Le nouveau ministre délégué au Tourisme du Québec, Pascal Bérubé, n’entend pas laisser sans lendemain le débat qui a cours sur la crédibilité des études d’impact économique produites depuis des années dans l’industrie touristique du Québec.
Sans prendre d’engagement concret quant à l’orientation que le ministre prendra dans le dossier, son responsable de cabinet, Alexis Boyer-Lafontaine, a déclaré à LesAffaires.com que le ministère prenait acte des opinions exprimées depuis quelques jours et qu’il estimait les questions soulevées suffisamment importantes pour que le ministère ne fasse pas l’économie d’un minimum de réflexion sur les pratiques de l’industrie.
Profitant de la tribune que lui offrait un symposium organisé à Montréal, par la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM en début de semaine, l’économiste Jean-Marc Bergevin a déclaré que les études mises de l'avant par les organisateurs de grands événements touristiques, utilisaient des méthodologies douteuses qui avaient pour effet de surestimer les retombées économiques de leurs activités.
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Ce dernier rejoignait l’opinion exprimée à l’été 2011 par l’économiste Claude Montmarquette, le pdg du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) et professeur émérite à l'Université de Montréal. Ce dernier avait alors affirmé que les véritables retombées de l’activité produite par les membres du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI) n'atteignent pas plus de 10% des 321M$ de retombées qu’ils prétendaient, études à l’appuie.
Un comité sous surveillance
Le représentant du cabinet du ministre Bérubé, M. Boyer-Lafontaine, affirme qu’un comité en charge des questions méthodologiques au ministère du Tourisme du Québec a déjà été saisi des questions soulevées durant le symposium, des 24 et 25 septembre dernier. Ce comité, formé il y a plusieurs années, serait composé de représentants de Tourisme Québec, de l’Institut de la Statistique du Québec (ISQ), de Statistique Canada, du REMI et de Tourisme Montréal, notamment.
Ce comité doit se réunir au cours des prochaines semaines afin de discuter spécifiquement de ce sujet. La date de cette rencontre n’est pas encore déterminée.
«Nous sommes ouverts au dialogue et à toute amélioration de nos façons de faire, a assuré M. Boyer-Lafontaine à LesAffaires.com. Je ne peux encore vous dire ce qui ressortira des réflexions de ce comité. Mais vous pouvez être assuré que le cabinet compte suivre la question de près (…) On va le (le comité) surveiller.»
Selon le gouvernement du Québec, le tourisme serait le quatrième produit d’exportation de la province. Avec 11,4G$ de recettes touristiques estimées en 2011, ce secteur compterait pour 2,4% du produit intérieur brut (PIB) de la province et créerait de la valeur ajouté dans plus de 180 secteurs d’activité économique.
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