De plus en plus d'entreprises et d'organisations, dont la fonction publique fédérale, exigent que leurs employés séjournent dans des établissements qui ont des pratiques respectueuses de l'environnement. Petit tour de la province pour voyageurs écolos.
Le Delta Sherbrooke
Lorsqu'on pense hôtel vert au Québec, le nom de cet établissement vient spontanément en tête de liste. Sensible au gaspillage depuis 1998, le Delta Sherbrooke figure parmi les pionniers de l'hôtellerie québécoise, voire canadienne, à s'être doté de mesures pour recycler, réutiliser et revaloriser 100 % des matières résiduelles de l'endroit.
" Notre hôtel de 178 chambres sert de modèle au nouveau programme national de développement durable " Delta s'écologise ", qui sera lancé d'un bout à l'autre du pays en janvier 2011 ", souligne fièrement Pierre Poulin, directeur ventes et marketing de l'établissement.
Parmi les rares hôtels attestés ICI, ON RECYCLE niveau 3, l'établissement continue d'élaborer des mesures pour diminuer son empreinte écologique et celle de sa clientèle. À surveiller, la présence d'iPad au restaurant de l'hôtel pour remplacer les journaux du jour. Un projet de toit vert, en collaboration avec des étudiants à la maîtrise en environnement de l'Université de Sherbrooke, est en voie de se réaliser. Et les proprios de voitures hybrides disposeront bientôt d'espaces de stationnement gratuits.
Hôtel Gouverneur Le Noranda, Rouyn-Noranda
Principalement fréquenté par une clientèle d'affaires, cet hôtel de 71 chambres et suites de Rouyn-Noranda est le seul établissement de la région qui réponde aux critères du réseau RéserVert, le programme de reconnaissance en développement durable de l'Association des hôteliers du Québec. Une reconnaissance dont la direction de l'établissement est très fière, bien qu'elle avoue que seulement un voyageur sur cinq exprime sa satisfaction à cet égard.
" Le but n'est pas de convertir nos clients; nous voulons leur faciliter l'accès à des solutions environnementales. Et à eux de décider s'ils veulent y adhérer ou non ", dit Frédéric Arsenault, directeur de l'exploitation de l'Hôtel Gouverneur Le Noranda. M. Arsenault soutient que certains fossés existent entre la volonté et la possibilité d'agir.
À titre d'exemple, il avoue ne pas encore avoir trouvé le fournisseur idéal de produits hygiéniques personnels susceptibles de répondre à la fois aux normes environnementales et à celles d'un établissement 4 étoiles. En attendant, les surplus de savon et de shampoing que récupèrent les employés sont remis à des organismes de la région. Fait original, l'hôtel dispose de deux vélos qu'elle prête aux clients pour leurs déplacements en ville.
Holiday Inn Express, Saint-Hyacinthe
Détenteur d'une 5e clé verte et en voie d'obtenir sa certification LEED Argent d'ici mars 2011 (le premier du genre au Québec), cet hôtel maskoutain a fait du développement durable une stratégie d'affaires. Et ça porte fruit. Sans dévoiler le taux d'occupation, le directeur général de l'hôtel, Pierre-Gilles Gauvin, soutient qu'il surpasse grandement les attentes des promoteurs, à peine 10 mois après l'ouverture de l'établissement.
" Nous avons un taux de rétention très élevé auprès des voyageurs d'affaires, qui constituent 80 % de notre clientèle ", ajoute M. Gauvin, convaincu que la personnalité éco-responsable de l'hôtel fait toute la différence. Plusieurs fonctionnaires fédéraux et provinciaux de passage dans la région figurent d'ailleurs parmi les clients réguliers, précise-t-il.
Outre les mesures de réduction de consommation d'énergie et d'eau qui plaisent à la clientèle - particulièrement américaine, note M. Gauvin - le volet hypo allergène est très apprécié. Rappelons que les 94 chambres de l'hôtel sont dotées de planchers en bois, d'échangeur d'air haute performance (HEPA) et de matelas en fibres de bambou aux propriétés anti acariennes. L'hôtel dispose également de trois stationnements réservés aux voitures électriques, avec bornes de recharge.
