On associe souvent festival à subventions et commandites, mais le directeur général du Festival d’été international de Québec s’est employé à montrer aux gens d’affaires que la société sans but lucratif qu’il dirige est une entreprise payante. Daniel Gélinas prononçait ce midi une conférence devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec et il a voulu faire tomber quelques mythes autour de la culture qui coûte cher.
Le FEQ, qui célèbre cette année ses 45 ans, est le plus important festival extérieur au pays. Il a accueilli l’an dernier 1,1 million de visiteurs en 11 jours et il a vendu 167 000 laissez-passer.
«On ne connaît pas d’autre événement dans le monde qui en vend autant. D’autres pourraient avoir ce succès s’ils avaient assez d’espace d’accueil, mais pour le moment, nous sommes au sommet», a noté M. Gélinas.
C’est toute une remontée par rapport à 2003, alors que le festival avait vendu 71 000 laissez-passer et avait perdu sa position de leader canadien, rattrapé par une vive concurrence.
Quand Daniel Gélinas a pris la direction générale du FEQ en 2002, il a d’abord cherché à contrôler ses dépenses pour ne pas faire sombrer l’événement. L’année suivante, il mettait en place un plan d’action prévoyant plus d’exclusivités, la présence de vedettes internationales et l’attrait d’un public plus jeune. La stratégie s’est avérée payante puisque les revenus tirés des laissez-passer ont grimpé de 0,8 M$ en 2003 à 8,8 M$ l’an dernier.
Les investissements dans le produit ont toujours rapporté. Ils ont presque triplé de 2004 à 2011, passant de 2,6 M$ à 8,1 M$. Le chiffre d’affaires a suivi presque la même ascension, grimpant de 8,4 M$ à 21,5 M$ dans la même période.
L’autre bonne nouvelle, c’est que la part des revenus autonomes du festival a progressé de 32% à 65% grâce à l’augmentation d’achalandage et à la hausse du prix des laissez-passer (de 15$ à 65$). Ainsi, la proportion du financement public, elle, a descendu de 34% à 16%, ce qui représente 3,4 M$ dans le chiffre d’affaires de l’an dernier.
«Mais on rapporte pas mal plus que ça en recettes fiscales, alors on est payants pour les gouvernements», a noté M. Gélinas, arguant au passage que les subventions ne servaient pas à payer les vedettes internationales, mais plutôt les arts de la rue, la musique du monde et les spectacles des artistes de la relève.
Une étude de SECOR a chiffré les recettes fiscales générées par le FEQ à 5,2 M$ pour Québec et 2,1 M$ pour Ottawa.
Les retombées économiques du festival, elles, sont évaluées à 25 M$, en excluant les dépenses des visiteurs locaux.
«Maintenant, ce qu’il faut faire, c’est de consolider notre positionnement et garder ce rythme-là. Et d’une certaine manière, c’est un peu facile parce que la musique se renouvelle par elle-même. Ce serait plus difficile de se renouveler si on était dans la pyrotechnie», a analysé le directeur du FEQ au cours d’une entrevue en marge de sa conférence.
La croissance ne pourra plus se faire à ce rythme fulgurant, mais Daniel Gélinas voit encore des possibilités de grandir même si le FEQ a choisi de limiter le nombre de ses laissez-passer pour ne pas nuire au confort des festivaliers. Il ne s’agit pas d’augmenter le nombre de scènes, mais plutôt de bonifier le volet des arts de la rue.
Autrement, la société sœur du FEQ, 3E, pourrait être appelée à prendre de l’expansion. Elle organise déjà des expositions, de même qu’un festival de musique à New Richmond en Gaspésie. Daniel Gélinas n’exclut pas exporter le savoir-faire de son équipe ailleurs au Québec.
La programmation du FEQ sera dévoilée le 23 avril et le prix des laissez-passer 2012 sera annoncé ce mercredi.