Même si beaucoup reste à faire, l’industrie touristique ne cesse de gagner en crédibilité auprès des acteurs économiques de la province. C’est l’avis de Paul Arseneault, nouveau titulaire depuis juin de la Chaire de tourisme Transat de l’École de gestion de l’UQAM.
Première chaire du genre à voir le jour au Canada, la chaire de tourisme de l’UQAM est devenue en vingt ans, par son rayonnement et sa notoriété, une rareté dans l’univers académique québécois.
Fort d’un budget de fonctionnement de 1,5M$, l’organisme créé par Michel Archambault, ancien sous-ministre du Tourisme, compte aujourd’hui à son emploi une vingtaine de professionnels de la recherche.
Malgré son importance au Québec, même l’industrie aérospatiale demeure à des années lumières d’une telle intégration dans les écoles de gestion universitaires de la province. L’aérospatiale est présente dans les facultés de génie, mais ce secteur est étrangement à peu près absent des facultés québécoises intéressées par l’économie, la gestion et le commerce international.
En matière d’exportation, selon Paul Arseneault, le tourisme figurerait d’ailleurs parmi les cinq plus grands importateurs de devises étrangères au pays, derrière l’aérospatiale et les matières premières.
Des obstacles
La grande différence tient à la concentration de larges parts de cette industrie au sein de grands acteurs de cette industrie, comme Bombardier et Pratt & Whitney. Malgré le nombre restreint d’entreprises, ces poids-lourds permettent à cette industrie de parler d’une voix forte.
L’industrie québécoise du tourisme compte elle environ 30 000 entreprises partout au Québec, dont 80% emploient moins de 15 personnes. «L’air de rien, ça complique les choses», estime M. Arseneault.
Le fait aussi que l’industrie soit répartie au sein de 22 régions touristiques différentes, alors que nul n’ignore que les deux tiers des recettes de l’industrie proviennent de seulement trois régions (Montréal, Québec et Tremblant) n’aide en rien.
De l’avis de M. Arseneault, il s’agit là d’un non sens qui montre que le tourisme a encore du travail à faire pour se faire reconnaître sur le même pied d'égalité que les autres industries du Québec. «Par exemple, dit-il, on ne demanderait jamais à l’industrie aérospatiale, comme on le fait avec le tourisme, d’être présente dans toutes les régions du Québec.»
Une offre en nette améloration
Cela dit, M. Arseneault demeure convaincu que le tourisme peut être un vecteur efficace de développement économique dans plusieurs régions éloignées des grands centres. L’offre touristique que l’on retrouve dans certaines d’entre-elles s’est d’ailleurs beaucoup améliorée depuis 20 ou même 10 ans.
«Des bonnes tables, avec du bon vin, comme on en retrouve aujourd’hui dans toutes les régions de la province, on n’avait pas cela il y a dix ans», se réjouit M. Arseneault.
L’engouement qu’ont eu les Québécois pour les «vacances au Québec» dans les années 1990 et 2000 y sont pour quelque chose. Leur émancipation, la perte de complexes et leur ouverture sur le monde, aussi.
Ce qui ne signifie pas que l’avenir se présente sans nuage pour l’industrie qui devra composer plus tôt que tard, comme toute autre industrie, avec les effets du vieillissement de la population et de l’attrait de plus en plus marqué de destinations étrangères pour les populations plus jeunes.
Un symposium, réunissant 250 spécialistes d’Amérique, d’Europe et d’Australie, organisé les 24 et 25 septembre prochains à Montréal à l’occasion du 20e anniversaire de la Chaire de tourisme, permettra d’y voir plus clair. Au programme, parmi d’autres thèmes: les différentes mesures d’évaluation économiques des attractions touristiques, et la contribution réelle de certains attraits au développement économique d’un pays.