L’industrie touristique de Québec doit se mettre en mode urgence pour rattraper son retard dans le développement de son offre touristique. Le président du conseil d’administration de l’Office du tourisme de Québec, Alain April, a secoué les entrepreneurs et les pouvoirs publics mardi midi devant la Chambre de commerce et d’industrie de Québec : la capitale ne peut plus se contenter de surfer sur la vague de son 400e anniversaire si elle veut accéder à un vrai statut de destination internationale.
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«Ce n’est pas qu’on s’endort, mais d’autres destinations sont agressives et nous soufflent dans le dos. C’est ce qu’il faut comprendre en regardant ailleurs dans le monde. Si on ne fait rien, on ne sera plus là en 2020, c’est clair !» a affirmé M. April, hôtelier qui préside également le c.a. de la Société du Centre des congrès de Québec.
Il a noté que la région accusait un recul dans la fréquentation touristique depuis 2008, l’année du 400e anniversaire de la ville de Québec. En fait, si on exclut 2008, année d’exception, le nombre de chambres vendues n’a progressé que de 1% et l’indice global d’activité touristique a diminué de 1% alors qu’il aurait dû progresser grâce à la reprise du tourisme à l’échelle mondiale.
«Actuellement, on ne participe pas à cette reprise. Le développement de notre offre, l’accessibilité à la région, les budgets qui sont investis dans la mise en marché ne sont pas suffisants. On accuse un sérieux retard !» s’est-il désolé pendant son allocution.
Pendant que les Barcelone, Sydney, Istanbul, Copenhague et Dubrovnik se hissent dans les destinations de choix, Québec peine à trouver les budgets pour offrir un service aussi simple qu’une navette entre son aéroport et son centre-ville. Il faudra trouver 600 000$ pour la mettre en service ; au début de 2013, espère-t-on.
Québec a des atouts évidents, à cause de sa beauté, de son histoire, de sa culture et de sa proximité avec la nature. D’ailleurs le réputé magazine Condé Nast Traveller la classait en 2011 comme première destination au Canada et sixième au monde. Mais pour faire le plein de touristes internationaux d’ici 2020, il lui faut miser sur des produits au fort potentiel d’attraction, incontournables et uniques.
Neuf projets majeurs d’une valeur de 1,2 G$ sont en cours de réalisation, que ce soit le projet du Massif de Charlevoix, l’agrandissement du Musée national des Beaux-Arts du Québec ou l’amphithéâtre. Mais il faut investir encore pour bâtir la capitale de l’hiver.
«Il faut développer une attractivité qui dépasse nos frontières. Il faut créer une synergie entre nos différents produits hivernaux et les intégrer dans une offre cohérente, facilement accessible», a souligné M. April.
Il souhaite également des investissements privés et publics pour bâtir Québec, ville branchée sur le fleuve. Prolonger la saison des croisières internationales est un objectif, organiser des événements aquatiques et mettre en valeur les rives du Saint-Laurent. La Promenade Samuel-de-Champlain devrait, selon M. April, être prolongée des ponts jusqu’à l’île d’Orléans.
«Il faut aussi des aménagements de type «harbour front» avec des cafés, des restaurants et des commerces qui rehausseront la qualité de l’accueil et de l’ambiance. Il faut la rendre vivante et trépidante.»
Enfin, le président du conseil d’administration de l’OTQ considère nécessaire d’être beaucoup plus actif pour attirer le tourisme d’affaires, qui ne représente que 9% des 4,7 millions de touristes à Québec.
«C’est nettement insuffisant ! Ils représentent 18% des recettes touristiques, donc deux fois plus en proportion que le nombre de voyageurs d’affaires. En affaires, il faut mettre l’accent sur ce qui est payant…»
L’industrie touristique emploie 21 000 personnes dans la région, ce qui en fait le deuxième employeur à Québec après les services gouvernementaux. Les recettes touristiques sont de 1,7 G$, ce qui placerait l’industrie au troisième rang des secteurs économiques les plus performants de la région. M. April a d’ailleurs regretté que cette performance soit peu reconnue par Québec International.