Le président de Transat AT ne jette pas l’éponge. Mais Jean-Marc Eustache avoue avoir perdu à peu près tout espoir d’assister en 2012 au retour à la profitabilité de l’entreprise qu’il dirige.
«Oui. J’ai dit cela», a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait s’il n’avait pas prétendu le contraire, en mars, lors de l’assemblée annuelle de l’entreprise et de la présentation de ses résultats du premier trimestre.
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«C’est ce que je voudrais toujours. Et c’est ce que je pensais à l’époque. Mais je ne crois plus aujourd’hui que nous serons profitable cette année. Non. Avec les pertes enregistrées, ce sera difficile», a reconnu ce matin Jean-Marc Eustache au cours d'un appel conférence organisé à l’intention des analystes et de la presse financière.
Au cours de ce dernier trimestre, terminé le 30 avril 2012, Transat a subi une perte nette de 13,2M$, comparativement à un bénéfice net de 8,7M$ au même trimestre l’an dernier. Une fois exclus les éléments extraordinaires, la perte nette ajustée après impôts se creuse à 24,5M$, par rapport à celle de 0,6M$ il y a un an. Après le dévoilement des résultats, le titre perdait plus de 8 %.
La direction de Transat a dit faire des pieds et des mains pour redresser la situation dans laquelle est plongée et avoir bon espoir que les mesures prises depuis le début de l’année parviennent à donner des résultats encourageants.
Au cours des derniers mois, a expliqué la direction, Transat a réduit sa capacité de vol, remodelé son offre, annulé une douzaine de forfaits, revue sa grille tarifaire et modifié ses objectifs.
«L’heure n’est plus à la défense ou à la croissance de nos parts de marché. Notre focus est maintenant à la profitabilité et rien d’autres. Nous devons revenir à la profitabilité le plus rapidement possible»
Cela s’est traduit par l’examen attentif de chacune des routes que Transat offrait par le passé. «Celles qui n’étaient pas profitables –une douzaine- ont été éliminées ; ça a été aussi simple que cela», a lancé M. Eustache. L’entreprise a aussi dû renégocier ses facilités de crédit avec les banques et discuter avec les syndicats pour demander leur collaboration.
Mais avec un dollar fort, une clientèle stable, des concurrents (Sunwing, Air Canada, etc.) qui ne cessent d’accroître leur capacité, et des prix qui continuent de baisser contre toute logique apparente, le voyagiste ne cache pas que les temps sont durs.
Le président de Transat s’inquiète-t-il pour l’entreprise ? Pas du tout, a-t-il répondu, en rappelant être maintenant âgé de 64ans. «À cet âge, si j’étais inquiet ou fatigué, je prendrais ma retraite».
Il a ajouté que le fait qu’il se soit entendu sur des concessions avec l’association des pilotes et le syndicat des agents de bord de l’entreprise montrait à quel point les employés croient en l’entreprise et seraient prêts «à se battre jusqu’à la mort» pour assurer sa survie.
Depuis le début de la journée, le titre de Transat a perdu 0,32$, ou 7,34%, pour s’établir à 4,04$, peu après 12h30. Depuis le début de la semaine, son action a perdu 13,76% et de plus de 35% depuis trois mois.