Les révélations et les nouvelles enquêtes n’ont pas fini de s’accumuler au sujet de SNC-Lavalin, de l’avis même du pdg par intérim. Et elles pourraient continuer de coûter cher au géant montréalais du génie et de la construction.
«Bien franchement, après l’arrestation de Riadh Ben Aïssa, je serais très surpris que d’autres éléments ne fassent pas surface dans ces enquêtes», dit Ian Bourne en réponse à la question d’une analyste. Ancien grand patron de la multinationale au Maghreb, Riadh Ben Aïssa est incarcéré en Suisse pour corruption.
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Ian Bourne a remplacé fin mars l’ancien dirigeant Pierre Duhaime, parti après la révélation de paiements suspects de 56 millions de dollars à des agents commerciaux. L'ex pdg les avait autorisés à la demande de Riadh Ben Aïssa, contre l'avis du conseil et de la direction financière.
«D’autres enquêtes par d’autres organisations pourraient être initiées ou l’envergure des enquêtes en cours pourrait être élargie», a concédé Ian Bourne en réponse à une question d’un analyste. Il venait de mentionner les enquêtes de la Gendarmerie royale du Canada et de la Banque mondiale sur des contrats obtenus par l’entreprise dans plusieurs régions du monde, dont le Maghreb et le Bangladesh.
Le patron par intérim s'attend à ce que les événements précédant le départ de Pierre Duhaime «entraînent d'autres effets». «Nous y ferons face quand ils surviendront, si c'est le cas», a-t-il dit en anglais lors de l’assemblée avec les actionnaires.
D'autres coûts liés aux enquêtes
En réponse à une autre question d’analyste, le vice-président directeur et chef des opérations financières, Gilles Laramée, a de son côté précisé que les enquêtes internes et les indemnités de départs pourraient encore entraîner des coûts extraordinaires. «Nous travaillons sur certains éléments, alors oui, il pourrait y en avoir», dit-il.
Malgré son départ dans la controverse, après avoir autorisé les paiements suspects de 56 millions à des agents commerciaux non identifiés, Pierre Duhaime a pu empocher une indemnité de départ de 4,9 millions. Une décision critiquée par la Caisse de dépôt et placement du Québec, le deuxième plus important actionnaire de SNC-Lavalin, dans une lettre au président du conseil.
Avant le départ du pdg, le géant du génie et de la construction avait remercié en février Riadh Ben Aïssa et le vice-président Stéphane Roy, à cause de leur rôle dans les paiements suspects de 56 millions, attribués à des projets «auxquels ils ne se rapportaient pas», selon SNC-Lavalin.
Le pdg par intérim Ian Bourne a aussi mentionné que l’entreprise s’est séparée de quelques employés au Bangladesh, où la Banque mondiale a suspendu son financement pour le projet de pont Padma, auquel participait une filiale de SNC-Lavalin. L’organisation a ensuite suspendu ses financements pour tous les projets de cette filiale dans le monde.
Selon la Banque, une société détenue par un ministre du gouvernement bangladais avait discuté de commissions avec les firmes impliquées, dont SNC-Lavalin. La GRC a perquisitionné les bureaux torontois de l'entreprise en septembre dans le cadre de cette enquête.
En outre, des enquêtes sont en cours sur des contrats de SNC-Lavalin en Suisse, en Tunisie, en Libye et en Inde. Au Québec, les activités de la firme seront assurément scrutées à la loupe par l’Unité permanente anticorruption et la commission Charbonneau sur la construction, qui se penchent sur les liens entre les firmes de génie et de construction et le financement politique.