Plusieurs projets en cours ou à venir apportent un vent d'optimisme
1- Des incubateurs dans les grandes pharmas
En janvier, le Centre québécois d'innovation des biotechnologies (CQIB) lancera la phase 5 de son développement à Laval, grâce à un financement sur trois ans du gouvernement du Québec. " Nous allons élargir notre mandat aux sciences de la vie et aux technologies de la santé, afin de répondre aux besoins engendrés par l'émergence de nouveaux secteurs, comme les nanotechnologies ", dit Normand de Montigny, directeur du Centre.
Afin de favoriser la création d'entreprises, le Centre veut approcher de grands groupes pharmaceutiques en vue de développer des incubateurs à l'intérieur de leurs murs. Le CQIB possède déjà son propre incubateur, qui a permis à 33 jeunes pousses d'éclore à ce jour. " Nous voulons créer un environnement de démarrage à l'intérieur même des entreprises. Les grands groupes sont parfois trop lourds pour innover.
En créant un incubateur à l'interne, on éloigne l'innovation de la bureaucratie. Cela permettra aux grandes pharmas de nourrir leur pipeline de technologies sans avoir à bâtir leur propre infrastructure. " Des discussions sont en cours avec Pfizer et Merck. Le CQIB fournira l'accompagnement d'affaires ainsi que l'encadrement des gestionnaires.
D'autres initiatives verront le jour en région à Québec, à Rimouski, ainsi qu'à Sherbrooke. La formule permettra aux entreprises en démarrage d'accéder à des réseaux technologiques et financiers, notamment à des agents de brevet, une expertise concentrée à Montréal. Le CQIB prévoit lancer au moins trois ou quatre nouvelles entreprises par année grâce à cette formule.
2- Une carte génétique pour des médicaments plus ciblés
Le 19 octobre a été une journée mémorable pour l'équipe de CARTaGENE, car elle a recruté son 20 000e participant. Le projet vise à dresser une carte génétique du Québec, grâce à une banque de données et d'échantillons biologiques recueillis auprès de citoyens québécois âgés de 40 à 69 ans. "
Cette banque aidera les chercheurs à mieux comprendre comment les maladies se développent chez certaines personnes en fonction de leur environnement, leur alimentation ou leur style de vie, afin de mieux les éviter et de développer des traitements pour les guérir ", indique Bartha Maria Knoppers, directrice du Centre de génomique et politiques de l'Université McGill, qui pilote le dossier.Une fois menée à terme, cette banque permettra de développer une nouvelle génération de médicaments personnalisés plus efficaces. " Les entreprises devront revoir leurs façons de développer des médicaments, en fonction des caractéristiques des populations. C'est la médecine du futur ", précise la chercheuse.
Le projet québécois s'inscrit dans une plus vaste campagne qui vise à réunir 300 000 échantillons génétiques au Canada. Il fait également partie du consortium international PG3, fondé en 2003 à Montréal, qui regroupe une quarantaine de pays afin de favoriser la collaboration entre chercheurs du domaine.
3- Des partenariats entre la recherche universitaire et le privé
Les chantiers des futurs centres de recherche des grands hôpitaux universitaires montréalais vont bon train. Ces infrastructures dynamiseront l'industrie biopharmaceutique québécoise, croit Jacques Turgeon, directeur du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM). " L'industrie a besoin de personnel hautement qualifié et de plateaux techniques concurrentiels qui ne peuvent être développés que par des leaders internationaux. C'est ce que les futurs centres de recherche universitaires offriront à Montréal ", dit-il. La recherche en milieu hospitalier attirera aussi des chercheurs de haut calibre en leur donnant accès, sur un même emplacement, à de vastes cohortes de patients.
C'est vrai dans le cas du Centre de recherche du CHUM, qui regroupera à la fin de 2012 près de 1 500 chercheurs et des équipements actuellement dispersés dans six lieux.
4- Un corridor d'innovation entre le Québec et l'Ontario
Lors d'un forum sur l'industrie biopharmaceutique organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain au printemps dernier, Michel Audet, ancien ministre des Finances de la province, a relancé l'idée de créer un corridor d'innovation entre le Québec et l'Ontario. Les deux provinces ont signé une entente dans ce sens en 2007, a indiqué M. Audet, mais le projet ne s'est jamais concrétisé.
Ce rapprochement avec l'industrie biopharmaceutique ontarienne pourrait constituer une solution pour attirer des entreprises et du financement dans ce secteur. Le projet aurait l'avantage de créer une masse critique de ressources en R-D qui rivaliserait avec d'autres pôles aux États-Unis, en Europe et en Asie.
Les industries des deux provinces sont plus complémentaires que concurrentes : l'Ontario affiche une concentration d'entreprises dans le secteur du médicament générique, tandis que le Québec abrite davantage de petites sociétés innovantes qui créent des molécules.