Pour rendre la métropole plus attrayante à l’étranger, le président de Tourisme Montréal prie les Montréalais de mettre fin à leurs querelles linguistiques, qu’il qualifie de «futiles et farfelues».
«Ces chamailleries ridicules donnent une image troublante de Montréal à l’étranger», a prévenu Charles Lapointe, président de Tourisme Montréal, devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Ce dernier était invité à y prendre la parole mardi midi, à la veille de son départ de l’organisme de promotion touristique de la métropole, au terme de plus deux décennies de règne ininterrompu.
En 2012, Montréal aurait attiré 8M de touristes, dont 23% provenaient de l'extérieur du Québec ou du Canada. Ensemble, ces visiteurs auraient injecté 2,3G$ dans l'économie montréalaise et soutenu quelque 45 000 emplois. Cela, malgré la diffusion d'images de «manifestations violentes», les «allégations de corruption et de collusion» et «l'incessant Festival du cône orange» qui auraient tous nui à leur façon à la réputation de Montréal à l'étranger.
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«Montréal en ressort avec un oeil au beurre noir», a-t-il dit. Mais jamais autant, selon lui, que lorsque ses citoyens exposent au reste du monde la difficile gestion de la réalité linguistique de Montréal. Le cas récent du restaurant Buonanotte, à qui l'on reprochait l'usage de l'italien dans son menu, a servi d'exemple à son propos.
«Je me désole, a-t-il laissé tomber, de voir ces querelles un peu vides de sens autour de quelques mots en anglais sur la porte des toilettes d’un restaurant, ou d’un mot en italien sur le menu d’un autre restaurant.» Ce seul dernier épisode, maintenant connu sous le nom de Pastagate, aurait mérité à Montréal des carricatures peu élogieuses dans les journaux de toutes les provinces du pays, de ceux d'Angleterre, d'Australie et de Nouvelle-Zélande, notamment.
«Il y a parfois des incidents que j'appelle des chamailleries qui nous font apparaître ridicules. Or, moi je n'aime pas que Montréal ait l'air ridicule», s'est justifié Charles Lapointe, à la sortie d'une conférence où ce dernier a rappelé que l'identité de Montréal était le résultat d'une présence d'origine française, certes, mais également d'origines anglaise, écossaise et irlandaise.
«Protéger la langue française, je veux bien, a poursuivi l'ex-ministre fédéral (1974-1984) et président du conseil d'administration du Conseil des arts de Montréal. Mais pouvons-nous cesser ces querelles linguistiques futiles et farfelues et apprendre à collaborer dans l’intérêt du développement de notre métropole?»
Tourisme Montréal aurait accueilli 550 journalistes de partout dans le monde en 2012, un record. Le construction du nouveau pont Champlain, le 375e anniversaire de Montréal, l'agrandissement du Palais des congrès et la Cité d'archéologie et d'histoire Pointe-à-Callière, sont autant de projets qui profiteraient à ses yeux d'un tel effort de collaboration.
Citant l'historien et professeur Jocelyn Létourneau, de l'Université Laval, M. Lapointe a dit considérer Montréal d'abord comme un «laboratoire de l'interculturalité». Cette ville «n'est pas un lieu où les cultures se perdent, mais où elles se contaminent, se métissent, s'échangent, se frôlent, s'affrontent avec des emprunts et des transferts.»
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