Primeur. L’Association québécoise du transport aérien (AQTA) se tourne vers Ottawa dans le but d’abolir la «taxe de 27$ par passager» qu’impose l’Aéroport de Québec aux transporteurs qui ne passent pas par son terminal, a appris LesAffaires.com. Considérant qu’elle s’est heurtée à des portes fermées, l’association présente cette démarche comme un deuxième recours.
Le regroupement a demandé à l’Aéroport de Québec, l’organisme sans but lucratif à qui Ottawa a cédé la gestion de l’aéroport Jean-Lesage, d’annuler les frais en attendant de trouver un compromis acceptable pour toutes les parties. « Ils ont refusé d’en discuter, déplore Éric Lippé, le pdg de l’AQTA. Ils nous ont dit : “notre décision, elle est prise et elle est bonne”. Avec cette absence de dialogue, il était difficile pour nous d’avancer. Nous avons rencontré certains intervenants politiques au fédéral afin de pouvoir leur en parler. »
En novembre, l’Aéroport de Québec a annoncé qu’à partir de janvier, elle demanderait des «frais d’aviation générale » de 27 $ par passager aux petits transporteurs aériens régionaux et aux écoles de pilotage qui n’utilisent pas son terminal. Ces transporteurs louent des terrains à l’Aéroport de Québec, mais leurs passagers transitent par les installations des différents transporteurs.
L’AQTA affirme qu’elle n’a pas été consultée. Elle considère que les « frais d’aviation générale » sont en fait des « frais d’amélioration portuaire » déguisés, soit le montant que paient les gros transporteurs qui utilisent le terminal. Plus simplement, elle croit que ces frais servent à payer pour un terminal que ses membres n’utilisent pas.
Dernier recours
L’association s’est inscrite auprès du Commissariat du lobbying du Canada au début du mois. C’est la firme Hill + Knowlton Stratégies qui a obtenu le mandat. « Nous vérifions l’autorité légale du gouvernement fédéral, admet M. Lippé. Nous croyons qu’ils peuvent agir. Ce sont eux les propriétaires. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de terres publiques, financées par l’argent public.»
L’AQTA espère que ses démarches forceront les administrateurs de l’aéroport à discuter. Les nouveaux frais que doivent payer ses membres alourdiront les dépenses d’exploitation déjà élevées de ces petites entreprises. Cela pourrait représenter un coût annuel de 3 M$ pour une quarantaine d’entreprises. « Nous voulons continuer de travailler ensemble, plaide M. Lippé. Nous devons absolument nous parler. »
Pascan aviation, un membre de l’AQTA, a décidé d’entreprendre séparément d’autres recours. Le transporteur qui dessert une quinzaine de villes québécoises vient de déposer une plainte devant la Cour supérieure du Québec afin de contester les frais. Les audiences commenceront le 5 février.
L’Aéroport se défend
Du côté de l’Aéroport de Québec, son porte-parole, Jonathan Trudeau, ne veut pas commenter les activités de lobbying de l’AQTA ou le dossier en général, maintenant que Pascan a porté le litige devant les tribunaux.
En décembre, M. Trudeau expliquait avoir adopté cette taxe par « souci d’équité» envers les transporteurs qui utilisent le terminal et qui payent des frais d’amélioration portuaire. Il a aussi invité l’AQTA à faire sa part, puisque ses membres génèrent 75% des mouvements aériens, mais seulement 4% des revenus de l’organisme sans but lucratif.
La tarification ne fait pas des mécontents que chez les petits joueurs. Les frais d’amélioration portuaire que payaient déjà les gros transporteurs sont majorés de 25$ à 27$ par passager en 2013.
Le Conseil national des lignes aériennes (CNLA) a écrit à l’aéroport de Québec en décembre pour dénoncer cette hausse, a révélé Le Soleil, qui a obtenu une copie de la lettre. Le CNLA a aussi critiqué la gestion des projets de rénovation de l’Aéroport de Québec.