Le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, a soufflé le chaud et le froid mardi lorsque questionné sur les obligations légales d'Air Canada envers l'entreprise Aveos qui effectuait l'entretien de ses avions.
La semaine dernière, Aveos a annoncé la fermeture de ses ateliers. Sans préavis, les 2 600 employés se sont retrouvés sans emploi.
Depuis, le ministre Lebel se fait accuser d'inaction dans le dossier par les employés d'Aveos.
En comité parlementaire mardi, il a d'abord mis la table en martelant qu'il s'agit de tractations privées entre deux entreprises privées: Air Canada et Aveos.
"Ce n'est pas une question gouvernementale, a-t-il affirmé. Je ne peux pas aller gérer la compagnie à leur place."
Il a aussi déclaré à plus d'une reprise qu'il y a d'autres entreprises compétentes au pays qui peuvent s'occuper de l'entretien des avions.
Mais il a néanmoins apporté une petite lueur d'espoir pour les travailleurs mis à pied.
"Air Canada va devoir respecter la loi constituante et on va s'assurer de cela", a-t-il déclaré devant les députés présents en comité.
M. Lebel a toutefois immédiatement ajouté que la loi est "vague", faisant référence à un jugement rendu l'an dernier par un juge de la Cour supérieure de l'Ontario.
Ce commentaire laisse présager la teneur de l'avis juridique que le ministre va déposer jeudi. Un avis qui détaillera les obligations légales d'Air Canada, a-t-il fait savoir.
Les députés d'opposition ont aussitôt fait remarquer que si le ministre rend public un tel avis jeudi le jour du dépôt du budget fédéral c'est pour étouffer l'affaire, puisque tous les yeux seront tournés vers le document du ministre des Finances.
En vertu de la loi constituante, le transporteur aérien est tenu de faire l'entretien de ses appareils à Montréal, Mississauga en Ontario et Winnipeg.
Lundi, des représentants syndicaux d'Aveos ont rencontré le ministre Lebel, sans trop de succès.
Pour augmenter encore plus la pression, quelques centaines d'employés d'Aveos et leurs sympathisants sont venus manifester devant le Parlement à Ottawa mardi.
Brandissant des pancartes où l'ont pouvait lire "Conservateurs destructeurs d'emplois", "Hors la loi", "Harper l'inaction du ministre Denis Lebel. Celui-ci a référé lundi le conflit en comité parlementaire pour étude.
"Ce n'est qu'une manoeuvre pour gagner du temps, a déploré un employé du centre de Montréal, présent sur la colline parlementaire.
Les partis d'opposition ont fait front commun pour soutenir les employés.
Il faut de l'action rapidement, a dit le député Jamie Nicholl du Nouveau Parti démocratique (NPD).
"On a la crainte qu'Air Canada va laisser vider son centre d'entretien", a-t-il averti, et qu'après, il soit trop tard.
"Denis Lebel doit rencontrer Air Canada et leur dire qu'il faut faire respecter la loi", a exigé le chef bloquiste Daniel Paillé, comme ses collègues de l'opposition.
Quant au représentant du syndicat, Serge Gélinas, il a cette solution pour régler les difficultés: "On demande qu'Air Canada reprenne ses anciens employés."