Château Laurier, Québec
S'il y a un hôtel de la Capitale- Nationale auréolé de " vert ", c'est bien le Château Laurier. Couronné de 4 clé vertes par l'Association des hôtels du Canada et primé par le réseau québécois RéserVert, l'établissement de 234 chambres et suites de la Grande-Allée multiplie les gestes pour limiter son empreinte écologique tout en faisant du bien à sa communauté. La réduction de la consommation d'eau, l'achat de produits alimentaires locaux, l'usage de produits nettoyants et d'hygiène écologiques et québécois, l'aménagement d'une piscine d'eau salée et les ententes avec des banques alimentaires pour réacheminer les surplus font désormais partie du quotidien de l'hôtel, voisin des plaines d'Abraham." L'établissement remet également ses surplus de mobiliers et d'accessoires de literie et serviettes à de nombreux organismes de la région ", souligne Steeve de Champlain, directeur du marketing de l'Hôtel Château Laurier Québec. Sous sa thématique " Vert Le Plaisir ", l'hôtel porte également une attention particulière aux voyageurs d'affaires qui veulent poser des gestes concrets. En plus de vendre des billets de transport en commun à la réception, l'hôtel procure un podomètre à tous ses clients promeneurs.
Hôtel Intercontinental, Montréal
Ce n'est pas d'hier que cet hôtel du centre-ville montréalais adopte des pratiques vertes. Depuis son ouverture en 1991, on y recycle le papier. Mais tout se fait subtilement. " Plutôt que de mettre un bac bleu dans chaque chambre, la direction a opté pour une seconde poubelle dédiée au recyclage ", explique Sébastien Gagné, directeur de l'expérience de l'Hôtel Intercontinental.
Avec les années, et plus particulièrement depuis deux ans, d'autres actions ont contribué à la réduction de l'empreinte écologique. Achats de produits locaux, installation d'équipements dans les chambres qui consomment moins d'eau, dons de nourriture et de savons aux organismes de la région figurent parmi la longue liste.
De récentes rénovations de plus de 13 millions de dollars (M$) ont également permis à l'établissement d'installer des détecteurs de mouvements dans les espaces publics pour une meilleure gestion de l'éclairage et de la température. " La direction prévoit instaurer le même système dans ses 357 chambres à compter de janvier 2011 ", souligne M. Gagné. Parmi les autres gestes notables : la réutilisation des cartes magnétiques qui font office de clé. Afin de réduire sa consommation annuelle de 40 000 cartes, l'hôtel remettra 0,10 $ dès le 1er janvier à un organisme de charité par carte usagée rendue à la réception.
Auberge Godefroy, Bécancour
À l'Auberge Godefroy, de Bécancour, la portée des gestes verts se calcule davantage sur le plan de la satisfaction de la clientèle que sur celui des économies. Du moins pour le moment. Cet établissement du Centre-du-Québec, membre du réseau RéserVert, vient d'investir 2,5 M$ pour revamper ses 71 chambres et espaces publics.
La direction en a profité pour installer un système de détection de mouvement. Un investissement dont le rendement de l'investissement prendra de 7 à 10 ans, soutient Guy Boisclair, pdg de l'Auberge Godefroy. " Mais le fait de récolter plusieurs commentaires positifs démontre que nous allons dans la bonne voie ", ajoute-t-il. L'Auberge Godefroy est membre du réseau Hôtellerie champêtre.
Hôtel Le Francis, New Richmond
Ce petit hôtel gaspésien de 38 chambres qui borde la route 132 pourrait fort bien ne pas se soucier de toutes ces questions liées au développement durable.
