avons pris avec nos clients », a déclaré Marc Laforge, porte-parole de la division ferroviaire de Bombardier (TSX:BBD.B), au cours d'un entretien téléphonique.
M. Laforge n'a pas voulu préciser la nature de ces mesures.
« La production (des voitures du métro) ne débutera pas avant un an, alors nous avons encore du temps, a-t-il relevé. Pour l'instant, nous ne travaillons que sur deux voitures d'essai. »
Les 330 syndiqués de La Pocatière sont en grève depuis 7 h, jeudi. Ils ont formé une ligne de piquetage devant l'usine. Samedi, ils avaient voté à plus de 95 pour cent en faveur de moyens de pression pouvant aller jusqu'à la grève.
Mario Lévesque, président du syndicat de l'usine, affilié à la CSN, a expliqué que les travailleurs avaient décidé de débrayer après avoir reçu comme un « affront » les plus récentes offres de l'employeur, mercredi soir.
« On a donné une chance à la négo », a-t-il affirmé, en soutenant que la dernière proposition de l'employeur sur deux des principaux enjeux _ la sous-traitance et le régime de retraite _ constituait « un recul sur toute la ligne ».
La convention collective est échue depuis le 30 septembre 2011. Le syndicat se dit prêt à reprendre les pourparlers à tout moment en présence d'un conciliateur.
De son côté, M. Laforge s'est montré étonné que les syndiqués aient décidé d'aller en grève alors que de nouvelles séances de négociation étaient prévues.
« C'est bizarre: ils disent être prêts à négocier mais en même temps, ils déclenchent une grève générale illimitée », a-t-il dit.
La dernière grève à La Pocatière remonte à il y a plus de 30 ans.
M. Lévesque a rappelé qu'en 2003 et en 2007, les syndiqués ont accepté d'importantes concessions dans le but de conserver leurs emplois.
Maintenant que le consortium Bombardier-Alstom a décroché le contrat de 1,2 milliard $ du métro de Montréal sans devoir passer par un processus d'appel d'offres, « les gens veulent le retour du balancier », a-t-il prévenu.
Quand on a demandé à Mario Lévesque si le syndicat tentait de tirer profit de ce contrat, il a répondu: « ça n'a pas nécessairement été évalué comme ça ».
M. Lévesque a néanmoins reconnu qu'en dépit des efforts de Bombardier, la grève pourrait avoir un impact sur la mise en service des nouvelles voitures du métro.
« C'est sûr que si ça se prolonge pendant deux ou trois mois, il va certainement y avoir des problèmes avec les livraisons », a-t-il avancé.
La Société de transport de Montréal a quant à elle voulu se faire rassurante.
« Bombardier nous assure que pour l'instant, il n'y a pas d'impact sur le contrat de construction des voitures de métro, ni sur le calendrier de livraison, a indiqué jeudi une porte-parole, Odile Paradis, dans un courriel. Nous sommes informés quotidiennement de l'état des négociations et suivons de près la situation. »
En plus de construire les voitures d'essai pour le métro de Montréal, l'usine de La Pocatière produit actuellement les caisses de voitures de train de banlieue destinées au New Jersey et au Maryland ainsi que des composants pour des voitures qui desserviront les métros de Toronto et de Chicago.
Mario Lévesque calcule qu'en raison de l'augmentation de la sous-traitance, un maximum de 200 syndiqués seront affectés simultanément à l'assemblage des voitures du métro de Montréal, soit moitié moins que ce qui était prévu à l'annonce officielle de l'octroi du contrat, l'an dernier.
Il a rappelé que le gouvernement avait insisté pour accorder le contrat au consortium Bombardier-Alstom afin de préserver des emplois au Québec. Il faut toutefois noter que plusieurs des sous-traitants de Bombardier et d'Alstom sont des entreprises établies au Québec.
La division aéronautique de Bombardier fait face à une autre grève à son usine de Wichita, au Kansas, laquelle a débuté le 8 octobre.
En fin d'après-midi, jeudi, l'action de Bombardier reculait de 1,3 pour cent pour s'échanger à 3,75 $, à la Bourse de Toronto.