Les actionnaires du Groupe TMX refuseront de livrer sur un "plateau d'argent" l'exploitant boursier canadien à la société mère de la Bourse de Londres, a soutenu lundi le porte-parole du consortium Maple, Luc Bertrand.
L'ancien grand patron de la Bourse de Montréal, qui est aujourd'hui vice-président du conseil d'administration de la Banque Nationale, a même tracé un parallèle entre la transaction proposée par le London Stock Exchange Group (LSEG) et la vente de la multinationale québécoise Bombardier à des intérêts étrangers.
L'acquisition du Groupe TMX par le consortium Maple dans une transaction de 3,6 milliards $ _ ou 48 $ par action _ permettrait à des Canadiens de créer un "champion mondial", a plaidé M. Bertrand devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Selon lui, la métropole québécoise a beaucoup à gagner avec l'offre de Maple, un groupe formé de la plupart des grandes institutions financières canadiennes, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale (TSX:NA) et le Fonds de solidarité FTQ.
La Bourse de Montréal, propriété de TMX depuis 2008, est spécialisée dans la négociation de produits dérivés comme les contrats à terme.
À la même tribune, la semaine dernière, les grands patrons de TMX et du LSEG, Thomas Kloet et Xavier Rolet, avaient présenté leur projet comme une occasion d'"internationaliser" les marchés financiers canadiens, voyant dans la proposition Maple un "retranchement".
Lundi, Luc Bertrand a avancé que MM. Kloet et Rolet auraient beaucoup de mal à convaincre l'Autorité des marchés financiers du Québec et la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario de laisser tomber l'interdiction pour un actionnaire de détenir plus de 10 pour cent du Groupe TMX. Il a fait remarquer que la même règle s'appliquait aux banques canadiennes.
"Pourquoi devrions-nous abandonner un cadre réglementaire qui a si bien fonctionné pour nous et qui a littéralement fait du Canada l'envie du monde" pendant la crise financière de 2008? a-t-il lancé.
Les actionnaires ont jusqu'au 30 juin pour se prononcer sur le projet LSEG-TMX. Si la proposition ne recueille pas les deux tiers du poids des votes, elle sera rejetée.
Confiant
Au terme d'une série de rencontres avec d'importants actionnaires du Groupe TMX, dont 40 pour cent sont américains, M. Bertrand a dit avoir bon espoir de défaire le projet TMX-LSEG.
À ses yeux, la proposition Maple est plus avantageuse pour les actionnaires de TMX, et ce, tant à court terme qu'à long terme.
Le dirigeant a estimé que l'intégration verticale des activités de négociation et de compensation, comme le propose Maple, était plus susceptible de "créer de la valeur" qu'un regroupement transatlantique.
À preuve, a-t-il dit, les fusions NYSE-Euronext et Nasdaq OMX n'ont pas tenu leurs promesses, commandant aujourd'hui des valorisations inférieures à celles des Bourses intégrées de Hong Kong et d'Australie.
"Il est clair qu'il y a des limites dans ces grandes transactions transatlantiques, a-t-il insisté. (...) Si NYSE-Euronext avait été le grand succès que tout le monde prédisait, eh bien ce sont eux qui achèteraient Deutsche Bvrse aujourd'hui et non le contraire."
L'action du Groupe TMX a clôturé à 43,79 $ lundi, en hausse de 0,2 pour cent, à la Bourse de Toronto.