L'Industrielle Alliance vient de connaître son meilleur trimestre depuis la crise financière, mais l'assureur de Québec a dû poser plusieurs gestes pour faire face à un défi de plus en plus menaçant: la faiblesse des taux d'intérêt.
Au cours de la période qui a pris fin le 30 septembre, la firme d'assurance et de services financiers de Québec a enregistré des profits nets de 65,4 millions $ (78 cents par action), en hausse de neuf pour cent par rapport aux 60,1 millions $ (74 cents par action) dégagés il y a un an.
L'Industrielle Alliance a ainsi surpassé les prévisions des analystes, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 73 cents, selon Thomson Reuters.
Les primes et dépôts ont crû de 15 pour cent pour atteindre 1,44 milliard $. Pour les neuf premiers mois de l'année, ils sont en hausse de 31 pour cent par rapport à 2009 et de sept pour cent par rapport à 2007, le meilleur exercice qu'ait connu l'Industrielle Alliance dans son histoire.
Le rendement des capitaux propres, un indicateur de rendement clé dans le secteur financier, s'est chiffré à 12,6 pour cent pendant le trimestre, en baisse par rapport à celui de 13,5 pour cent enregistrés l'an dernier.
« Je pense que nous pouvons affirmer sans craindre de nous tromper que, la crise financière est bel et bien derrière nous », a déclaré mercredi le président et chef de la direction de l'Industrielle Alliance, Yvon Charest, au cours de la téléconférence portant sur les résultats trimestriels.
Le pdg a toutefois ajouté que la société ne pouvait pas se permettre de se « complaire ».
Plan d'action
C'est ainsi que, depuis quelques semaines, les dirigeants de l'Industrielle Alliance sont à mettre en place plusieurs mesures pour faire face à la baisse des taux d'intérêt, qui est susceptible de réduire sa rentabilité à long terme.
« Il s'agit d'une préoccupation pour nous, mais nous avons bon espoir que nous pouvons absorber ce recul (des taux d'intérêt) par le biais d'une politique prudente en matière de réserves », a affirmé M. Charest.
D'abord, l'entreprise compte augmenter de cinq pour cent la proportion de ses engagements à long terme qui seront appariés par des actions, dont le rendement est généralement plus élevé que celui des titres à revenu fixe.
L'Industrielle Alliance a également instauré un « programme de couverture dynamique » afin de mieux gérer le risque de marché lié à son produit de retrait minimum garanti. Enfin, l'entreprise a conclu une entente de réassurance visant à partager 60 pour cent du risque lié à son portefeuille de rentes assurées.
« Ces initiatives aideront à réduire le profil de risque de la société », a soutenu M. Charest.
La direction reconnaît que ces mesures accroîtront l'utilisation du capital de l'entreprise et qu'elles limiteront la flexibilité de celle-ci dans l'éventualité où d'autres difficultés surgiraient.
L'Industrielle Alliance a indiqué mercredi que, pour l'instant, elle s'attendait à ce que l'environnement de faibles taux d'intérêt n'ait « aucune incidence significative » sur ses résultats du quatrième trimestre.
L'analyste Tom MacKinnon, de BMO Marchés des capitaux, estime cependant que pour qu'il en soit ainsi, l'Industrielle Alliance devra puiser dans son excédent actuariel, qui a profité d'un taux de mortalité favorable au cours des dernières années.
M. MacKinnon prévoit par conséquent que les résultats du quatrième trimestre seront « compliqués ».
L'action de l'Industrielle Alliance a clôturé à 31,64 $ mercredi, en baisse de 0,2 pour cent, à la Bourse de Toronto.