Les propos de François Legault sur la faible confiance de la population envers l'industrie de la gestion de fonds ont choqué plusieurs conseillers.
Plus tôt mercredi, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a promis que si son parti était élu, il remplacerait le Régime volontaire d'épargne-retraite (RVER) par un nouveau régime administré par la Régie des rentes du Québec (RRQ). Selon lui, les Québécois sont «très suspicieux à l'égard du secteur financier» et ce n'est pas en confiant leur argent à des gestionnaires de fonds privés qu'on va «redonner confiance aux petits investisseurs».
«Quand on sait au Québec ce qui est arrivé avec les Vincent Lacroix, les Earl Jones et compagnie, je pense qu'on n'est pas prêts de retrouver la confiance de la population à l'égard des entreprises qui investissent les fonds des citoyens», a déclaré François Legault à la Presse canadienne.
Léon Lemoine s'est dit estomaqué par cette déclaration. «Ce sont des propos incendiaires qui viennent jeter un discrédit sur l'image des conseillers. Il vient mettre tous les conseillers dans le même sac alors que 99,8% des conseillers travaillent adéquatement», tonne le porte-parole du Regroupement indépendant des conseillers de l'industrie financière du Québec (RICIFQ).
Michel Boutin, président de Mérici Services financiers, trouve quant à lui décevante cette déclaration. «C'est simple d'esprit que de faire allusion que les gens dans les services financiers seraient tous des Vincent Lacroix ou des Earl Jones. Si j'avais aussi cette façon de penser envers les politiciens, je dirais que tous les politiciens sont des [escrocs]. Si on regarde ce qui se passe sur le plan politique, ça n'inspire pas confiance.»
Le planificateur financier de Brossard Jean Dupriez déplore également cette déclaration. «Ce n'est pas très correct. C'est négatif. Il ne rend pas de service à l'industrie», estime-t-il. Selon lui, cela faisait déjà quelque temps que ses clients ne lui posaient plus de questions sur les scandales financiers.
Léon Lemoine exige même des excuses du auprès des «conseillers qui travaillent très bien pour leurs clients». «Je vais utiliser son slogan, "C'est assez!" », ajoute-t-il.
Chiffres contestés, en page 2
Chiffres contestés
Par ailleurs, François Legault prétend que les frais de gestion très bas de la Caisse de dépôt et placement et de la Régie des rentes du Québec s'établissent environ 0,5 % des actifs gérés, soit «le quart de ceux du privé».
Plusieurs conseillers mettent en doute cette assertion. «De la gestion de portefeuille à 0,5 %, ce n'est pas la réalité, à moins qu'il n'achète que des obligations. La Caisse de dépôt doit se payer des gestionnaires et des bureaux eux aussi», dit Michel Boutin.
«[François Legault] devrait lire davantage d'états financiers. La RRQ facture d'autres types de frais. Il a simplifié de beaucoup. La Caisse de dépôt ne gère pas des milliards pour seulement 0,5 %», lance pour sa part Léon Lemoine.
En mars dernier, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) déclarait quant à elle, dans un communiqué, que la RRQ facturait des coûts de gestion de 0,8 %.
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