Dans les débats entourant l’acquisition de sociétés québécoises par des étrangers, la Caisse de dépôt et placement du Québec n’est pas chaude aux arguments protectionnistes. Elle favorise le « développement économique » avant la « protection », a dit son pdg Michael Sabia, lors de la publication des résultats 2012.
M. Sabia a dévoilé les grandes lignes de sa pensée sur ce débat économique en revenant sur la tentative avortée d’acquisition de Rona par le détaillant américain Lowe’s, l’été dernier. Raymond Bachand, ministre des Finances du précédent gouvernement, avait mentionné que le détaillant avait une trop grande importance dans l’économie du Québec pour permettre une telle transaction.
« Il y a une distinction importante à faire entre le développement économique et la protection, a répondu M. Sabia. Notre rôle n’est pas de protéger. Notre rôle est de construire une économie prospère et le meilleur moyen d’y parvenir est de développer des entreprises qui ont du succès et qui s’étendent à l’étranger. »
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Pour Rona, en particulier, la Caisse est restée à son chevet, mais elle ne l’a pas fait dans une logique de protection, mais bien dans une logique d’investisseur à long terme par opposition au « court-termisme » une « maladie » qui affecte le milieu de l’investissement. « Nous gardons confiance dans le potentiel à long terme de Rona, commente le pdg. Nous croyons que nous pouvons régler ses problèmes. »
M. Sabia a souligné sa confiance en Robert Chevrier, le nouveau président du conseil d’administration, qu’il juge « extrêmement efficace ».
Fonds de protection (page suivante)
Fonds de protection
Dans le même ordre d’idées, M. Sabia a évité de se prononcer sur la possibilité de créer un fonds destiné à conserver les sièges sociaux au Québec. Il ne veut pas commenter une situation « hypothétique ».
Le gouvernement de Pauline Marois songe encore à la pertinence de créer un fond de 10 G$ afin de maintenir les sièges sociaux au Québec. Lors du dévoilement du dernier budget, Nicolas Marceau, ministre des Finances et de l’Économie, avait dit qu’il n’interviendrait pas dans les affaires de la Caisse. Le ministre s’est dit satisfait des investissements faits dans la province, mais avait gardé la porte ouverte à une intervention. La porte est toujours ouverte, selon les propos du ministre formulé à la fin février.
La Caisse a d’ailleurs réalisé d’importants investissements au Québec. Seulement en 2012, la taille de l’actif au Québec a augmenté de 11,9%, passant de 41,2 G$ à 47,1 G$. Parmi les transactions importantes, notons le soutien de l’institution à l’expansion de CGI et de Genivar à l’étranger.
M. Sabia a nié que l’accroissement des investissements de la Caisse au Québec soit le fruit d’une pression. « Non pas du tout, répond-il. Le développement économique du Québec fait partie de notre mandat. Nous n’avons pas d’obligations. Franchement, c’est une occasion. »
La Caisse a « un avantage concurrentiel » à investir au Québec puisque sa connaissance de l’économie québécoise est plus grande.