Après tout, Le Francis est un des rares hôtels 4 étoiles dans la région à demeurer ouvert à l'année. Alors, écolo ou pas, l'hôtel accueillerait tout de même une importante clientèle d'affaires, doit plus d'un client sur deux. Mais voilà, la direction voit les choses autrement. Depuis plus de 10 ans en effet, un gestionnaire de l'énergie veille à la consommation énergétique de l'hôtel.Le système de chauffage par convection dans les chambres et l'utilisation d'un éclairage au sodium à l'extérieur de l'hôtel figurent parmi les premières initiatives mises en place... bien avant que le développement durable soit à la mode. Cela dit, l'hôtel continue de s'améliorer. Les travaux de rénovation en cours font en sorte que, déjà, le tiers des chambres du Francis est doté d'une plomberie peu gourmande en eau.
Motel Le Fabreville, Laval
En connaissez-vous beaucoup des établissements hôteliers qui versent tout près de 2 % de leurs revenus annuels aux organismes voués au développement durable ? C'est le cas de ce motel lavallois de 41 chambres et suites. Il faut dire que le propriétaire, Oury Dal Bianco, 36 ans, baigne lui-même dans le développement durable à l'année longue. Ce passionné d'alpinisme a créé le projet Marathon Vertical. Il grimpe des montagnes au profit d'organismes liés au développement durable, en l'occurrence Équiterre. Il en est à sa 3e expédition. En fait, sa 4e parce qu'il a recommencé deux fois l'ascension du mont McKinley, le plus haut sommet en Amérique du Nord.
Cet établissement recycle et paie la facture, car tout n'est pas gratuit à Laval. Les restes du petit-déjeuner sont compostés. " Nous fertilisons notre jardin, qui donne sur la salle à manger, grâce à notre compost maison ", souligne l'homme d'affaires qui, avec deux de ses collègues, escalade ces jours-ci le plus haut sommet européen, le mont Elbrouz, en Russie.
Hôtel Chicoutimi, Saguenay
Depuis les premières mesures vertes implantées en 2006, le développement durable est devenu le coeur de la mission de cet hôtel saguenéen. " Associé au programme Carbone Boréal de l'Université du Québec à Chicoutimi, notre établissement de plus de 80 chambres est l'un des rares hôtels québécois à proposer à tous ses clients de compenser leurs émissions de GES par l'achat d'arbres à la réception ", fait savoir Annie Tremblay, directrice des ventes et du marketing de l'Hôtel Chicoutimi. Elle tient à souligner que l'Hôtel lui-même, " zéro déchet ", " zéro carbone ", compense déjà ses GES en achetant plus de 3 000 arbres par année. Gagnant du Prix Développement durable de RéserVert en 2009, le complexe hôtelier saguenéen offre également un environnement sans tapis. Ainsi, toutes les chambres sont maintenant dotées d'un plancher en bois franc.
Autre caractéristique de cette destination, les savons offerts dans les chambres sont fabriqués sur place par la savonnerie artisanale L'Émoustillé. Des produits exclusivement végétaux, avec fragrance organique, sans gras animal et, bien sûr, biodégradables. L'aménagement d'une aire verte sur le toit de l'édifice est également projeté afin de diminuer davantage l'empreinte écologique de l'établissement. Le restaurant de l'endroit, le Rouge Burger Bar, fait une belle place aux produits locaux et éthiques dans son menu.
Château Cartier, Gatineau
Il n'est jamais trop tard pour prendre le virage vert. Le Château Cartier, à Gatineau, en est un bel exemple. Ce n'est que depuis un an que la direction de l'établissement a mis en place de meilleures pratiques environnementales. Mais que de chemin parcouru en 12 mois ! L'établissement de 128 chambres et suites, entièrement rénové il y a deux ans au coût de 3 millions de dollars, est le seul hôtel de la région outaouaise reconnu au sein du réseau RéserVert. Bien qu'il soit légèrement en retrait du centre-ville hullois, son domaine se trouve à proximité du réseau cyclable de la région (un des plus beaux au Québec !). Avis aux voyageurs qui auraient le goût de se rendre à leur rendez-vous d'affaires à vélo, Château Cartier travaille en collaboration avec un locateur de vélos.