Charles Brindamour, pdg de l'assureur Intact, était conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires tenu le 29 mars, à Montréal. Il a répondu aux questions de notre journaliste Marie-Claude Morin.
LES AFFAIRES - L'an dernier, vous avez réalisé une transaction majeure en achetant AXA Canada pour 2,6 milliards de dollars (G$). Où en est l'intégration ?
Charles Brindamour - Nous respectons notre plan, y compris les 100 millions de dollars de synergies après impôts promis. Mais comme la priorité est le service, pour conserver les clients d'AXA, nous y concentrons notre énergie, plutôt que de chercher à dépasser les synergies prévues. Il faudra encore de trois à six mois pour bien évaluer la rétention des clients, mais c'est en ligne avec nos attentes.
L.A. - Vous dites ne pas aimer que les Québécois qualifient Intact d'assureur torontois. Pourquoi ?
C.B. - Les gens ne nous connaissent pas bien. Les racines de l'organisation viennent du Groupe Commerce, il y a plus de 100 ans. Sur nos 10 000 employés, 4 000 sont au Québec. Un élément encore plus important, c'est que nos équipes ne font pas que du service à la clientèle pour le marché local : plusieurs de nos secteurs névralgiques et de nos dirigeants sont ici, au Québec. Le président d'Intact Assurance a son bureau à Montréal, tout comme celui de belairdirect, qui travaille à Anjou en compagnie de la majorité de son équipe.
L.A. - Avez-vous des projets pour accroître vos activités ici ?
C.B. - Il n'y a pas de projet majeur, autre que celui de se concentrer sur l'intégration d'AXA. Nous avons rapatrié beaucoup d'activités au Québec à la suite de la transaction. Nous comptons maintenant 500 professionnels en informatique à Montréal et à Saint-Hyacinthe. Nos 12 G$ d'actif, dont les 3 G$ qu'AXA impartissait, sont gérés dans nos bureaux de Montréal, tout comme les risques, la finance, la trésorerie et une bonne partie du contentieux. Sans oublier notre équipe de plus de 100 actuaires au Québec, responsable de la R-D.
L.A. - Vous visez à stimuler l'expansion de belairdirect. Cela se fera-t-il à partir de Montréal ?
C.B. - Oui. Le coeur des opérations de belairdirect est à Anjou, dans l'est de Montréal. Nous avons des équipes de vente et de souscription en Ontario, qui est l'autre marché de belairdirect, mais la direction est ici. Nous aimerions développer les compétences de belairdirect ailleurs au Canada. Peut-être pas la marque, mais certainement ses compétences.
Nous envisageons aussi des acquisitions dans ce créneau [assurance sur le Web]. La grande partie de l'expansion serait coordonnée à partir de Montréal, mais nous aimons avoir une présence physique dans les marchés où nous opérons.
L.A. - La concurrence semble vive au Québec. Desjardins, entre autres, fait beaucoup de publicité dans l'assurance auto. Quel est le climat ?
C.B. - L'assurance est une industrie hautement concurrentielle, particulièrement au Québec. En assurance automobile, c'est probablement la province où la concurrence est la plus forte.
L.A. - Au point de parler de guerre de prix ?
C.B. - (soupir) C'est très agressif. La croissance au Québec à des prix adéquats dans ce créneau est très difficile. Comme il y a beaucoup de campagnes publicitaires, se démarquer coûte plus cher. Il y a de la concurrence sur le prix, mais aussi sur les produits, l'expérience client, etc. Chez Intact, nous essayons de concurrencer sur chacun des fronts, y compris le Web. C'est clair qu'avec la marque de commerce que nous développons, nous serons capables de générer de la croissance au Québec.
L.A. - Vous considérez que les changements climatiques constituent l'un des principaux enjeux de votre industrie. Pouvez-vous faire quelque chose pour en minimiser la portée ?
C.B. - Nous ne pouvons pas empêcher les catastrophes d'arriver, mais nous pouvons gérer nos coûts de façon supérieure. Par exemple, nous avons établi des équipes dédiées à la gestion des catastrophes naturelles, ce qui permet d'être plus près pour aider nos clients. Nous avons aussi organisé notre chaîne d'approvisionnement afin que, s'il y a un problème dans une région, nous ayons accès à celle d'une autre région, ce qui permet d'éviter une inflation importante. Nous misons aussi sur la prévention et des produits traitant chacun des périls séparément.
LE POULS DES ANALYSTES
Valeur boursière : 7,8 G$
10 acheter, 2 conserver, 0 vendre
En moyenne, les analystes voient le titre passer du cours actuel de 60,03 $ à celui de 68,30 $ d'ici 12 mois.
6,5 G$
Primes souscrites sous les enseignes Intact Assurance, AXA, belairdirect et Grey Power.
16,5 %
Part du marché canadien détenue par Intact.
13
Nombre de Québécois sur les 22 membres de l'équipe de direction. Parmi eux, on trouve Louis Gagnon, président et chef de l'exploitation.