Dans la foulée de ses efforts pour se refaire une virginité, le groupe SNC-Lavalin a annoncé lundi la mise en place d'un programme d'amnistie à l'échelle de l'entreprise pour encourager les employés actuels à signaler de possibles cas de corruption ou de pratiques anticoncurrentielles, auxquels ils pourraient avoir été mêlés directement ou indirectement.
« C'est important que nous fassions cela publiquement, afin que les gens réalisent l'impact de la mesure et peut-être qu'on pourra un jour servir de modèle pour d'autres entreprises », a expliqué Leslie Quinton, vice-présidente principale responsable des communications chez SNC-Lavalin, en entrevue avec La Presse Canadienne.
SNC-Lavalin affirme qu'il s'agit du premier programme d'amnistie instauré par une entreprise canadienne.
Afin d'être admissible à une amnistie, un employé doit déposer une demande auprès du chef de la conformité de SNC-Lavalin durant la période d'amnistie de 90 jours, entre le 3 juin et le 31 août 2013. Durant cette période, la compagnie assure qu'elle n'intentera aucune action en dommages-intérêts contre les employés qui collaborent pleinement et qui dénoncent franchement et volontairement toute infraction au code d'éthique et de conduite dans les affaires, et que ceux-ci ne seront pas congédiés unilatéralement.
Ce programme ne s'applique pas aux cadres du Bureau du président de la société ou de groupes du comité de gestion, ou à toute personne ayant profité directement d'une infraction aux règles d'éthique.
« En termes de leadership, c'est très important que la haute direction démontre une certaine responsabilité, a précisé Mme Quinton. Et on aimerait penser que la direction n'a pas besoin d'un programme d'amnistie pour déclarer s'ils ont trouvé quelque chose de répréhensible ou non. »
La porte-parole s'est bien défendue d'associer la démarche à une simple tentative de redorer le blason de l'entreprise.
« C'est très important que ceci ne soit pas un exercice en relations publiques. Nous avons véritablement réalisé de profondes améliorations dans notre façon de faire les choses », a-t-elle soutenu, revenant à l'idée de SNC-Lavalin comme modèle à suivre.
« Il n'y a aucune firme actuellement au Canada _ et peut-être même à l'étranger dans notre domaine _ qui a autant de programmes et procédures en place pour (lutter contre la corruption et la collusion). En termes de gouvernance nous sommes maintenant (...) probablement parmi les meilleurs au monde. »
Leslie Quinton affirme que les relations d'affaires n'ont pas été trop affectées avec les clients importants existants, mais elle reconnaît que l'entreprise est appelée à montrer patte blanche avec les nouveaux clients potentiels.
Cependant, du côté des anciens clients d'importance, SNC Lavalin s'apprête à se soumettre à un test majeur, celui de la Loi 1 du gouvernement Marois, surtout que l'octroi du contrat du mégachantier de l'échangeur Turcot sera bientôt en jeu.
« Il faut qu'on soit capables de démontrer que nous sommes capables de rencontrer tous les critères. Donc, si on est bannis ce sera autre chose mais on attend la décision », a déclaré Mme Quinton.
Malgré tout, elle affiche une certaine confiance lorsqu'elle amène la question sur le terrain de l'économie nationale. « Nous sommes persuadés qu'avec tout le progrès que nous avons fait, ce serait vraiment dommage de dire que nous ne sommes pas capables; si c'est pas nous autres, ce sera une firme étrangère. Est-ce qu'on veut encourager le savoir-faire québécois ou non? »
Or, le gouvernement Marois a clairement indiqué qu'il n'était pas question de laisser le nationalisme économique prendre le pas sur l'intégrité lorsque viendra le temps d'octroyer des contrats majeurs.
SNC-Lavalin est l'un des plus importants groupes d'ingénierie et de construction au monde, et un acteur majeur en matière de propriété d'infrastructures et de services d'exploitation et d'entretien. SNC-Lavalin a des bureaux dans tout le Canada et dans plus de 40 autres pays, et travaille actuellement dans une centaine de pays.
L'action de SNC-Lavalin à la Bourse de Toronto a progressé de 40 cents, lundi, pour clôturer à 41,19 $.