Il reste encore beaucoup de marchés à conquérir pour Air Médic. L'entreprise, qui offre des services médicaux aéroportés, veut décupler le nombre de membres pour atteindre un million d'ici 2025.
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Pour rentabiliser ses services, Christian Trudeau, président d'Air Médic, mise sur le modèle de l'Assocation canadienne des automobilistes (CAA), qui compte 6 millions de membres au pays, dont plus de 1 million au Québec. Tout comme les membres de la CAA apprécient de pouvoir bénéficier d'une assistance routière en tout temps, tout le monde pourrait voir l'intérêt de devenir membre d'Air Médic, considère l'homme d'affaires.
«Quand un problème grave survient, la vitesse d'intervention des services de secours est très importante. Si l'on veut être certain de ne pas avoir de séquelles après une blessure, il faut consulter un spécialiste en moins de 60 minutes», explique-t-il. Il fait ainsi référence à la «golden hour» dans le jargon du sauvetage. En transportant les blessés au bon hôpital à une vitesse de 300 km/h, l'entreprise peut faire toute une différence quand vient le temps de recoudre des doigts coupés, de réussir une greffe d'organe ou encore de sauver des vies.
Mise en marché agressive
Air Médic table sur une politique de mise en marché agressive pour recruter des membres en offrant des services à faibles coûts. Alors qu'un sauvetage en hélicoptère peut coûter plus de 20 000 $, elle propose une assurance annuelle au coût de 120 $ pour un individu et de 250 $ pour une famille. C'est ainsi que le nombre de membres est passé de 30 000 en mai 2013 à 108 000, des chiffres qui assurent aujourd'hui sa rentabilité.
Mais Christian Trudeau voit beaucoup plus grand. Après avoir rejoint la clientèle primaire dans les régions éloignées, il croit être en mesure d'aller chercher un million de membres en recrutant dans la grande région de Montréal et à Québec. «Avec la construction du pont Champlain et les travaux dans le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, le trafic routier va augmenter et les besoins de services médicaux aéroportés aussi», dit-il.
Dans plusieurs grandes villes modernes comme Londres, New York, Sydney et Toronto, les hélicoptères se déplacent au centre-ville pour accélérer les sauvetages.
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Contrats avec des entreprises privées
«Notre plus grand défi n'est pas de convaincre les gens, c'est d'entrer en communication avec eux, car de nombreuses personnes ne savent même pas qu'on existe», dit M. Trudeau, qui note au passage qu'une entreprise suisse offrant un service similaire, REGA, compte 2,5 millions de membres pour une population de 8 millions.
La croissance d'Air Médic passe aussi par des contrats avec des entreprises privées. Déjà, 200 entreprises comme des pourvoiries, des campings, des centres de ski, des mines, des compagnies d'éoliennes et forestières, qui représentent plus de 70 000 personnes, font partie de la clientèle cible de la société qui emploie une centaine de personnes. «Même une entreprise en plein coeur de Montréal pourrait être intéressée par notre service, pour l'offrir comme avantage social à ses employés, et s'assurer ainsi qu'en cas de problème, ils reviendront en bonne santé au travail le lundi matin», ajoute le président.
Air Médic est la seule entreprise québécoise à offrir des services de secours médicaux d'urgence directement aux particuliers. La PME a toutefois de la concurrence pour le service de transport interhospitalier en avion ou en hélicoptère, principalement pour déplacer des malades ou des blessés des régions éloignées vers les grands centres.
En raison du vieillissement de la population, le nombre de transports interhospitaliers dans les régions éloignées ne cesse d'augmenter. Certaines entreprises comme Pascan Aviation, Propair, Strait Air et Air Creebec veulent profiter de ce marché en croissance en signant des ententes avec le gouvernement ou directement avec les hôpitaux. Christian Trudeau croit qu'Air Médic se distingue du lot, car elle est «la seule entreprise uniquement vouée au transport médical et à l'évacuation. De plus, nous sommes les seuls à avoir de vrais avions-ambulances, qui servent seulement d'ambulances. Nos avions n'ont pas été fabriqués pour transporter des passagers.»
Après avoir connu des difficultés financières en 2008, François Rivard, le fondateur d'Air Médic, s'est associé à Christian Trudeau et François Huot, en 2012, pour restructurer l'entreprise de Brossard afin d'offrir un service plus rapide partout au Québec. L'entreprise, désormais privée, a investi 38 millions de dollars depuis 2013 pour acheter et transformer pour un usage médical deux hélicoptères et deux avions à la fine pointe de la technologie. Depuis mai 2012, Air Médic a effectué plus de 1 200 missions de sauvetage, dont 600 en 2014. Elle possède une dizaine de bases opérationnelles au Québec, de Beloeil à Radisson.
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